Feuilles Jaunes

Les discours des grands maîtres de la tradition de la forêt thaïlandaise contenaient souvent une imagerie martiale. Les souillures sont décrites comme nos ennemis acharnés, cruels, rusés et sans scrupules. Le méditant doit les tuer ou du moins - pour utiliser une métaphore empruntée à la boxe - les faire sortir du ring. Cette façon de parler de la pratique est compréhensible étant donné que les auditoires étaient pour la plupart des moines dans la force de l'âge.  L'image du guerrier spirituel est puissante pour de jeunes hommes. Pendant quelques années, j'ai été l'un de ces jeunes hommes et j'étais convenablement inspiré. Cependant, avec le temps, j'en suis venu à considérer les souillures d'une manière légèrement différente. Je vois maintenant l'intérêt d'étudier les façons dont les souillures les plus tenaces semblent répondre à certains besoins profonds en nous. Si nous sommes engagés dans une guerre, c'est une guerre civile, et nous avons de

En grandissant, j'ai adopté le principe de penser par moi-même et de remettre en question l'autorité. Je supposais que les autorités qu'il fallait constamment interroger étaient politiques, économiques, religieuses ou culturelles. C'est lorsque j'ai découvert le bouddhisme que j'ai réalisé qu'il existe une autre autorité puissante, à bien des égards la plus puissante de toutes. J'ai appris comment nos vies sont plus opprimées et appauvries par les souillures de notre propre esprit. Il existe de nombreux dictateurs intérieurs qu’on suit servilement, dans tous les pays du monde, sans se poser de questions. Il s'agit de l’Avidité, de l’Aversion et de la Conviction. La dévotion à ces dictateurs dépasse les frontières politiques et les classes sociales. Adolescent bouddhiste, j'ai acquis une certitude qui m'accompagne encore aujourd'hui. Ce n'est qu'en intégrant la voie du Bouddha vers la sagesse, la compassion et la liberté intérieu

  Parfois, la pratique du Dhamma donne l'impression qu’elle rend la vie plus sombre et plus pesante, et non plus lumineuse et plus légère. Si c'est le cas, cela peut être le signe que vous vous êtes égaré. Votre pratique a été détournée par le besoin d'obtenir, d'être, de devenir. Il est temps de changer d'attitude. Il est temps que l'aspiration à se débarrasser de tout ce qui vous emprisonne balaye les efforts égocentriques. Mais il y a une autre obscurité. C'est l'obscurité croissante qui entoure ceux qui creusent une montagne de souillures. Alors qu'ils creusent de plus en plus profondément dans leur montagne, la lumière qui les animait autrefois diminue et s'estompe. Des doutes peuvent surgir. Ils ne savent pas quelle est la dimension de la montagne et combien il reste à parcourir. Les grands enseignants disent : “soyez patient, continuez à creuser. Si vous persévérez, vous déboucherez. Le trou deviendra un tunnel. Tout deviendra lumineux. So

La signification de dukkha comme l'une des trois caractéristiques de l'existence est différente de la signification de dukkha comme Noble Vérité. Dans les trois caractéristiques, dukkha fait référence à l'instabilité inhérente à tous les phénomènes conditionnés impermanents. Dans les Quatre Nobles Vérités, dukkha fait référence à l'expérience de l'esprit non éveillé. Cet esprit réagit habituellement à un monde intérieur et extérieur caractérisé par l'impermanence et l'instabilité, par le désir et l'attachement. Ici, dukkha est un sentiment de manque, d'incomplétude, de vide, d'insatisfaction, inséparable d'une vie fondée sur de telles réactions.   L'apparition d'un Bouddha n'affecte pas de dukkha dans le "tilakkhana", qui s'ancre dans la nature même de l'existence. En revanche on peut éliminer complètement dukkha en tant que Noble Vérité par la pratique des enseignements du Bouddha. Ajahn Jayasāro 17/05/2022 

Il y a 2500 ans, dans l’Inde du Nord-est, assis sous un arbre de Bodhi, le Bouddha réalisa la véritable nature de toute existence et découvrit les moyens nécessaires à cette réalisation. Pour résumer son éveil, il dit avoir identifié Quatre Nobles Vérités (ou Vérités anoblissantes) et les devoirs à accomplir par rapport à chacune d’entre elles. Il dit que c’était parce qu’il était conscient d’avoir parfaitement accompli ces devoirs qu’il savait qu’il était Bouddha.  Il y a dukkha. Il doit être complètement compris.  Dukkha a une cause. Elle doit être abandonnée.  Il y a la cessation de dukkha. Elle doit être réalisée.  Il y a une voie menant à la cessation de dukkha. Elle doit être suivie. Le Bouddha ne nous a pas laissé une liste de dogmes auxquels il nous faut croire. Nous devenons véritablement Bouddhistes par notre effort de pratiquer l’ensemble du Chemin Octuple, afin de complètement comprendre dukkha, abandonner sa cause et réaliser sa cessation. Ajahn Jayasāro 14/05/2022

Lorsque je suis entré au monastère, j'ai été inspiré par un certain jeune moine. Il me semblait incarner les vertus monastiques de patience, de diligence, de retenue, de bienveillance, de bonté et de calme que j'admirais tant. Un jour, j'ai été choqué de découvrir que le moine avait défroqué. J'ai appris par la suite que ce que j'avais pris pour de la modestie et du calme était en fait de la timidité et de l'insécurité. Le doute et la confusion avaient envahi son esprit. Pour lui, chaque jour au monastère avait été une lutte. Je me suis rendu compte à quel point je m'étais projeté en lui. Mon désir de trouver un bon modèle m'avait rendu aveugle à sa douleur. Les expériences de ce genre nous montrent à quel point nous pouvons nous tromper sur quelqu'un et constituent des opportunités importantes d'apprentissage. En y réfléchissant, nous comprenons mieux comment nos désirs et nos craintes, nos espoirs et nos attentes influencent notre perception de

En général, on voit mieux un objet lorsqu’on l’éclaire. Mais parfois, la lumière nous montre que nos perceptions étaient erronées. En fait, nous étions en train de regarder quelque chose de tout à fait différent de ce que nous supposions regarder. De temps à autre, nous découvrons que le serpent qui se trouve en travers de la route est une corde ou la corde un serpent. Grâce à la méditation, nous apprenons à faire la lumière sur notre expérience. En conséquence, certaines choses, comme la laideur de la colère et la beauté de la bonté, deviennent beaucoup plus claires pour nous. Par conséquent, nos valeurs et nos priorités changent. D'autres choses, clairement mises en lumière, nous semblent maintenant insignifiantes. La plus importante de ces choses est la perception de soi. Ce que nous percevions auparavant comme solide et fiable, le lieu et le propriétaire de l'expérience, est considéré comme n'étant rien de tout cela. Nous trouvons plutôt un flux conditionné de phénomène

Chaque acte de kamma (action volontaire), aussi insignifiant soit-il, a des conséquences sur notre bien-être physique, moral et spirituel. Le kamma malsain, motivé par la souillure, entraîne une augmentation de la souffrance. Le kamma sain, motivé par la vertu, conduit à une réduction de la souffrance, et finalement à la libération. Avec le kamma que nous produisons, nous créons ce que nous sommes dans le moment présent et dans le futur. Les résultats du kamma que nous avons créé dans le passé, tant dans cette vie que dans les vies antérieures, sont appelés 'vipāka'. On y fait souvent référence de manière informelle en tant que " vieux kamma ". Le Bouddha a fortement réfuté l'idée que nos vies sont déterminées par l'ancien kamma. Vipāka n'est pas le destin ou la destinée. Si c'était le cas, il n'y aurait pas de chemin octuple, pas de libération, pas de bouddhisme. Le vieux kamma ne détermine pas notre vie mais, jusqu'à ce que nous réalisions le