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Affichage des articles du juillet, 2023

Dukkha à cause de pensées erronées

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  Lorsque j'étais jeune moine, je fus très impressionné par un enseignement de quatre syllabes que je reçus d'Ajahn Chah. Il disait "tuk prow kit pit" ou "dukkha à cause de pensées erronées". En d'autres termes, aucune personne, aucune chose, aucune situation ne peut nous faire souffrir si nous évitons les pensées erronées. Ce n'est évidemment pas le cas pour la douleur physique. Quiconque met sa main dans une flamme sera brûlé par celle-ci. Et ce, qu'il s'agisse d'un imbécile ou d'un arahant. La pensée n'a pas d'importance. Mais prenons le cas d'une calomnie vicieuse. Les souffrances mentales subies par les victimes varient considérablement. C'est la façon dont les gens considèrent la question dans leur esprit qui fait la différence. "Penser d'une manière erronée" ne se réfère pas seulement à "la manière erronée de penser". Ceci inclut aussi les cadres dans lesquels nous pensons, par exemple, n

Attention quand on se sent blessé !

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  Un week-end il y a quelques années, j’avais un engagement prévu à la fois le samedi et le dimanche. Peu avant ce week-end, je reçus un appel d’un moine qui voulait m’inviter à une cérémonie. Je lui répondis que j’allais devoir décliner l’invitation, car j’avais un engagement préalable. Quelques jours plus tard, le disciple laïc qui m’avait invité pour le dimanche me contacta pour dire qu’il y avait un imprévu et me demanda si nous pouvions changer la date. Nous trouvâmes une solution : intervertir les événements de samedi et dimanche. Par la suite, le moine découvrit que l’événement que j’avais cité comme raison pour décliner son invitation en fait avait eu lieu le samedi. Il se sentit offensé et dit à plusieurs autres moines que je lui avais menti, que je lui avais dit que j’avais un engagement préalable le dimanche, alors qu’en fait, il devait avoir lieu le samedi. Je pense que nombre de mes lecteurs ont eu des expériences similaires si ce n'est en tant qu'accusé, en tant q

Sans exception

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  Une des forces de l’ordre monastique (Sangha) est que le code de discipline (Vinaya) ne permet aucune exception. Peu importe la séniorité du moine ou son degré de libération, il doit suivre exactement les mêmes règles qu’à ses débuts en tant que moine. Une grande importance est accordée à ce que les aînés donnent un bon exemple. Cette tradition remonte au Bouddha lui-même. Un jour, durant une tournée d’inspection des logements du monastère, le Bouddha et son intendant, le Vénérable Ananda, tombèrent sur un moine souffrant de dysenterie. Le moine était couché sur le sol, couvert d’urine et d’excréments. Quand le Bouddha lui demanda pourquoi aucun de ses compagnons moines ne le soignait, il répondit “parce que je ne fais rien pour la Sangha”. Le Bouddha demanda à Ananda de chercher de l’eau. Ensuite, lui et Ananda lavèrent le corps du moine et le placèrent sur son lit. Plus tard, le Bouddha s’adressa à la Sangha résidante au monastère. “ Moines, vous n’avez ni mère, ni père, qui puisse

L’imprévisibilité de toutes les choses

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Dans la Tradition Forêt Thaïlandaise, les enseignants essaient d'éviter les termes techniques et cherchent à enseigner le Dhamma dans un langage simple et terre-à-terre. Ils adoptent parfois un mot ou une expression de tous les jours pour résumer un enseignement clé d'une nouvelle manière. Ils l'utilisent continuellement pendant un certain temps, et lorsque ce mot perd de son attrait, ils en trouvent un autre. Dans les dernières années de sa carrière d'enseignant, Ajahn Cha aimait beaucoup le mot " my nae " (ไม่แน่). Le sens littéral de ce mot est "pas sûr". Appliqué à des événements futurs, il pourrait être rendu par "peut-être/peut-être pas".  Appliqué à l'expérience présente, il souligne l'instabilité inhérente aux phénomènes conditionnés. En mettant l'accent sur l'imprévisibilité de toutes les choses, intérieures et extérieures, Ajahn Cha introduisait une nouvelle perspective sur la contemplation de l'impermanence, u

Le véritable refuge est intérieur

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Un refuge est un lieu de sécurité et de calme. Quelles que soient les circonstances extérieures, un refuge nous fournit tout ce dont nous avons besoin pour survivre et nous épanouir. Le Bouddha a enseigné que le véritable refuge est intérieur et que c'est quelque chose que nous devons créer pour nous-mêmes. À une occasion, il a énuméré dix vertus qui contribuent au sentiment de refuge intérieur : 1) Adopter des limites appropriées pour nos actions et nos paroles. 2) Lire, étudier amplement et en profondeur. 3) Cultiver des relations qui soient bonnes et saines.  4) Être d’un abord facile et ouvert au dialogue. 5) Trouver des moyens et développer des compétences pour contribuer au bien-être de notre communauté. 6) Cultiver l'amour du Dhamma, trouver de la joie dans les enseignements. 7) Faire un effort constant pour abandonner ce qui est malsain et développer ce qui est sain. Faire preuve de diligence, de courage, de persévérance et de résilience dans nos efforts. 8) Être en pai

Mettā pour soi-même devient naturel et normal

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Les techniques de méditation sur Mettā commencent par le plus facile et vont progressivement vers le plus difficile et le plus exigeant. Le méditant commence, par exemple, par diffuser mettā envers lui-même, puis envers les personnes qu'il respecte et qu'il aime, et enfin envers les personnes pour lesquelles il n'éprouve pas de sentiments particuliers. Ce n'est que lorsque l'esprit a été renforcé de cette manière qu'il se tourne vers les personnes envers lesquelles il éprouve de la colère et du ressentiment. Les maîtres de méditation occidentaux font souvent remarquer que si, dans les cultures bouddhistes, le fait de se considérer soi-même comme un point de départ évident pour mettā, ce n'est pas le cas chez leurs étudiants. De nombreux méditants parlent d'une aversion paralysante vis-à-vis d'eux-mêmes et d'un sentiment d'indignité. Dans de telles circonstances, une bonne alternative peut consister à commencer par diffuser mettā envers un cha

La recherche du Bonheur

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  Se pourrait-il que la Déclaration d'Indépendance Américaine ait été influencée par les Quatre Nobles Vérités du Bouddha ? En faisant de la "recherche du bonheur" un "droit inaliénable" essentiel, la déclaration reflète tacitement que le bonheur n'a pas encore été atteint - c'est-à-dire qu'il y a dukkha - mais qu'il peut et doit être recherché. Le bonheur n’est pas un droit, mais nous avons tous le droit de le rechercher sans nuire à autrui. Les bouddhistes pourraient ajouter que la recherche du bonheur ne doit pas non plus nuire à ceux qui la poursuivent. Ils pourraient affirmer que cette capacité à éviter de se faire du mal n'est finalement possible que par l'exploration et l'éducation de notre monde intérieur.  Après avoir appris à désencombrer et à stabiliser notre esprit, nous devons nous interroger sur des questions fondamentales telles que : "Qu'est-ce que le bonheur réellement ? Quelle est la relation entre le bonheu

La véritable nature de l'équanimité

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  Imaginez que vous conduisiez sur une route isolée et que vous voyiez une voiture encastrée dans un arbre. Vous vous garez et vous vous précipitez pour voir ce que vous pouvez faire. En vous approchant de la voiture, vous apercevez le conducteur, inconscient derrière le volant. Vous détectez une forte odeur d'alcool. Vous en concluez que le conducteur était certainement ivre lors de l'accident. Que faites-vous ensuite ? Vous dites-vous : "c'est bien fait pour lui !", est-ce que vous retournez dans votre voiture et partez ? Je ne pense pas. Je pense que vous sortiriez votre téléphone et appelleriez une ambulance. La réponse bouddhiste à la souffrance, quelle qu'en soit la cause, est guidée par la compassion : "comment puis-je aider ?" et la sagesse : "comment puis-je aider de la meilleure façon possible ?". L'idée qui voudrait qu'on soit indifférent au sort des autres parce qu'on croit que chacun reçoit les fruits de ses actions