Articles

Affichage des articles du octobre, 2021

Une longue vie

Image
  Dans toutes les contrées du monde, une longue vie est considérée comme un bienfait. Mais qu'est-ce qu'une longue vie ? Et si elle était définie en fonction du temps pendant lequel nous sommes conscients d'être en vie ? Selon cette définition, une personne de 60 ans qui dort 8 heures par nuit a seulement eu 40 ans de vie. Et si nous allions plus loin ? Personne ne souhaite avoir une longue vie misérable ; la perception positive d'une longue vie sous-entend qu'elle soit heureuse. Considérons donc la vie en termes de qualité et observons comment celle-ci est liée à la qualité de l'esprit. Ajahn Chah disait que chaque moment passé sans pleine conscience est une sorte de mort vivante. Comptez combien de temps de votre vie s'est écoulé en pilote automatique, perdus dans des rêveries sur l'avenir, ou à tuer le temps avec des préoccupations triviales et superficielles. Que de moments morts ! Et combien de temps avons-nous perdu à cause de l'avidité, de la

Première expérience et persévérance

Image
Il n’est pas rare pour les méditants de faire l’expérience profonde de l’état de samadhi lors de leur première retraite. Pour beaucoup c’est une expérience qui change leur vie. Leurs doutes quant au but et à l’importance de la pratique du Dhamma ainsi que leurs doutes quant à leur capacité d’en récolter les fruits disparaissent souvent complètement. L’engagement à l'entraînement de l’esprit s’en trouve considérablement renforcé. Cependant une telle expérience extraordinairement positive peut avoir ses inconvénients. Certains méditants passent les années suivantes à tenter de retrouver sans succès cette merveilleuse première expérience. Cela devient une obsession qui entrave leur pratique plutôt que de la soutenir. Une convergence de causes et de conditions aidantes peut, durant les circonstances particulières d'une première retraite de méditation, permettre d'entrevoir les profondeurs de l'esprit. C’est quelque chose dont on peut être reconnaissant et dont on peut appre

La vue d'ensemble

Image
ll faisait frais et humide ce matin, ici à l’Hermitage. Après mon repas quotidien, je suis retourné dans mon kuti, je me suis enveloppé dans mon châle et j’ai préparé une tasse de thé.  Assis sur ma chaise regardant les arbres d’un vert éclatant autour du kuti et sirotant le thé, mon esprit s'est tourné vers le donneur du thé, et j’ai ressenti une vague d’appréciation. Puis mon esprit s’est tourné vers le sympathisant laïc qui a offert l’eau qui a servi à la préparation du thé, puis vers la personne qui a offert la tasse dans laquelle je buvais, puis la personne qui a offert la bouilloire, puis la personne qui a payé pour l’installation de l’électricité dans le kuti, puis la personne qui paie la facture d’électricité. Plus mon esprit réfléchissait à toute la générosité qui rendait possible cette seule tasse de thé, plus je l’appréciais. Être dans le moment présent n’est pas en soi le but de la pratique bouddhiste. Il y a différentes façons d’être dans le moment présent, certaines p

La jalousie

Image
  En général, il n'est pas facile de trouver de la joie dans le bonheur ou les accomplissements des autres. C'est particulièrement difficile si c'est un bonheur ou une réussite que vous désirez pour vous-même mais qui vous fait défaut. C'est plus difficile encore lorsque la personne qui jouit maintenant de ces choses est quelqu'un que vous percevez comme un rival. Mais il est parfois facile de trouver de la joie dans le bonheur ou la réussite des autres. La joie vient naturellement, par exemple, lorsqu'un représentant de notre pays réussit bien lors d'une compétition. Personne (à l'exception peut-être de certains autres athlètes) n'est jaloux lorsqu'un athlète de son pays remporte une médaille aux Jeux Olympiques. La joie vient aussi très facilement en voyant le bonheur et les progrès de son propre enfant. On peut examiner une qualité que l'on souhaite développer de cette manière : regarder les cas où elle est facile à cultiver et ceux où ell

La patience

Image
  La patience endurante (khanti) était louée par le Bouddha comme étant “l'incinérateur suprême” des souillures. Elle a été définie comme étant une “co-existence paisible avec ce qui est déplaisant”. Nous cultivons au mieux la patience endurante lorsque nous percevons clairement sa valeur et lorsqu'elle devient un objectif intermédiaire majeur pour nous sur notre chemin de pratique. Afin d'accomplir cela, nous devons nous rappeler encore et encore à quel point la patience est importante. Pour ce faire, nous contemplons les dangers auxquels nous expose son absence et les avantages d'en avoir. On se questionne : “Quelle souffrance avons-nous causé à nous-même et infligé aux autres dans le passé par manque de patience ? Quel bonheur et bénéfice avons-nous expérimentés dans notre vie, du fait de notre pratique de la patience ? Combien plus de souffrance nous attend dans le futur si nous négligeons de cultiver la patience ? Quelle part de notre bonheur futur et de notre prog

Le champignon solitaire

Image
Une forte pluie était tombée, des heures durant. Une fois la pluie passée, deux femmes, une belle-mère et sa belle-fille, partent dans la forêt à la recherche de champignons. La plus jeune d’entre elles connaît un endroit dans les collines derrière le village où les champignons poussent en abondance. Elle est bien décidée à y aller aussi vite que possible. La belle-mère à son idée à elle. Tout au long du chemin, à chaque fois qu’elle voit un champignon, elle s'arrête pour le cueillir. La plus jeune commence à se sentir frustrée : “ Maman, maman, dépêche-toi ! On doit absolument arriver à la clairière. Il y a des centaines de champignons là-haut. Ici, il n’y en a qu’un par-ci, un par-là. Il nous faudra des heures avant d’en avoir assez, ne perdons pas plus de temps ”. Mais la femme plus âgée ne l’écoute pas. La belle-fille finit par avoir envie de hurler puis finalement, perdant patience, elle dit sèchement : “ Je pars devant ” et s’en va à grands pas. Après avoir grimpé la colline

Premier éveil

Image
  L’autre jour une bouddhiste laïque me parlait de la frustration qu’elle ressentait en essayant d’encourager sa fille à s’intéresser au Dhamma. Elle disait que sa fille insistait sur le fait qu’à son âge elle n’avait pas besoin de cela. La jeune femme disait que le Bouddhisme ça ne parle que de souffrance et qu’à son âge elle en avait très peu. A son âge, elle était plus intéressée à profiter de la vie. J’ai suggéré à la mère d’offrir à sa fille un travail de trois heures très bien payé. Tout ce qu’elle aurait à faire pour gagner cet argent serait d’entrer dans une pièce vide sans aucun de ses appareils, sans livre ni aucune autre distraction et d’y passer les trois heures en sa propre compagnie. Il lui faudrait être consciente tout au long : si elle venait à chercher une échappatoire dans le sommeil, elle ne serait pas payée. Ce genre d’expérience peut changer la vie. Se rendre compte combien il est difficile de rester avec soi-même, quel défi cela représente de demeurer éveillé sans

La flèche empoisonnée

Image
  Sans la pleine conscience, nous ressentons la douleur physique et mentale comme indissociable du désir de ne pas l'éprouver. Sans la pleine conscience nous faisons l'expérience des problèmes liés à nos circonstances matérielles et liés aux personnes qui nous entourent, sans pouvoir les séparer du désir de ne pas les avoir. Le Bouddha a comparé l'expérience de la douleur et de l'inconfort qui surviennent dans notre vie au fait d'être percé par une flèche. Mais, disait-il, les désirs et les peurs qui surgissent en fonction de la douleur sont comme un poison que nous appliquons nous-mêmes sur la pointe de la flèche. Ne pas vouloir ressentir la douleur et l'inconfort amplifie la souffrance qui en découle. En conséquence, nous pouvons être en proie au stress, au ressentiment, à la rage, à l'anxiété, à la dépression et au désespoir. Mais avec la pleine conscience et la patience, nous pouvons faire face à la douleur et à l'inconfort inévitables, sans résistan

La voie du succès

Image
  Les êtres humains ne sont pas si doués que cela pour s'auto-évaluer. La surestimation des connaissances, des compétences et de la compréhension est monnaie courante dans tous les domaines de la vie. Une étude des entreprises high-tech aux Etats-Unis a révélé qu'entre 30-40% des ingénieurs en informatique (logiciel) évaluaient leurs compétences comme étant dans le top 5% de leur entreprise. Dans une étude bien connue de l'Université de Nebraska, 90% des membres de la faculté évaluaient leur enseignement au-dessus de la moyenne, et 68% se considéraient eux-mêmes dans le top 25%. Notre tendance à passer sous silence, à justifier ou à complètement détourner le regard de nos fautes peut avoir de sérieuses répercussions. Pour se prémunir contre cela nous avons besoin de nous engager à saccaparamī, la perfection de la vérité. A travers cet amour de la vérité et le rejet de toute tromperie, nous pouvons trouver le courage de regarder à l'intérieur, sans broncher, même les cho