La bonté doit être intégrée


L’une des façons dont les gens justifient leur dureté et leur égoïsme est d'affirmer que ce sont des traits qui permettent de « réussir dans le monde réel ». La bonté, disent-ils, est admirable, mais elle vous rend faible et crédule. Au fil des années, j’ai parlé avec tant de parents — des pères en particulier — qui veulent que leurs enfants soient bons, mais pas trop bons. Ils redoutent que s'ils sont trop bons, ils ne puissent pas survivre dans le monde d'aujourd'hui, qu’ils soient piétinés par des gens sans scrupules.

Il est toujours frappant de constater avec quelle assurance certaines personnes affirment des idées auxquelles elles n’ont jamais véritablement réfléchi. Cela est particulièrement évident lorsque la conversation porte sur la religion. Concernant la bonté, je fais remarquer à ces personnes que, dans le bouddhisme, une personne faible et crédule ne serait pas considérée comme véritablement bonne,  tout comme une personne impitoyable et égoïste ne serait pas considérée comme vraiment intelligente. Leurs conceptions de la bonté ne sont guère plus que des formules toutes faites.

Il est certes vrai que des personnes cruelles peuvent détourner la gentillesse d'autrui à leur avantage. Mais elles peuvent tout aussi bien exploiter la méchanceté. Les personnes avides et colériques sont les plus faciles à manipuler. La gentillesse est seulement un problème si elle n’est pas intégrée dans l'entraînement global du corps, de la parole et de l’esprit tel qu'enseigné par le Bouddha.

Ajahn Jayasāro
21/06/25