Articles

Affichage des articles du août, 2021

Smartphone

Image
Récemment, un moine est venu me demander conseil. Il avait terminé ses cinq premières années de formation dans un bon monastère de la forêt et avait maintenant l'occasion de relever le défi d'une pratique plus indépendante pour une certaine durée. Il m'a dit que sa sœur lui avait récemment offert un smartphone, et qu'il n'était pas sûr de savoir s'il voulait l'utiliser. J'ai souvent exprimé l'opinion que de nos jours, un smartphone entre les mains d'un jeune moine nuit plus aux normes des monastères que n'importe quel autre facteur. Cependant, ce moine avait plusieurs années d'expérience et voulait se tester, libre des restrictions et des protections de son monastère d'origine. Je ne voulais pas lui ôter ce choix. J'ai conseillé à ce moine de faire l'inventaire de tous les avantages et dangers qu'il voyait à sa pratique du Dhamma avec l'utilisation d'un smartphone. S'il pensait que les avantages étaient plus no

Trois bénéfices du samādhi

Image
La culture du samādhi présente trois bénéfices importants. Premièrement, elle augmente la force de l'esprit. Pour comprendre cela, on peut comparer la méditation avec l'utilisation d'une loupe pour concentrer les rayons du soleil. Ou, selon l'analogie du Bouddha lui-même, ça serait comme endiguer tous les affluents d'un ruisseau de montagne, stabilisant ainsi le courant et lui permettant de couler rapidement, balayant tous les débris qu'il contient. Deuxièmement, le samādhi apporte le bonheur et la quiétude. La relaxation, un profond sentiment de bien-être, la joie, la tranquillité - toutes sont le résultat naturel du lâcher-prise des pensées et des émotions négatives. Ce n'est pas tant que le bonheur a été acquis, mais plutôt que les obstacles que nous nous sommes créés ont été enlevés. Troisièmement, samādhi apporte la clarté et la finesse à l'esprit. Le Bouddha a comparé cela à la purification de l'eau dans un étang boueux. Une fois que les objets

Sati, sampajjañña, ātāpi

Image
Dans la pratique de la méditation, sati (la pleine conscience) est cultivée en lien avec sampajañña (la compréhension claire) et ātāpi (l'ardeur). Samādhi est le résultat du développement harmonieux de ces trois qualités. Ici, la pleine conscience veut dire à la fois 'se rappeler' et 'garder à l’esprit'. Lorsqu'on médite, on se rappelle les instructions pertinentes (par exemple : rester dans le moment présent ; ne pas prendre de plaisir dans les pensées ou souvenirs) tout en gardant l'objet de méditation à l'esprit. La pleine conscience fixe l'attention sur l'objet, sans lui permettre de devenir flou ou de s'échapper. La compréhension claire est un facteur de sagesse, une expression de la Vue Juste. Elle est éveillée, attentive au contexte, une attention de chaque instant à la présence ou à l'absence d'états mentaux sains ou malsains. L'ardeur est un synonyme de l'Effort Juste. C'est un engagement inébranlable, à chaque in

La colère vertueuse

Image
Habituellement, les fausses accusations font mal et suscitent l’indignation. Mais le Bouddha a eu l’occasion de montrer à ses disciples que se mettre en colère ou être contrarié par ceux qui critiquent injustement le Bouddha, le Dhamma et la Sangha, ne leur créerait que des problèmes inutiles. Il leur a demandé si tout en étant en colère, ils seraient capables d’êtres clairs et objectifs dans leurs arguments pour préciser en quoi les attaques ne seraient pas justifiées. Les moines ont dû admettre qu’ils ne le seraient pas. Le Bouddha leur a dit qu’avec un esprit calme ils devraient ‘démêler’ ce qui est faux et le démontrer comme étant faux en disant : "c’est pour cette raison que ceci est faux, ce n’est pas le cas, cette chose n’est pas en nous, elle ne se trouve pas parmi nous”. Une idée répandue dans la culture occidentale soutient que dans certaines circonstances, par exemple dans la lutte contre l’injustice, la colère peut être une vertu. C’est devenu courant de croire que la

Le Fleuve Jaune

Image
S'il n'y a pas de soi, comment peut-il y avoir le souvenir des vies passées ? Le Bouddha a répondu à cette question en faisant référence aux cinq khandas. Il a dit que lorsque nous nous souvenons de nos vies passées, nous nous souvenons simplement de formes, de sensations, de perceptions, de formations mentales et de consciences sensorielles passées. Ce point peut être plus facile à comprendre en comparant la vie à une rivière. Nous pouvons, par exemple, parler du Fleuve Jaune en termes des provinces qu'il traverse. Nous pouvons légitimement faire référence au Fleuve Jaune du Qinghai, le Fleuve Jaune du Shaanxi et le Fleuve Jaune du Shandong. Mais en fait il n'y a pas d'entité discernable, "Fleuve Jaune", coulant de la Cordillère de Bayan Har à la mer (et, en effet, point de réelle entité "province"). Le Fleuve Jaune qui peut être connu directement, c’est de l'eau, du limon, des cailloux, du sable etc. Nous pouvons parler à un niveau conventi

L'art de bien commencer

Image
C'est un art de bien commencer. Une bonne façon de commencer une session de méditation est de faire un rituel. S'incliner avec révérence et gratitude devant le Bouddha, le Dhamma et la Sangha, suivi d'un chant de quelques vers de dévouement et recueillement, nous aide à ressentir que nous sommes entrés dans un endroit spécial, celui où temporairement nous nous distancions des préoccupations mondaines. Au début de la session, il est bon de se rappeler la raison de notre pratique méditative - à savoir, apprendre comment abandonner les qualités malsaines, cultiver les qualités saines et libérer notre esprit de la souffrance et ses causes. Cette réflexion élève et donne de l'énergie à l'esprit. Mais parfois ce n'est pas suffisant. Pour prendre un bon départ , nous devons évaluer notre état d'esprit. Est-ce que la grossièreté, l'agitation ou la dépression sont toujours présents ? Si l'esprit manque de motivation et de zèle pour la méditation, ce défaut do

La juste mesure

Image
Quelle est la juste mesure ? Ni trop, ni trop peu. Connaître la juste mesure pour chaque chose est une des compétences les plus importantes dans la vie, mais elle est rarement reconnue comme telle. Bien entendu, il n'y a pas de réponse toute faite à la question. Tout dépendra de la personne et du contexte. Même pour une seule personne, dans différents aspects de sa vie, la juste mesure ne sera pas quelque chose de constant. De combien de nourriture avons-nous besoin ? De repos ? De divertissements ? Combien d'argent ? Combien d'affaires ? Il n'y pas de limites très claires et dans une société de consommation, la plupart des signaux que nous recevons, nous disent « plus c'est mieux. » Cela résonne avec notre instinct qui pense que ce qui nous rend heureux doit être bon pour nous. Afin de trouver la juste mesure ou la quantité optimale dans la vie, il est nécessaire d'entraîner notre esprit à être conscient des véritables besoins du corps et de l'esprit. Il es

À travers le monde du maïnae

Image
Étudiez la nature du changement Comme si votre vie en dépendait. (C’est le cas) Plus vous comprendrez l'impermanence Plus léger sera votre pas Plus aigu sera votre regard Sur le chemin À travers ce monde passager. Étudiez l'incertitude Comme si votre vie en dépendait (C'est le cas) Plus vous comprendrez 'peut être' Plus vous comprendrez 'peut être pas' Plus libres seront vos membres Plus adéquates seront vos actions Plus adéquates seront vos réponses Sur votre chemin À travers le monde du 'maïnae*'. Étudiez la causalité Comme si votre vie en dépendait (C'est le cas) Plus vous comprendrez les conditions Plus sage sera votre cœur Plus profonde sera votre gratitude Envers les guides sur votre chemin À travers ce monde de souffrance. Ajahn Jayasaro 07.08.21 *Maïnae : 'pas sûr' en thaï.

Un chemin libre et passionné

Image
  Dans le monde contemporain, qui met tellement l'accent sur l'autonomie personnelle, ce que les gens aiment et n'aiment pas a pris une importance inégalée. Et, ces jours-çi, beaucoup de personnes se définissent par rapport à leurs goûts. En fait, cela a toujours été plus ou moins le cas. Dans son premier discours, le Bouddha s'est référé à la souffrance qui vient de la séparation de que l'on aime et l'association à ce que l'on n'aime pas. Notre esprit est appauvri et rétrécit quand on regarde trop le monde à travers le prisme de ce qui nous plaît, de ce qui nous déplaît et de ce qui nous est indifférent. L'avidité est alimentée par nos préférences, l'aversion se développe à cause du dégoût tandis que l'indifférence fait croître la morosité et l'insensibilité. Mais les choses que nous aimons, que nous n'aimons pas, ou qui nous laissent indifférents, changent. Si elles changent, comment pourraient-elles être qui nous sommes réellement