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Affichage des articles du septembre, 2024

La méditation assise et en marche

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« Et comment un bhikkhu se dédie-t-il à l’état de veille ? À cet égard, un bhikkhu, pendant la journée, purifie l’esprit des états mentaux obstructifs en marchant ou en étant assis ; durant la première partie de la nuit, il purifie l’esprit des états mentaux obstructifs en marchant ou en étant assis ; au milieu de la nuit, il se couche sur le côté droit dans la posture du lion, plaçant un pied sur l’autre, en pleine conscience et doué de discernement attentif, ayant fixé son esprit sur la perception du lever ; durant la dernière partie de la nuit, il purifie l’esprit des états mentaux obstructifs en marchant ou en étant assis. » (AN 3.16.8) Cette phrase souvent répétée montre la place centrale que la méditation en marche occupait dans la purification de l'esprit à l'époque du Bouddha. La méditation en marche offre une alternative à la méditation assise lorsqu'il existe un obstacle à celle-ci, par exemple un problème de santé ou une somnolence intense L'alternance de pér

Les quatre Chemins de la Réussite

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Les enseignements du Bouddha sur les quatre Iddhipādas ou Chemins de la Réussite présentent différentes façons d'inciter l'esprit à créer les causes et les conditions nécessaires pour atteindre ses objectifs. Le premier iddhipāda est chanda (désir). Il s'agit ici d'exploiter le pouvoir du plaisir. Nous essayons de rendre les choses amusantes, agréables. Nous transformons l'apprentissage en un jeu. Nous nous observons et nous nous disons : "C'est si agréable !" Mais tout ne peut pas être rendu plaisant, ou du moins pas tout le temps. Avec le deuxième iddhipāda, l'effort (viriya), nous cultivons l'amour du défi, de la mise à l'épreuve. Lorsque des obstacles se présentent, nous ne nous contentons pas de nous effondrer. Nous sommes stimulés par l'idée de relever un défi et de le surmonter. C'est l'une des valeurs clés que les enseignants inculquent aux jeunes enfants de l'école avec laquelle je travaille à Bangkok. Pour certaine

Incarnez le Dhamma

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  Un moine aîné m'a récemment rapporté qu'il avait été victime d'abus sur internet à propos d'un enseignement qu'il avait donné. Le ton de sa voix pendant qu’il me racontait cette histoire était régulier et naturel. J’ai immédiatement compris que la raison pour laquelle il me racontait cela n'était pas pour se défendre ni pour se défouler. Il considérait simplement que toute cette affaire était instructive. Tout impact sur lui ou sur sa réputation était accessoire. Ce qu'il voulait me démontrer, c'était les conséquences d'un travail d'érudition bâclé.  Souvent, c’est en voyant les enseignants incarner le Dhamma que j'ai le plus appris dans ma vie, plus même qu'en écoutant leurs discours. La critique, en particulier la critique injuste, est difficile à assumer. C'est une bénédiction d'être en présence d'une personne dont l'esprit est tel que les mots durs qui lui sont adressés se dissolvent dans le vide, comme s'ils ava

Prendre conscience de la nature fragile, insubstantielle et superficielle de l'existence non éveillée

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  Nos occupations frénétiques émoussent nos facultés. Nous devenons émotionnellement affectés par de nombreuses choses qui sont sans importance, et nous restons insensibles aux choses qui sont très importantes. Le Bouddha comparait les facultés des êtres humains à celles des chevaux de pure race. Il expliquait que les meilleurs chevaux courent sous la menace du fouet, les moins bons courent dès qu'ils sentent le fouet toucher leur peau, les chevaux de niveau inférieur ne courent que lorsqu'ils sentent la douleur du fouet, et les plus médiocres ne courent que lorsque le fouet les transperce jusqu'à l'os. Pour les bouddhistes, la réalité de la souffrance et de la mort humaines est le fouet qui peut leur inspirer un sentiment d'urgence à pratiquer sincèrement pour atteindre la libération. Pour beaucoup, le changement ne se produit que lorsqu'ils sont eux-mêmes affligés par la souffrance ou confrontés à une mort imminente. D'autres sont tirés de leur insouciance

Les principes bouddhistes et les obstacles

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On me pose des questions très variées sur le Dhamma. Je réponds à certaines de manière catégorique, à d'autres par une réponse plus nuancée, à d'autres encore par une contre-question, et à d'autres enfin en les laissant de côté. L'une des questions les plus fréquentes commence par ces mots : « Comment trouver un équilibre entre.... ». Très souvent, je me retrouve à souligner que l'idée d'équilibre ou de déséquilibre entre des forces contraires n'est pas toujours la meilleure métaphore pour comprendre ce qui se passe dans nos vies. Récemment, une étudiante m’a demandé comment elle pouvait concilier sa quête d'excellence académique et l'adoption des principes bouddhistes. Ma contre-question fut la suivante : « Quels sont les principes bouddhistes qui, selon vous, nuisent à la recherche de l'excellence et qui devraient être sacrifiés ? »  Dans ce cas, c’était une caricature des principes bouddhistes qui posait problème, et non les principes eux-même

L'idée d'un monde objectif

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L'idée d'un monde objectif est puissante, mais ce n'est que ça, une idée. Les caractéristiques particulières du cerveau humain et des organes sensoriels conditionnent ce que nous concevons comme étant séparé de nous. Pour nous, humains, la vue est le sens prédominant et notre idée du monde en est profondément affectée. Dans nos yeux, trois "cônes" nous permettent de percevoir ce que nous appelons le rouge, le vert et le bleu, mais les oiseaux ont quatre ou cinq cônes et sont sensibles à la lumière ultraviolette, ce qui leur permet de percevoir des couleurs que nous ne pouvons pas percevoir. Donc comment pouvons-nous croire que ces couleurs existent objectivement ? Considérons, par exemple, à quel point le monde dans lequel vivent les éléphants est différent du nôtre. Leur odorat est si développé qu'ils peuvent détecter une source d'eau jusqu'à 20 km de distance. Ils peuvent entendre et produire des infrasons (atteignant des fréquences aussi basses que

Reconnaître notre progrès dans le Dhamma

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Jīvaka Komārabhacca était le médecin du Bouddha. Les textes du Canon pāli racontent que peu après sa naissance, sa mère, une courtisane, l'abandonna dans une décharge. Plus tard ce même jour, le prince Abhaya de Magadha passa près de la décharge et, remarquant quelque chose d'inhabituel, ordonna à l'un de ses serviteurs d’enquêter. Informé que le paquet suspect était un bébé, il demanda s'il était encore en vie et reçut une réponse affirmative. Le prince Abhaya décida alors d’élever lui-même l’enfant et lui donna le nom de Jīvaka, « celui qui est vivant ». Jīvaka étudia ensuite la médecine à la grande université de Taxila sous la direction d'un professeur appelé Ātreya. À la fin de ses études, Ātreya lui fit passer un test. Il lui demanda de parcourir la campagne autour de l'université et de recueillir des échantillons de toutes les plantes non médicinales. Jīvaka revint au crépuscule les mains vides et déçu. Mais Atreya était rayonnant. Le fait que Jīvaka n’ait

Les doutes concernant le niveau de samādhi

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Les méditants ont souvent des doutes concernant le niveau de samādhi requis pour assurer la stabilité et la clarté d'esprit nécessaires à la contemplation des trois caractéristiques que sont anicca, dukkha et anattā. La réponse se trouve dans la question. Si un méditant est capable de contempler ces trois caractéristiques sans être distrait, alors le niveau de samādhi est suffisant. S'il n'est pas en mesure de maintenir l'attention sur la contemplation, le niveau de samādhi est insuffisant. Dans ce cas, le méditant doit revenir à son objet de méditation initial. Il n'est pas nécessaire de s'engager dans de nombreuses discussions théoriques sur ce sujet. Cela tend à se terminer par des disputes sans résolution, chaque partie citant les textes de son choix ou des interprétations différentes d'un même texte. Examiner les textes pertinents permet de lever les doutes concernant le Vinaya. Mais en mettant l'accent sur l'expérience directe, on élimine les d