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Affichage des articles du janvier, 2023

La base commune des enseignements

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Le vénérable maître Hsuan Hua fut une figure majeure de la propagation du Bouddha Dhamma aux États-Unis. Il appréciait profondément la lignée monastique d’Ajahn Chah et il fit don d'un terrain dans la Redwood Valley en Californie du Nord, sur lequel fut établi le monastère bouddhiste Abhayagiri, une antenne de Wat Pah Pong. Dans un discours donné à Ajahn Sumedho et la Sangha du monastère bouddhiste Amaravati en Angleterre, il résuma son point de vue quant aux différentes traditions : “ Dans le bouddhisme, nous devrions unir les traditions du sud et du nord. À partir d’aujourd’hui, nous ne parlerons plus de Mahāyāna ou de Theravāda. Le Mahāyāna est ‘La Tradition du Nord’ et le Theravāda ‘La Tradition du Sud’ […] Ceux qui appartiennent à la Tradition du Nord ou à la Tradition du Sud sont disciples du Bouddha, nous sommes les descendants du Bouddha. En tant que tels, nous devrions faire ce que les bouddhistes ont à faire. […] Que ce soit la Tradition du Sud ou la Tradition du Nord, to

Une profonde confiance dans la grande sagesse du Bouddha

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  De nombreux enseignements du Bouddha peuvent être mis à l'épreuve de l'expérience assez facilement. Il ne faut pas longtemps pour déterminer par nous-mêmes si le respect des cinq préceptes augmente vraiment le niveau de sécurité et de confiance dans notre famille et notre communauté, et s'il contribue au respect de soi et à l'absence de culpabilité et de remords. Nous pouvons observer sans difficulté toutes les façons dont le fait de donner sans désir de récompense apporte de la joie dans nos vies. Nous pouvons voir clairement comment la pratique de la pleine conscience améliore la qualité de notre esprit et de nos relations. Mais il existe de nombreux enseignements que nous sommes, à ce jour, incapables de prouver ou de réfuter. Les enseignements sur la renaissance et les autres sphères d'existence en sont des exemples évidents. Dans de tels cas, comment devons-nous considérer ces enseignements ? Je suggère que nous le fassions avec une profonde confiance dans la

L'ennui et la monotonie

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  Pour la plupart des gens, ce qui est simple est ennuyeux et ce qui est répétitif est synonyme de monotonie.  Mais pour les méditants, la simplicité et la répétition sont des aides précieuses pour suivre les mouvements de l’esprit. La simplicité et la répétition sont deux des grands piliers de la vie monastique. Quand les moments de méditation sont obligatoires et sont toujours à la même heure chaque jour, les moines ont la possibilité d’observer comment leur attitude envers la méditation fluctue entre l’enthousiasme, l’indifférence, voire même la résistance. Comme ils ne peuvent pas agir selon leurs humeurs, cela leur permet de reconnaitre que ce sont des phénomènes conditionnés. Voir la façon dont le même événement provoque des réactions variées nourrit la sagesse. Ce n’est bien sûr pas un principe qui est réservé aux moines. Observez vos sentiments quand, par exemple, votre réveil sonne le matin, la façon dont ils changent de jour en jour, et pourquoi. Un certain moine nouvellement

Nous pratiquons pour la libération

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  La nostalgie spirituelle est un malaise courant pour les méditants d'aujourd'hui. Les personnes atteintes de ce mal souffrent de leurs difficultés à reproduire une puissante expérience de samādi survenue au début de leur pratique. Elles parlent avec ravissement de la percée inoubliable qu'elles ont faite dans leur méditation et, avec des yeux tristes, admettent leur frustration à ne pas pouvoir en faire à nouveau l'expérience. Peut-être qu'un jour, concluent-elles avec nostalgie, cela se reproduira. Elles vivent dans l'espoir. En fait, c'est précisément cet espoir, cette attente et ce désir qui les empêchent d'avancer. Le but de la méditation bouddhiste n'est pas d'atteindre un état d'esprit profond particulier et de le rendre permanent. Une telle motivation reviendrait à aspirer à une renaissance céleste. Nous pratiquons pour la libération. Nous développons samādi afin de donner à l'esprit la stabilité et la clarté nécessaires pour voi

L'expérience directe du changement conduit à la libération

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Alors que la plupart des religions se concentrent sur la relation correcte entre les êtres humains et leur conception du divin, le Bouddhisme se concentre sur la relation correcte entre les êtres humains et le changement. En particulier, on nous enseigne à observer et à examiner le changement tel qu'il se manifeste dans notre corps et notre esprit. L'hypothèse de travail que nous avons reçue du Bouddha est que le changement n'est ni imposé par le divin ni aléatoire. Il se produit en accord avec des causes et des conditions. Le comprendre comme expérience directe conduit à la libération.  L'étude de la nature conditionnée du corps, des sentiments, des perceptions, de la mémoire, de la pensée et de l'imagination, ainsi que de la conscience des sens, est donc au cœur de la culture de la sagesse. Ce n'est pas seulement que nous soyons sujets au changement, mais que nous sommes le changement. Il n’y a pas de propriétaire permanent ou indépendant de l'expérience.

Même la plus petite bonne action enrichit le trésor de bonté dans notre cœur

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  Généralement nous pensons qu'il est juste d'être félicité lorsque nous faisons de bonnes choses et critiqué lorsque nous en faisons de mauvaises. Si nous ne recevons pas d'éloges lorsque nous faisons quelque chose de bien, nous pouvons facilement nous sentir peu appréciés. Si nous sommes critiqués alors que nous n'avons rien fait de mal, nous pouvons nous sentir blessés. Nous avons des attentes quant à la façon dont les choses devraient être, et nous souffrons en conséquence. Le Bouddha nous a appris à lâcher prise de nos attentes. Lui-même, bien que d'une pureté absolue, a été un jour accusé par une femme de l'avoir mise enceinte. D'autres disciples éveillés ont été accusés d'être avides, violents ou jaloux. Au fil des siècles, combien de bonnes actions ont été ignorées ou dénigrées ? Combien de mauvaises actions ont été louées et récompensées ? Beaucoup trop pour être comptées. Dans ce monde plein de souillures, il y a peu de justice à court terme. L

Les ‘droits du bhikkhu’

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Les communautés et les sociétés ont tendance à se fonder principalement sur des idées de devoir et de responsabilité ou sur le concept des droits de l'homme. Des deux, le concept des droits de l'homme offre probablement une meilleure protection contre les abus et la corruption. Mais il a ses propres faiblesses. Les définitions des droits et leur hiérarchisation peuvent être controversées. Le fait de voir le monde exclusivement sous l'angle de ‘mes droits’ semble avoir joué un rôle dans le développement du narcissisme et du sentiment d'être dans son bon droit dans le monde actuel. L'ordre monastique bouddhiste offre un exemple de société fondée sur des principes de devoirs et de responsabilités. Les freins et contrepoids sont définis par le Vinaya. Néanmoins, il reconnaît aussi quelque chose qui ressemble à des ‘droits du bhikkhu’. Lors de la cérémonie d'ordination, le précepteur est tenu d'informer le nouveau moine de ses quatre droits matériels fondamentaux

Transcender la dualité entre le silence et le bruit intérieurs

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Sur le chemin de la sagesse, nous ne considérons pas le bruit intérieur de la mémoire et de l'imagination comme un ennemi. Notre pratique consiste à connaître le bruit comme le bruit et le silence comme le silence. L'engagement porte sur la compréhension profonde. Celle-ci fournit une continuité qui transcende la dualité entre le silence et le bruit. Pour l'esprit qui se consacre à la compréhension profonde, le bruit intérieur disparaît naturellement et le silence intérieur se manifeste spontanément. Si l'esprit enregistre du bruit, il est ressenti comme non pertinent et éloigné ; il ne nuit pas au silence. Le silence de la compréhension profonde porte en lui la graine de la vision pénétrante des trois caractéristiques de l'existence et de la libération de tout attachement. Ajahn Jayasāro 03/01/2023