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Porter à l'esprit et garder à l'esprit

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La pleine conscience consiste à porter à l'esprit et à garder à l'esprit. Dans la vie quotidienne, lorsqu'une situation le demande, nous évoquons un précepte. Par exemple, au cours d’une conversation, une envie de mentir est immédiatement suivie par le souvenir de notre engagement à ne pas mentir, et est donc abandonnée. La fréquence à laquelle ce rappel survient précisément au moment où nous en avons besoin est conditionnée par notre capacité à garder notre engagement à l'esprit. Ainsi, notre conscience du moment présent est informée par nos préceptes, et ceux-ci deviennent réels grâce à notre conscience du moment présent. Un autre exemple : pendant la méditation, nous gardons notre objet à l’esprit, et, au bon moment, nous nous souvenons des conseils de nos maîtres. Des paroles pleines de sagesse peuvent également être évoquées avec beaucoup d'efficacité. Lorsque l'esprit tombe dans le piège de vibhava tanhā (“Je ne veux pas de ça !”, “Pourquoi moi? Va-t'e...

L’exercice de l’attention

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La pleine conscience, comme un muscle, se renforce grâce à un exercice fréquent. Cela a pour effet d’atténuer nos réactions conditionnées au flux constant de ressentis de plaisir, de déplaisir et d'indifférence. Alors qu'auparavant nous nous accrochions automatiquement aux sensations agréables et repoussions les sensations désagréables, la pleine conscience nous offre désormais un espace. Dans cet espace, nos valeurs peuvent s'affirmer et nous sommes en mesure de faire des choix en harmonie avec elles. L'action sage remplace les réactions dues à l'ignorance. Le Dhamma est « sanditthiko », vérifiable. Nous pouvons voir par nous-mêmes l'apparition des résultats d'actions volontaires antérieures dans l'esprit. Nous pouvons également constater qu'ils n'ont pas besoin d'exercer un pouvoir sur nous. Ils ne sont pas notre destin. Plutôt que des commandements, ils sont reconnus comme des invitations. Moins nous sommes attentifs, plus notre vie est dé...

Une carte fiable pour traverser le chaos

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  Le Bouddha a révélé de nombreuses vérités éternelles (akālika) sur la façon dont les choses sont. Il a également enseigné des moyens habiles de réaliser ces vérités, qui sont aussi pour la plupart éternelles, mais qui peuvent parfois être spécifiques à l'époque et au lieu où il vivait. Comment les différencier ? Un indice peut être trouvé dans ses références au futur. Le Bouddha n'a pas fait de prophéties. Mais il a parlé des causes et des conditions de l'épanouissement et des causes et des conditions du déclin du Sangha. Il est clair qu'il s'agit, par définition, de facteurs durables et qui ne se limitent pas au cinquième siècle avant notre ère en Inde. Par exemple, le Bouddha a enseigné que les facteurs nécessaires au bien-être à long terme des communautés monastiques incluent des réunions fréquentes et régulières au cours desquelles les affaires du Sangha sont menées en harmonie, le respect des règles de formation (sans rien ajouter ni retrancher), le respect d...

Sīla

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Sīla se distingue des autres codes moraux par certaines caractéristiques uniques : 1.⁠ ⁠Les préceptes bouddhistes ne sont pas des commandements. Il n’y a pas de concept de créateur divin ou d’inspecteur qui récompense le respect des préceptes et punit les transgresseurs. 2.⁠ ⁠Chaque précepte doit être pris volontairement, en reconnaissant à la fois sa valeur en tant qu'outil éducatif de la conduite, ainsi que la souffrance pour soi-même et pour les autres susceptible de se produire si on ne le respecte pas. 3.⁠ ⁠Sīla ne peut être bien pratiqué que s'il s'accompagne d'un entraînement du cœur, en particulier le développement des vertus de la pleine conscience, la bienveillance et la patience (khanti). 4.⁠ ⁠Sīla est souillé si le respect des préceptes entraîne un sentiment de supériorité envers ceux qui ne les respectent pas. 5.⁠ ⁠Sīla est souillé si l'on observe les préceptes avec l’intention de gagner une renaissance céleste. 6.⁠ ⁠L'observance des préceptes doit ...

La question n’est pas de devenir rien

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Récemment, j'ai discuté avec quelqu'un qui arrive à la fin d'une carrière prospère et enrichissante. Il m’a dit qu’il se sentait plus motivé que jamais au travail, mais que, à la maison, il était devenu sujet à des épisodes de dépression. Nous avons discuté de la manière dont l'identification à un rôle rend la séparation douloureuse. J’ai aussi parlé de l'équilibre entre le sentiment d'être quelqu'un et celui de n'être personne. À la fin de notre échange, il semblait plein d'énergie et me dit qu'il allait essayer d'apprendre à n'être personne. Je lui ai répondu : « Non, ce n'est pas ce que je vous ai dit. La question n’est pas de devenir quelque chose, ni même de devenir rien. Il s'agit de se transformer en ce qui est déjà et a toujours été ». Nous pouvons être conscients des formes et des sons, du chaud et du froid, du goût et de l'aversion, du plaisir et de la souffrance, etc. Chaque chose connue possède ses qualités distinc...

Renoncer aux petits plaisirs

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Un jour, le Bouddha parla de moines qui se plaignaient de certaines des choses auxquelles il leur demandait de renoncer. Leur attitude était la suivante : « J'ai déjà renoncé à tant de choses, je n'ai sûrement pas besoin de renoncer aussi à ce petit plaisir ». D'autres moines considéraient les choses difficiles à abandonner comme des bagatelles et les abandonnaient en raison de leur foi en la sagesse et la compassion du Bouddha. Leur attitude était la suivante : « J'ai déjà renoncé à tant de choses, je peux aussi renoncer à ce petit plaisir. » Le Bouddha comparait les premiers moines à des cailles attachées à des lianes creuses et pourries, confrontées à la mort. Les lianes pourries sont pour eux comme des jougs solides. Les moines du second groupe sont comparables à des éléphants royaux qui peuvent rompre les solides liens de cuir qui les retiennent simplement en se tordant. Pour eux, les courroies robustes ne sont rien de plus que des lianes pourries.  Si votre maison...

Quitter le foyer

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Dans toute l'Asie, les gens quittent leur famille à la campagne pour aller travailler dans la capitale, voire à l'étranger, parfois pendant plusieurs années. Cela s’avère difficile pour tous, mais la quête de la richesse dans une terre lointaine est souvent considérée comme le moyen le plus efficace d'assurer la prospérité future de leur famille. Il y a un parallèle avec le renoncement du Bouddha. Il quitta sa demeure pendant sept ans avant de revenir avec un don bien plus précieux pour sa famille : la richesse spirituelle. Il put aider son père et sa belle-mère, sa femme et son fils à devenir arahants, ainsi que des cousins tels que les Vénérables Ananda et Anuruddha. On a reproché au Bouddha d'avoir abandonné sa famille au milieu de la nuit. Cependant, la version traditionnelle avec les danseuses endormies, un dernier regard à sa femme et à son fils, n’apparaît pour la première fois que dans le poème épique Buddhacarita d’Asvaghosa, composé plus de cinq cents ans ...

Nous nous prosternons

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Même avec des enseignants qui se soucient tant de nous et nous offrent tant d’enseignements sages, nous trouvons notre progression sur le chemin lente et difficile. Combien plus difficile serait-elle sans enseignant ! Et comme il est merveilleux que le Bouddha ait atteint l’éveil seul ! Il a totalement éliminé toute souillure mentale, atteignant la perfection et la vertu absolues, la sagesse et la compassion sans que personne ne lui montre le chemin. C’est pour cela que nous nous prosternons à ses pieds. Même parvenir à expliquer des choses très simples aux gens que nous connaissons et que nous aimons peut être un véritable défi. Comme il est merveilleux que le Bouddha ait réussi à transmettre les enseignements les plus profonds par des mots qui touchent le cœur des gens du monde entier depuis plus de 2600 ans ! Pour son habileté, sa patience et son enseignement du Dhamma, nous nous prosternons à ses pieds. Même fonder une famille, une organisation ou un institut qui perdure et prospèr...

Renoncer aux attachements

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  Renoncer aux attachements semble intimidant parce que nous avons l'impression qu'il nous est demandé de renoncer à des choses qui nous procurent beaucoup de plaisir, ou, du moins, plus de plaisir que de souffrance. Si nous persistons à voir les choses ainsi, le renoncement au sens bouddhiste du terme n’est pas possible. Le véritable renoncement ne peut se produire qu’en voyant les choses clairement. En observant encore et encore notre esprit, nous réalisons qu’en réalité, le plaisir que nous tirons de nos attachements est bien moindre que ce que nous pensions, et la souffrance bien plus grande. Lorsque nous voyons cette vérité avec un esprit paisible, nous nous débarrassons de nos attachements sans regret. Ajahn Chā disait qu’il en est de même que pour un pêcheur qui attrape un serpent venimeux dans un filet en le prenant pour une anguille. Dès qu'il réalise son erreur, il le lance aussi loin que possible. Ajahn Jayasāro

Comment récupérer un trésor

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Un jour, Ajahn Chah a dit à ses disciples : « C'est comme si nous mettions la main dans un trou pour récupérer un trésor. Lorsque nous n'arrivons pas à atteindre le trésor, nous disons : « Je ne peux pas. Le trou est trop profond. » Tout le monde dit que c’est de la faute du trou. Jamais personne ne dit qu’il a le bras trop court. De même, lorsque nous nous plaignons que le Dhamma est trop difficile, c'est simplement que notre effort n'est pas suffisant.  Bien que nous ne soyons pas capables de rallonger notre bras, nous pouvons améliorer la qualité de notre effort. Si notre vie est précieuse, chaque instant de celle-ci doit l'être aussi. Plus nous verrons clairement à quel point chaque instant de cette naissance humaine est précieux, plus il nous semblera naturel de faire des efforts dans la pratique du Dhamma. Ajahn Jayasāro

Abandonner les états mentaux négatifs

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La plupart des gens ont tendance à considérer le bonheur comme quelque chose à poursuivre et à atteindre. C'est pourquoi, d'une façon ou d'une autre, il semble toujours se situer dans le futur. Nous nous disons : « Dès que j'aurai fait ceci ou accompli cela, je serai heureux. » Mais en méditant, nous découvrons que le bonheur profond peut être vécu dans le moment présent, lorsque nous abandonnons les états mentaux négatifs qui enveloppent l'esprit. Dès que nous réalisons que ces états mentaux négatifs ne sont plus présents, nous ressentons une grande joie et un grand sentiment de bien-être. Le Bouddha compara ce bonheur à celui que ressent une personne qui s'affranchit de ses dettes, qui guérit d'une maladie grave, qui est relâchée de prison, qui est libérée de l'esclavage, qui retrouve le chemin de la sécurité après s'être égarée dans le désert. Ajahn Jayasāro  

La tête et le cœur

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  Lorsque nous agissons, sachant que nos intentions sont pures, il est facile de devenir négligent. Nous pouvons ainsi ignorer les réactions des gens qui indiquent un doute, un malaise ou un désaccord. Nous allons de l’avant, persuadés que nous faisons une bonne chose. Mais si nous ne recevons pas le soutien attendu et que nos efforts sont vains, nous pouvons nous décourager et voir diminuer notre volonté de faire le bien dans le monde. Bien sûr, les bonnes intentions sont essentielles. Toutefois, elles doivent être accompagnées d'attention et de sagesse. Nous devons prendre en considération le côté pratique et la méthode. Nous devons être conscients du temps et du lieu. Nous devons anticiper les objections et être prêts à y répondre. Nous devons envisager les conséquences à court et à long terme, et explorer d'autres plans possibles. Pour que nos bonnes actions soient efficaces et durables, la tête et le cœur doivent être de bons amis et de bons alliés. Ajahn Jayasāro

Donner et recevoir

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Un jour, peu après mon arrivée au Wat Pa Pong, j'étais assis avec un groupe de moines et de novices, lorsqu'un autre laïc occidental, que j'appellerai Barry, vint offrir au moine le plus aîné un cadeau joliment emballé. Le moine reçut le présent, le mit de côté et reprit la conversation. Je voyais bien que Barry était déçu. C'était un homme généreux et il aimait se rendre dans la ville voisine pour acheter des cadeaux pour les membres du Sangha. Plus tard, il partagea avec moi sa peine face au manque de gratitude du moine.  Le lendemain, le moine me dit que, selon lui, il avait donné à Barry l'occasion de gagner du mérite. Il n'est pas approprié pour un moine d'ouvrir un cadeau devant le donateur et d'exprimer sa gratitude, car cela rendrait son geste trop personnel et mondain. Le moine exprime son appréciation, anumodanā, pour le mérite acquis. Il ne remercie pas pour un beau présent. Les paroles de Barry, ses manières et ses attentes évidentes lorsqu...

L'entraînement de l'esprit

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  Le Tisikkhā, la triple formation/éducation bouddhiste, correspond au Noble Octuple Sentier de la manière suivante : Sīla, l'entraînement de la conduite et de la parole, inclut la Parole Juste, l'Action Juste et les Moyens d'Existence Justes. Samādhi, l'entraînement de l'esprit, inclut l'Effort Juste, la Pleine Conscience Juste et le Samādhi Juste. Pañña, l'entraînement à la sagesse, inclut la Vue Juste et l'Intention Juste. Il est important de noter que le mot samādhi dans le triple entraînement revêt un sens plus large que dans l’Octuple Sentier. La nature holistique du triple entraînement peut être observée dans le respect des préceptes. Sīla n'est réalisé que lorsque nous entraînons notre conduite et nos paroles de manière qu'elles soient propices à l'entraînement de l'esprit et à l'entraînement à la sagesse. Suivre aveuglément les règles par désir de récompense ou par crainte de punition dans cette vie ou la prochaine ne constit...

Demeurer dans le bonheur de la solitude

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On affirme parfois que le Bouddha et ses grands disciples, au fil des siècles, ont considéré le rôle des bouddhistes laïcs comme de simples pourvoyeurs de soutien matériel pour le Sangha. Les suttas ne soutiennent pas ce point de vue. Voici un extrait d'un discours dans l'Anguttara Nikaya :  À un moment donné, le Seigneur s'adressa à Anathapindika et à sa grande suite : « Maîtres de maison, vous avez offert au Sangha des Bhikkhus des robes, de la nourriture, des logements, ainsi que des médicaments et des provisions pour les malades. Vous ne devriez pas vous contenter de cela. Vous devriez également vous entraîner ainsi : « Comment pouvons-nous de temps en temps entrer et demeurer dans le bonheur de la solitude ? » AN 5.176.  La « solitude » dans ce contexte est « cittaviveka », la séparation qui se fait entre l'esprit et les obstacles pendant la méditation. Les avantages de cultiver la méditation à ce niveau sont également exposés dans le sutta. Les méditants sont temp...

Entretenir la pleine conscience

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Imaginez que vous possédiez une voiture coûteuse garée devant votre maison (c'est peut-être le cas !). Elle suscite l'admiration et une certaine jalousie de la part des passants. Chaque fois que vous la regardez, vous ressentez un sentiment de plaisir. Et puis, un jour, il y a une urgence. Vous devez vous rendre rapidement quelque part, peut-être même à l'hôpital. Mais vous ne trouvez pas la clé de la voiture. C'est la catastrophe. Par la suite, vous remarquez une tendance : plus vous avez besoin de la clé, plus elle est difficile à trouver. Notre connaissance du bien et du mal, du vrai et du faux, de l'approprié et de l'inapproprié, toutes les paroles sages que nous avons assimilées, peuvent être solides, mais c'est comme une voiture coûteuse. Lorsque nous traversons une période de crise, il arrive souvent que cette connaissance ne soit pas à notre disposition. Elle ne nous soutient pas. Pourquoi ? Parce que nous ne parvenons pas à trouver la clé à temps. E...

Il n’y a personne qui soit toujours blamé ou toujours loué

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Un homme et son fils partirent en voyage. L'homme dit à son fils de monter sur l'âne pendant qu'il marcherait à ses côtés. Plus la journée progressait, plus ils entendaient de critiques de la part des gens qu'ils croisaient sur la route. « Regardez ce garçon. Il a l'air en bonne santé et pourtant il reste assis sur l'âne et laisse son père marcher. C'est typique des jeunes d'aujourd'hui. Ils ne respectent pas leurs aînés ». Le garçon commença à avoir honte. Il insista pour que son père échange sa place avec lui. Après un certain temps, les critiques reprirent. « Regardez-moi ça ! Le pauvre garçon doit marcher pendant que son père reste assis sur l'âne ». L'homme commença à se sentir mal à l'aise. Il dit : « Il vaut mieux que nous marchions tous les deux. De cette façon, personne ne pourra nous critiquer ». Au bout d'un moment, ils entendirent les gens qu'ils croisaient sur la route dire : « Regardez ces imbéciles. Ils marchent tou...

Nous ne sommes pas propriétaires de nos souillures

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  La croyance selon laquelle nous serions propriétaires de nos états mentaux, ou qu’ils feraient partie de nous, peut facilement être réfutée en reconnaissant le peu de pouvoir que nous avons sur eux. Quand les gens se plaignaient à Ajahn Chah de leur colère, il disait "Vraiment ? Alors montre-la-moi."  Dans le cas de la colère, de l’avidité, de la jalousie, etc., il est clair que nous ne pouvons pas produire en nous de tels états mentaux par un acte de volonté. Il doit y avoir des conditions favorables. Il n’est même pas vrai que les souillures sont tapies en nous comme des animaux en cage, attendant l’occasion de se libérer. Ce serait comme croire que des tempêtes se cachent dans le ciel, attendant qu'une chute de pression atmosphérique, etc., les libère.  Lorsque les gens se lamentent en confessant avoir de nombreuses souillures, ils sont pris dans une humilité illusoire. Nous ne possédons pas ces choses. Simplement, nous leur permettons d’être. Et nous n’y sommes pas ...

Voir nos accroches

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  Voyageant dans l'Inde rurale durant mon adolescence, j'ai constaté que la façon dont les gens pouvaient s'attacher à un vélo d'occasion ou à une vieille radio cabossée n'était pas différente de la façon dont les personnes en Angleterre s'attachent à leurs voitures ou à leurs chaînes hi-fi. J'en conclus que, de même qu'un gaz se répand pour remplir le récipient qui le contient, un attachement non contrôlé s'adapte à tout objet à sa disposition.  La vie monastique est conçue pour optimiser les conditions extérieures favorisant l'effort nécessaire à libérer l'esprit de l'addiction aux plaisirs des sens. Mais cette vie monastique n'est pas austère au point d’empêcher toute possibilité de se livrer aux plaisirs sensuels. Il y a toujours quelque chose qui peut devenir un objet d'attachement. C'est la nature dukkha de notre vie. La valeur du mode de vie simple d'un monastère est que le nombre d'objets possibles auxquels on ...

Entretenir une relation saine à l'ambiguïté et l'incertitude

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J’aimerais suggérer qu'une des clés pour une vie heureuse est d’entretenir une relation saine à l'ambiguïté et l'incertitude. En fait, plutôt que d'être une source d'irritation ou d'anxiété, un doute sans réponse peut parfois être perçu comme un gain : deux options pour le prix d'une. Au cours de ma première année de vie monastique, j'ai passé quelques mois dans l'un des petits monastères affiliés à Ajahn Chah, situé dans la campagne d'Ubon. Il y avait un certain nombre de jeunes novices dans le monastère à cette époque et ils me donnèrent une bonne opportunité de pratiquer la patience (c'est du moins ce que je m'efforçais de faire). Un jour, inévitablement, hélas, ma patience atteignit ses limites et, lors d'une promenade avec l'abbé, je me plaignis à lui. Je lui dis que, selon ma compréhension de notre rôle de moines de la forêt, nous devions être un bon exemple pour les laïcs en ce qui concerne la manière d'être attentif et...

Les valeurs que nous communiquons à nos enfants

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Le Bouddha n'a pas enseigné que les parents révèlent le monde à leurs enfants ; il a enseigné qu'ils leur révèlent un monde. Il serait peut-être plus clair de dire qu'ils leur présentent un monde. Qu'ils le veuillent ou non, ils transmettent leur vision du monde et leurs valeurs. Ils le font en montrant à leurs enfants ce qui les intéresse, par la manière dont ils occupent leur temps, par ce qu'ils louent et admirent, ce qu'ils critiquent et n'aiment pas. Par conséquent, leurs enfants grandissent dans un monde qu'ils perçoivent comme dur et égoïste, par exemple, ou un monde dangereux, ou encore dans un monde où les gens s'épanouissent grâce à l'entraide.  Les louanges et les reproches adressés aux enfants eux-mêmes sont particulièrement puissants. La plupart de ces critiques, bien qu'elles soient généralement bien intentionnées, sont psychologiquement naïves. Au lieu d'atteindre l'objectif de motiver les enfants à effectuer des cha...

Conserver la fraîcheur de l’esprit

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Il y a quelques jours, j'ai eu la chance de visiter un monastère abritant de magnifiques fresques datant de plusieurs centaines d'années. Afin de préserver ces peintures pour les générations futures, seuls cent visiteurs sont admis chaque jour. La salle du sanctuaire qui abrite ces peintures est maintenue dans l'obscurité. Une guide nous montra les peintures murales en pointant les éléments significatifs à l'aide d'une petite lampe de poche. Je pus apprécier la compétence et le dévouement des peintres qui réalisèrent ce chef-d'œuvre. Je ressentis également de la reconnaissance envers tous ceux qui contribuèrent à la préservation de ces fresques, malgré les vicissitudes sociales et politiques des siècles passés. Je réfléchis également à la façon dont les commentaires de notre guide avait enrichi  notre expérience, elle nous indiquait et mettait en contexte des détails subtils que nous n'aurions pas remarqués. De retour dans notre véhicule, cette dernière réfl...

La tentation de s’écarter des préceptes

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Lorsque des personnes recommandent de s’écarter des préceptes dans certaines circonstances, en invoquant la flexibilité, la sensibilité au temps et au lieu et permettent à la compassion de prendre le pas sur une adhésion rigide aux règles et aux conventions, cela peut sembler sage et mûr. Cependant cela repose sur une mécompréhension du rôle des préceptes dans la pratique du Dhamma. Les préceptes nous fournissent des limites claires, qui résistent à nos rationalisations. Nous parvenons sans peine à trouver des excuses pour nos actions et nos paroles imprudentes, à les présenter sous le meilleur jour possible, à les faire paraître raisonnables ou inévitables. Nous sommes tellement doués pour cela et c'est un tel danger pour nous que, sans dévotion aux préceptes, notre pratique stagnera. Il ne peut y avoir de transgression d'aucun des cinq préceptes, quelle qu'en soit la justification, sans agir avec une intention malsaine grave. Les intentions qui conduisent à enfreindre l...

Dirigeons notre attention judicieusement

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Certaines caractéristiques des choses dont nous faisons l'expérience par l'intermédiaire des sens sont plaisantes et nous attirent. Une attention fréquente et imprudente (ayoniso manasikāra) à ces perceptions agréables et attrayantes conduit à l'émergence d'un désir sensuel dans notre esprit, ainsi qu'à l'amplification et à l’accroissement de ce qui est déjà présent. Certaines caractéristiques des choses dont nous faisons l'expérience par l'intermédiaire des sens nous déplaisent et nous repoussent. Une attention fréquente et imprudente à ces perceptions déplaisantes et répulsives conduit à l’émergence de l’aversion dans notre esprit, ainsi qu'à l'amplification et à l’accroissement de ce qui est déjà présent. Il arrive que l'énergie mentale soit faible, qu'il y ait de la léthargie, des bâillements et de la fatigue après les repas. L'attention fréquente et imprudente que l'on y porte conduit à l’émergence d'un esprit terne et so...

Les pensées à la porte de l’esprit

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  Les pensées peuvent être divisées en deux catégories : les pensées initiales et les pensées proliférantes. Les pensées initiales apparaissent soudainement dans l'esprit, généralement parce qu'une impression sensorielle a provoqué un souvenir. Ces pensées sont inoffensives en elles-mêmes. Puisqu'elles surgissent dans l'esprit sans intention, elles ne créent pas de nouveau kamma. Cependant, lorsque l'esprit manque de la protection de la pleine conscience, ces pensées agissent comme des déclencheurs de pensées proliférantes et dès lors, elles deviennent problématiques.  Dans ce cas, l'esprit s'accroche à la pensée initiale et la poursuit. La présence de l'intention rend ce phénomène significatif sur le plan kammique. Certains de ces trains de pensées peuvent devenir de puissantes habitudes, qui créent une dépendance et jouent un rôle clé dans l'apparition de troubles mentaux tels que l'anxiété et la dépression.  L'une des fonctions de la plein...

Les souillures

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Voici une partie d'un dialogue assez surprenant qui se déroula entre Vénérable Sāriputta et le Bouddha, à une époque où le Sangha avait commencé à croître et à prospérer. « Seigneur, certains ont quitté la vie laïque non pas par foi, mais pour subvenir à leurs besoins. Ils sont sournois, malhonnêtes et fourbes. Ils sont agités, bouffis d'orgueil, vaniteux, bavards invétérés. Ils ne surveillent pas les portes de leurs sens, ne mangent pas avec modération et ne se consacrent pas à la vigilance… Ils ne respectent pas les règles de l’entraînement… manquent de pleine conscience et de compréhension claire… ils sont stupides, idiots. » De nos jours, les rapports sur les moines qui se comportent mal sont monnaie courante, bien qu'il faille considérer que le Sangha thaïlandais compte plus de 200 000 personnes, même une petite minorité de mauvais moines pourrait fournir suffisamment de matière pour des histoires scandaleuses régulières dans les médias. Mais ce n'est pas une excus...

Dix vertus à cultiver

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  Dans le Nātha Sutta (AN 10.17), le Bouddha énumère dix vertus qui, lorsqu'elles sont cultivées, offrent protection et refuge. 1.⁠ ⁠Sīla : Adopter les préceptes pour guider nos actions et nos paroles. Subvenir à nos besoins par des moyens de subsistance qui ne causent aucun tort. 2.⁠ ⁠Bāhusacca : Se consacrer à l’acquisition d’un savoir étendu ; être cultivé. 3.⁠ ⁠Kalyānamittatā : Cultiver des amitiés saines avec de bons amis. 4.⁠ ⁠Sovacassatā : Accepter les critiques constructives. 5.⁠ ⁠Kiṅkaraṇiyesu dakkhatā : S’engager pour le bien commun et consacrer du temps et des efforts au bien-être de sa communauté. 6.⁠ ⁠Dhammakāmatā. Aimer la vérité ; aimer le Dhamma. 7.⁠ ⁠Viriyārambha : S’efforcer d'abandonner ce qui est malsain et de cultiver ce qui est sain. Être résilient, courageux et imperturbable face aux obstacles et aux déceptions. 8.⁠ ⁠Santulthi : Apprécier et trouver le contentement dans les biens matériels acquis grâce à un travail ardu et honnête. 9.⁠ ⁠Sati : Être attent...