Aristote et Galien

 


Aristote et Galien ont exercé une influence déterminante sur la médecine occidentale. Il est étonnant de constater que leurs idées erronées ont été acceptées très longtemps. Aristote, par exemple, croyait que le cœur physique était le siège de la cognition, car ses battements le faisaient paraître « vivant ». Le cerveau, en revanche, lui semblait « froid et inerte » et constituait donc un simple organe de refroidissement. Il a également appliqué à la reproduction humaine son idée philosophique selon laquelle la forme vitale modèle la matière inerte, ce qui a renforcé des idées misogynes pendant des siècles.


Les idées de Galien sont devenues des dogmes qui ont paralysé le progrès de la médecine pendant plus de mille ans. Il croyait notamment que le sang circulait dans une seule direction, qu'il était créé dans le foie et consommé dans l'organisme. Il était partisan de la dissection, mais uniquement sur les animaux. Sa profonde conviction que le corps humain, tel qu'il le comprenait, était la preuve de la création divine, a valu à ses théories l'appui des autorités religieuses jusqu'à la Renaissance.


Il y a de nombreuses années, une laïque m'a raconté comment, un jour, des images très vivantes et détaillées d'organes internes lui étaient apparues dans l'esprit. Ce n'est qu'après avoir acheté un livre d'anatomie illustré de photographies qu'elle est parvenue à identifier ce qu'elle avait vu.


L'expérience de cette femme m'a amené à me poser la question : les méditants des pays asiatiques ont-ils contribué à ce que la science médicale traditionnelle de ces pays ne s’égare pas dans des conceptions erronées du corps humain, lesquelles ont causé tant de souffrances inutiles dans d'autres parties du monde ?


Ajahn Jayasaro

14/06/25