Feuilles Jaunes

"Kamma" signifie action intentionnelle. Marcher délibérément sur une fourmi est un mauvais kamma. Le faire non-intentionnellement ne l'est pas. Dire délibérément un mensonge est un mauvais kamma. Dire quelque chose de faux en croyant que c'est vrai ne l'est pas. Délibérément réfléchir à des plans pour infliger de la souffrance à quelqu'un est un mauvais kamma. Faire l'expérience d'une pensée cruelle qui surgit et disparaît dans l'esprit ne l'est pas. La négligence est une zone grise. Prenons le cas d'une personne qui conduit sa voiture après avoir bu de l'alcool et qui heurte un chien. Il est vrai que cette personne ne crée pas le mauvais kamma de tuer délibérément un autre être vivant. En revanche, elle crée le mauvais kamma de décider de conduire alors qu'elle n'a pas la pleine maîtrise de ses facultés, et donc de mettre en danger sa propre personne et celle des autres. Le Bouddha a enseigné que l'essence du kamma est l

Le Bouddha soulignait souvent que ses enseignements à propos des différents royaumes de l'existence n'étaient pas fondés sur des croyances communément admises ou des principes philosophiques, mais sur une expérience directe. Il disait, par exemple, qu'il était capable de révéler comment les différentes actions volitives du corps, de la parole et de l'esprit conduisent à la renaissance dans divers royaumes célestes ou infernaux pour l'avoir "connu moi-même, vu moi-même, observé moi-même". Il considérait qu'il était vital que ses disciples aient confiance en l'existence d'autres royaumes. Quoi qu’il en soit, le Bouddha n'exigeait pas une foi aveugle en la matière. En effet, on retrouve ses critiques des fautes inhérentes à la foi aveugle tout au long de ses discours. Le Bouddha cependant encourageait vraiment à cultiver une assurance basée, au départ, sur la confiance en sa sagesse et sa compassion. On peut voir l'importance qu'il acc

Les personnes indignes de confiance se rétractent de leurs mensonges pas à pas. “C’est absolument faux. Je me sens insulté que vous puissiez penser cela de moi. » “Ce n’est pas vrai. Combien de fois encore ai-je besoin de le répéter ? » “Oui, alors, c’est vrai, mais seulement à un degré très limité. » “Je suis désolé de dire que c’est vrai, mais cela ne reflète en aucun cas qui je suis vraiment. » L’esprit sournois peut trouver des centaines de façons de donner une tournure plus positive à son comportement. “C’était juste une fois. Une seule fois.” “Je ne l’ai presque jamais fait. Très rarement.” “Je ne suis qu’un être humain.” “N’importe qui dans ma position aurait été tenté.” “En fait, je l’ai fait bien moins que beaucoup d’autres personnes.” “J'ai fait tant de bonnes choses. Pourquoi personne n’en parle ?” “Il est temps de passer à autre chose.” Les personnes intègres assument la responsabilité de leurs actes. Elles s’excusent sans réserve de la souffrance qu’elles ont causée. E

Il y a quelque chose avec la colère qui fait qu’elle semble être la réaction la plus appropriée face à des comportements ou des événements qui sont cruels, cruellement stupides ou stupidement cruels. L’émotion qu’est la colère semble nous donner le carburant nécessaire afin de maintenir la motivation de combattre l’injustice et l’oppression. Elle semble être la seule alternative à l’enfoncement dans la soumission et le désespoir. Se sentir en colère est la preuve que nous nous soucions des choses. Mais la colère est toujours une erreur, quelle que soit son origine. Elle prend sa racine dans une vue erronée du pourquoi et du comment les choses se produisent. Les actions qu’elle provoque produisent quelquefois des gains à court-terme, mais elles mènent toujours à de lourdes pertes à long-terme. La colère ronge presque tout ce qui est bon en nous. La colère nous précipite dans le piège de la pensée manichéenne. Elle alimente des idées de ‘nous’ et ‘eux’ qui sont la cause principale de tou

L'un des pouvoirs les plus sous-estimés au monde est celui de la familiarité. L'être humain peut se sentir indifférent en présence d'une grande beauté ou d'une grande horreur, simplement parce qu'il l'a vue de nombreuses fois auparavant ; les personnes complètement indifférentes à la violence cruelle ne sont pas des monstres. Ils sont simplement habitués à ce qu'ils voient et font. En nous permettant de nous habituer aux choses, la vie peut devenir un peu plus paisible. Mais c'est une fausse paix, obtenue en renonçant à une partie de ce qui fait de nous de véritables humains. Les sots cherchent à échapper à la tyrannie du familier en recherchant constamment de nouvelles expériences et sont donc sans cesse agités et insatisfaits. Les sages continuent à rétablir la conscience dans le moment présent. Ce faisant, ils conservent une appréciation toujours nouvelle de l'expérience. La paix qu'ils réalisent n'est pas le résultat d'un affaiblissem

La motivation de se libérer du monde Si vous faites une bonne action et que cette action devient largement connue, vous pouvez vous attendre à cinq types de réactions. 1.) L’appréciation et les louanges sincères 2.) L'appréciation et les louanges hypocrites 3.) L'indifférence 4.) La jalousie 5.) La colère et l'aversion  En nous préparant à une variété de réactions possibles, nous nous vaccinons nous-mêmes contre la déception et le sentiment d’avoir été blessé. Plutôt que de nous sentir déprimés par le peu de réactions du premier type que nous rencontrons, nous nous enseignons nous-mêmes : C'est le domaine de l'humain. C'est comme ça. Quelle chance que le monde ne soit pas rempli de personnes bonnes, bienveillantes et sages. S'il l'était, comment trouverions-nous la motivation nécessaire pour nous en libérer ?

  Hier, je suis arrivé en Angleterre et je suis allé rendre visite à mon seul oncle encore en vie. Il a 93 ans et son esprit est encore très vif. Bien qu'il vive seul la maison de sa fille est visible depuis sa cuisine et il a de nombreux amis. Chaque mur de sa maison et chaque étagère sont couverts de photos de famille. Il dit qu'en comptant les petits-enfants, les arrière-petits-enfants et leurs enfants, il y en a 51 en tout. Lorsqu'il se promène et que sa jambe lui fait mal, il passe en revue leurs noms un par un. Cela lui permet de ne plus penser à la douleur et d'entretenir sa mémoire. La fille de mon oncle appartient à un groupe chrétien. Il ne s'y est pas joint, mais depuis dix ans, il assiste une fois par semaine à une de leurs réunions. Il dit que ce qu'il apprécie dans ce groupe c'est qu'ils s'efforcent de vivre selon leurs croyances et qu'ils prennent soin les uns des autres.  Il dit qu'après la mort de sa femme, il a pensé que c&#

  L'effort juste constitue le sixième élément de l'Octuple Sentier. Le Bouddha explique l’effort juste de la manière suivante : L'effort de ne pas laisser émerger des états mentaux malhabiles non encore manifestés. L'effort d'abandonner les états mentaux malhabiles déjà manifestés. L'effort de développer les états mentaux habiles non encore manifestés. L'effort de maintenir et perfectionner les états mentaux habiles déjà manifestés. Dans la vie quotidienne, nous devons faire preuve d'adaptabilité et nous adapter de manière appropriée aux défis et aux opportunités offerts par chaque situation dans laquelle nous nous trouvons.  Ici, les états mentaux "habiles et malhabiles" couvrent tout le spectre des vertus et des souillures mentales. Notre effort peut consister, par exemple, à nous préserver de la colère lors d'une conversation difficile, ou à cultiver la parole juste. Dans la pratique de la méditation, nous choisissons notre environnement

Il y a quelques jours, j’étais assis dans le kuti de l’abbé d’un monastère de la forêt au sud de la Norvège. C’était un jour lumineux et sans vent. A travers la fenêtre en verre trempé du kuti, la forêt semblait complètement silencieuse et j’étais assis tranquillement à regarder ce silence. Après un moment, je suis devenu conscient d’un mouvement presque imperceptible. Je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une feuille, haut dans un arbre à ma droite. Quelques moments plus tard, à ma gauche, une autre feuille s’est mise à frémir. Au fil du temps, avec une vigilance détendue, j’ai remarqué d’autres petits frémissements, presque invisibles. Après quelque  temps, une légère brise a balayé la forêt et une myriade de feuilles y ont réagi.  Plusieurs jours plus tard, en Angleterre, une méditante m’a dit que son esprit accédait facilement au calme, mais qu’elle se demandait quoi faire après. Je lui ai dit que l’esprit est comme une forêt norvégienne.  Continuez à regarder.

Hier soir, j’étais assis dans le Hall de Dhamma d’un monastère bouddhiste Thaï en pleine campagne suédoise. Un certain nombre de femmes thaïlandaises et quelques-uns de leurs époux suédois me posaient des questions. Puis, une question vraiment profonde est arrivée à l’improviste : ‘je vous en prie, décrivez Nibbāna’. J’ai répondu que je ne le pouvais pas. Ce n’est pas possible de décrire avec des mots ce qui va au-delà du langage. La femme ne semblait pas satisfaite de ma réponse.  Alors, je lui ai posé une question à mon tour : ‘je vous prie de décrire le goût du pain’. Elle m’a répondu qu’elle ne le pouvait pas. Je lui ai dit que si elle ne savait pas comment décrire le goût de quelque chose d’aussi banal que le pain, c’était injuste qu’elle s’attende à ce que je puisse décrire le goût de Nibbāna.  J’ai expliqué que le Bouddha évitait de parler de Nibbāna. Il préférait mettre l'accent sur le chemin menant à sa réalisation. Je lui ai dit que c’est comme décrire le pain à quelqu’un