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Affichage des articles du février, 2024

La longanimité est l’incinérateur suprême de la souillure mentale

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  Lors de la première pleine lune de février (Māgha) suivant son éveil, le Bouddha prononça un discours devant 1250 arahants. Ce discours, connu sous le nom d'Ovāda Pātimokkha, résume les principes fondamentaux du Buddhadhamma et fournit ainsi à son auditoire une sorte d'aide-mémoire. La plupart des arahants entreprirent ensuite de propager le Dhamma dans différentes régions de l'Inde. La récitation régulière de l'Ovāda Patimokkha a maintenu une harmonie de base entre les différentes expressions du Dhamma qui ont évolué. Il est intéressant de noter que, parmi toutes les vertus que le Bouddha aurait pu choisir comme incinérateur suprême de la souillure mentale, il sélectionna la longanimité (Khanti). Il est très difficile de permettre à ce qui est inévitablement désagréable d'être ce qu'il est, sans s'efforcer de le détruire, de s'en débarrasser ou de le contrôler. Il est encore plus difficile d'empêcher l'esprit de se mettre en colère, d'être

Le sens profond de la vacuité

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  Dans le bouddhisme Theravadā, la vacuité n’est pas une entité métaphysique. Ce n’est pas une expérience qu’il faut vivre, il s’agit simplement d’absence. Par exemple, la Thaïlande est vide d’icebergs. La forme de vacuité la plus profonde est l’absence d’attachement à des idées de ‘moi’ et de ‘mien’. ‘Lâcher prise’ ne consiste pas à délaisser quelque chose, ce qui est un abandon, qui sera judicieux ou ne le sera pas selon le contexte et notre intention. Dans la pratique du Dhamma, ‘lâcher prise’ veut dire lâcher prise des pensées de ‘moi’ et de ‘mien’ qui se manifestent durant une activité ou une relation avec autrui.  Certains textes religieux disent que le monde fut créé par une déité il y a quelques milliers d’années. La plupart des textes scientifiques font remonter l’origine du monde au big bang. Selon le bouddhisme, le monde se crée à chaque instant oủ des pensées de ‘moi’ et de ‘mien’ surgissent dans l’esprit. Renoncer à prendre un quelconque refuge dans des pensées de ‘moi’ et

Soyons sur nos gardes

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  Lorsqu'ils commencent à étudier une nouvelle langue, les étudiants y découvrent généralement des sons qui n'existent pas dans leur langue maternelle. S'ils sont consciencieux, ils s'efforcent d'apprendre à prononcer ces sons, mais les sons difficiles ne sont pas toujours la cause la plus fréquente d'erreurs de prononciation (et donc de mauvaise communication) dans la nouvelle langue. Les erreurs de prononciation les plus négligées, celles qui s'améliorent rarement avec le temps, ont tendance à se produire lorsque les étudiants trouvent des sons similaires à ceux qu'ils connaissent. Ils supposent que le son étranger est fondamentalement le même que celui qu'ils connaissent et le prononcent comme tel. D'autres pensent que même s'il y a une légère différence, elle est insignifiante et peut être ignorée. Lorsque les étudiants viennent au bouddhisme depuis d'autres religions et cultures, ils découvrent des concepts nouveaux et difficiles. S&

L'amour sans objet

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  Par un soir de froid glacial dans la campagne anglaise, je me trouvais assis près d’un bon feu avec des amis à regarder la télévision. J’avais 19 ans. Tout d’un coup, j’ai senti une vague d’amour presque irrésistible me traverser. Il y avait une raison évidente à cela : mon bras enlaçait ma petite amie de l’époque, une jeune femme qui m’avait dit à de nombreuses occasions qu’elle était amoureuse de moi. Mais je revenais juste de ma première retraite de méditation de 10 jours et je commençais à apprendre à ne pas tirer de conclusions hâtives. Pour une raison ou une autre, je comprenais que ce sentiment n’était pas lié à la jeune femme à côté de moi.  Impulsivement, j’ai essayé de projeter ce sentiment vers la soeur de ma petite amie qui était en face de nous, et je pouvais le faire. Ensuite, j’ai essayé de le projeter vers son copain, et j’y parvenais aussi. Ensuite, j’ai projeté ce sentiment vers des fleurs qui se trouvaient dans un vase sur la table, et finalement, vers la télévisio

Sans foi aveugle, sans rejet aveugle.

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  À l'époque du Bouddha, un certain dragon (nāga) fut inspiré par les enseignements et prit forme humaine afin de devenir moine. Mais lorsque son corps reprit sa forme originelle durant son sommeil, la supercherie fut découverte et son ordination fut annulée. Le nāga, déçu, accepta la décision avec grâce. À la suite de cet incident, l'entretien rituel avec le candidat lors de la cérémonie d'ordination fut modifié pour inclure la question suivante : "Êtes-vous un être humain ?" En Thaïlande, en signe de reconnaissance de la foi des dragons, les laïcs en robe blanche qui se préparent à l'ordination sont appelés nāgas. On trouve dans les textes bouddhistes de nombreux types d'amanussās (êtres non humains). Pour la majorité des bouddhistes modernes, ces références peuvent être déconcertantes. Ces êtres semblent appartenir au domaine de la mythologie. Heureusement, l'existence des amanussās n'est pas un article de foi pour les bouddhistes, car le bouddh

Remédier au manque d’attention

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  Oublier ses lunettes ou les clés de la voiture peut être ennuyeux et vous faire perdre du temps, mais cela n’a pas d’impact majeur sur la qualité de la vie. Oublier ses principes, ses valeurs et aspirations spirituelles est beaucoup plus grave. Dans les enseignements du Bouddha, ce genre d’oubli est appelé ‘pamāda’ ou ‘manque de réflexion’. Dans le sens bouddhiste, la pleine conscience n’est pas seulement une connaissance claire et sans jugement du moment présent, mais veut dire garder en tête ses principes, ses valeurs et aspirations spirituelles sans les oublier, ne serait-ce qu’une seconde.  Voici une technique simple pour éviter la distraction dans la vie de tous les jours : dès que vous ressentez l’envie de saisir votre smartphone, arrêtez-vous. Que cela soit pour prendre un appel, vérifier vos courriels ou les réseaux sociaux, arrêtez-vous.  Inspirez profondément trois fois en pleine conscience.  Puis, prenez votre smartphone.  Avec ce moyen simple, la pleine conscience s’établ

La douleur et la souffrance sont deux choses différentes

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  Il est impossible pour un état mental malsain de coexister avec un état mental sain. C'est pourquoi le moyen le plus simple d'éliminer de l'esprit un état mental malsain est simplement de le remplacer par un état sain opposé. Les états mentaux malsains tels que l'agitation, la peur, l'anxiété, la colère, la dépression, l'apitoiement sur soi-même, sont déclenchés par la douleur physique. Pour un esprit non-entraîné, ces états mentaux malsains semblent faire partie de la douleur elle-même. Mais lorsque nous générons des pensées d'amour bienveillant, d'acceptation inconditionnelle de notre expérience actuelle, toutes les manières dont se manifeste la non-acceptation peuvent disparaître. Bien qu'une certaine douleur physique subsiste, une merveilleuse découverte a été faite : douleur et souffrance sont deux choses différentes.     Ajahn Jayasāro 03/02/24

Méditer malgré tout

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Un moine qui se promenait dans la campagne thaïlandaise décida de passer la nuit sur une colline, à quelques kilomètres d'un village où il avait l'intention de se rendre le lendemain matin pour demander l'aumône. C'était un endroit isolé et paisible. Il pensait qu'il convenait parfaitement à la pratique de la méditation. Mais la paix fut de courte durée. Vers huit heures, une musique forte résonna sur la colline depuis le village où une fête quelconque s’y déroulait. Des chants bruyants étaient accompagnés d'un rythme de tambour fort et insistant. Le moine se leva calmement de son siège et commença à pratiquer la méditation marchée. En marchant d'avant en arrière, il conçut un mantra qui se superposait au son des tambours : tam dee dee, dy pon dee dee ; tam dee dee, dy pon dee dee (faites-le bien, obtenez de bons résultats ; faites-le bien, obtenez de bons résultats). Le son dérangeant ne le dérangeait plus. Il faisait désormais partie de sa méditation. Ajah