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Affichage des articles du octobre, 2022

Corrélation plutôt que causalité

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Notre expérience du monde peut être divisée en deux catégories : des choses comme la taille et le poids qui peuvent être mesurées et des choses comme l'amour et la haine qui ne peuvent pas l'être. L'une des croyances les plus populaires de l'ère moderne est que les choses qui peuvent être mesurées sont en quelque sorte plus réelles que celles qui ne peuvent pas l'être. Les gens diront souvent d'une qualité non mesurable : "Ce qui se passe réellement ici est..." et feront référence à une quantité mesurable. C'est à cause de cette façon de penser que les états mentaux sont réduits à une question de substances chimiques dans le cerveau. En fait, bien que ces croyances matérialistes puissent être proclamées scientifiques, elles s'apparentent davantage à un dogme religieux. Les larmes ne sont pas la cause de la tristesse, et l'amour d'une mère n'est pas causé par l'ocytocine. Les neurosciences ont accru nos connaissances en matière d

Donner et accepter du feedback 

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Donner du feedback n'est pas une idée occidentale moderne. Elle constitue un pilier central du Vinaya, la discipline monastique bouddhiste. Le Vinaya contient des instructions sur la manière dont les moines doivent partager leurs impressions d'une manière respectueuse et avec sensibilité. Il leur apprend également à accueillir les commentaires de tous leurs confrères, quelle que soit leur ancienneté. L'art de donner et de recevoir ce genre de commentaires est censé apporter un contrepoids vital à l'autre principe clé du Vinaya, l'harmonie communautaire. La valeur première de l'harmonie communautaire réside dans les conditions favorables qu'elle crée pour la croissance dans le Dhamma. Ainsi, lorsque l'harmonie du groupe devient la fin plutôt que le moyen, et lorsque la dévotion à l'admonition mutuelle sincère et bien intentionnée est négligée, la corruption s'installe. Les membres de la communauté n'essaient plus d'aider leurs compagnons à

Aller à contre-courant de ce qui nous met à l'aise

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  Au lycée, je me rappelle avoir été très impressionné par une bande dessinée illustrant certains propos de Léon Tolstoï. Dans cette caricature, un gros homme bien habillé traverse un ruisseau assis sur le dos d'un pauvre homme émacié en haillons, le visage rouge à cause de l'effort. Les mots de Tolstoï sont tirés de la légende : "Je suis assis sur le dos d'un homme, je l'étouffe et je me fais porter par lui, et pourtant je me convaincs, ainsi que les autres, que j'ai de la peine pour lui et que je souhaite alléger son fardeau par tous les moyens possibles… sauf descendre de son dos." Au fil des années, j'ai observé une attitude similaire chez de nombreux méditants. Ils sont prêts à faire n'importe quoi pour libérer leur esprit des souillures, sauf l'unique chose qui est vraiment nécessaire. Un exemple : la méditation sur les aspects peu attrayants et repoussants du corps humain est enseignée comme l'antidote le plus efficace pour un esprit

L'épanouissement progressif de la Compréhension Juste

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Lorsque l'esprit commence à s'apaiser, des aperçus modestes plutôt que des réalisations profondes sont la norme. Nous pouvons facilement sous-estimer la valeur à long terme de ces prises de conscience plus banales si nous sommes trop préoccupés par l'acquisition des réalisations les plus profondes ; celles-ci peuvent se produire des mois, des années ou même des vies plus loin sur le chemin. Quand le moment sera venu, elles se produiront. En attendant, l'observation de l'épanouissement progressif de la Compréhension Juste dans notre cœur nous encourage à persévérer dans notre pratique, même si les fruits supérieurs semblent encore lointains. Pour moi, l'une de ces prises de conscience s'est manifestée au cours de ma première période de méditation intensive. Cela s'est produit de la même manière qu'une image floue devient subitement nette. J'ai soudain ressenti une profonde appréciation de tout ce que mes parents avaient été et avaient fait pour mo

La bonté mondaine ne suffit pas.

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  Une évaluation approximative de nos progrès dans la pratique du Dhamma peut être effectuée en observant dans quelle mesure le nombre de choses qui nous font souffrir a diminué et le nombre de choses qui nous apportent joie et contentement a augmenté.  Mais la sensation de bien-être que nous ressentons lorsque les souillures mentales les plus flagrantes s'atténuent comporte ses propres dangers. Il est facile de devenir complaisant. Le bien peut souvent devenir un obstacle pour atteindre le meilleur. C'est pourquoi le Bouddha disait que l'un des facteurs de soutien les plus essentiels sur son chemin vers l'éveil était le mécontentement envers les qualités saines qu'il avait déjà cultivées. Il n'a jamais cessé d'aller de l'avant jusqu'à ce qu'il atteigne le but ultime. Tant que nous n'avons pas atteint l'entrée dans le courant, le premier niveau d'éveil, tous les changements positifs que nous avons apportés par notre pratique du dhamma

Metta n'est ni faible ni aveugle

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  Étant donné que tant de créatures sont carnivores, il y a une certaine contradiction à souhaiter que tous les êtres soient heureux. Si, par exemple, tous les oiseaux sont heureux aujourd'hui, un très grand nombre de vers et de poissons vont être très malheureux. En fait, ils vont mourir. Mais si tous les vers et les poissons sont heureux, il y aura beaucoup d'oiseaux malheureux. Le ciel sera rempli d’oiseaux de plus en plus maigres jusqu'à ce qu'ils tombent d'épuisement. Il ne s'agit pas ici d'appliquer une logique trop rigoureuse. Il s'agit de nous rappeler que mettā ne peut avoir de limites. Aucune personne, aucune créature, aucun monstre même, ne peut vivre hors de portée de notre bienveillance. Cela est possible parce que mettā n'est ni faible ni aveugle devant les fautes des êtres. Elle est cultivée en même temps que l'équanimité qui découle de la contemplation de la loi du kamma.  Si, toutefois, nous ressentons de la bienveillance pour to

Une île qu'aucune inondation ne peut submerger

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Les moines de la forêt sont encouragés par leurs maîtres à se rappeler chaque jour toutes les façons dont leur vie pourrait soudainement changer pour le pire. Ils peuvent être mordus par un serpent venimeux, un scorpion ou un centipède. Ils peuvent tomber et se fracturer un membre. S'ils vivent seuls, il peut se passer des heures, voire des jours, avant que quelqu'un ne les retrouve. La mort peut survenir à tout moment et de différentes manières. Le but de cette réflexion n'est pas de rendre les moines anxieux ou craintifs, mais de les encourager dans leur pratique du Dhamma. L'essentiel est que les moines se demandent s'ils sont prêts à affronter tout ce que la vie peut leur présenter à tout moment. Font-ils bon usage de leur temps précieux ? Quels dhammas malsains subsistent dans leur cœur, quels dhammas sains ne sont pas encore développés ? Ont-ils atteint un véritable refuge, un refuge qui les soutiendra quoi qu'il arrive ? Nous pouvons utiliser notre intell

Les bienfaits du Cinquième précepte

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  L'apprentissage de la conduite et de la parole du bouddhiste laïc est fondé sur les cinq préceptes. Les quatre premiers types de comportement qu'ils abordent, à savoir la violence envers les autres êtres, le vol, l'inconduite sexuelle et le mensonge, constituent le kamma le plus lourd que les êtres humains puissent commettre. S'en abstenir nous protège de la souffrance future et des remords accablants. Cela offre le don de la sécurité et de la confiance à ceux qui nous entourent.  Le kamma créé par la transgression du cinquième précepte est plus subtil. En consommant une substance qui réduit notre capacité à assumer la pleine responsabilité pour nos actions et nos paroles, nous augmentons considérablement la probabilité de transgresser les quatre premiers préceptes. Encore et encore, à travers l'histoire, l'intoxication a été un facteur contribuant à des actes insensés et criminels. C'est pour cette raison que le Bouddha a enseigné cinq préceptes fondament

L'avidité par facteurs de dix

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En 1977, une vidéo remarquable a été publiée. Elle s'appelle ‘Powers of Ten’ (Puissances de Dix). Dans cette vidéo, la vue aérienne d'un couple qui pique-nique dans un parc de Chicago commence à reculer par facteurs de dix : 10m, 100m, 100km... pour finalement s'arrêter à 100 millions d'années-lumière de la Terre. Puis la caméra fait un zoom arrière sur le couple, entre dans la main de l'homme et continue de zoomer vers l'intérieur par facteurs de dix négatifs jusqu'à atteindre 10-¹⁶, moment où elle révèle les quarks d'un atome de carbone.  Cette vidéo donne la présentation la plus spectaculaire que l'on puisse imaginer de la façon dont un changement de perspective peut entraîner un changement immédiat et radical  de notre ressenti envers nous-mêmes et vis-à-vis du monde dans lequel nous vivons. La nature de l’avidité est de faire en sorte que son objet semble si réel, si important, si nécessaire et si juste pour nous. Lorsqu'elle apparaît dans l

Réagir avec sagesse

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  Lorsque nous voyons ou entendons parler de personnes qui se comportent mal, qu'il s'agisse de personnes que nous connaissons ou de personnes dont on parle dans les médias, nos réactions les plus courantes sont la dépression et la colère. Bien que la dépression et la colère empoisonnent notre esprit, nous les laissons faire encore et encore. Pourquoi nous infligeons-nous cela ? Il existe un moyen plus sage.  Lorsque nous voyons ou entendons parler de personnes qui agissent mal, nous pouvons réfléchir aux états d'esprit qui les ont poussés à agir. Nous pouvons nous dire, par exemple, que : “ C’est le résultat de l’avidité. L’avidité est une chose vraiment terrible. Elle cause tant de souffrance. Comme ce serait merveilleux s'il y avait moins d’avidité dans le monde ! Moi aussi, j'ai de l’avidité dans mon cœur. Chaque fois que je nourris cette avidité, je contribue à la souffrance dans le monde. Je vais abandonner, je dois abandonner cette avidité dans mon coeur ; po

Le bon équilibre entre l’effort et la relaxation

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  L'un des supports les plus importants pour un apprentissage efficace est l’auto-évaluation détaillée et en temps voulu. L'une des raisons pour lesquelles la pratique de la méditation peut être un excellent moyen d'étudier la nature de notre corps et de notre esprit est qu'elle offre un tel retour. Je ne fais pas référence ici aux commentaires qu'un méditant peut recevoir d'un maître de méditation. Je parle des expériences qui se produisent pendant la séance de méditation elle-même. L'une des premières aptitudes essentielles que nous apprenons en méditant, est la capacité à appliquer un effort détendu, ni trop crispé ni trop lâche. Si nous essayons de trop forcer l'esprit, de le "fixer" délibérément sur l'objet de la méditation, l'esprit ne se stabilisera pas. Il deviendra tendu et nous pourrons commencer à ressentir un mal de tête ou une sensation de constriction dans la poitrine. Ces phénomènes constituent l’auto-évaluation qui nous

Être libre de nos contraintes intérieures

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  Pour la plupart des gens, la liberté signifie être capable de faire des choix et agir sans que personne d'autre ne leur dise ce qu'ils doivent croire ou faire. Il s'agit, essentiellement, d'une absence de contraintes extérieures. Du point de vue bouddhiste, cela peut être un fondement de la liberté, mais ce n'est pas la chose en elle-même. Nous mettons l'accent sur la capacité de faire des choix et d'agir avec sagesse et compassion, sans être entravés par les souillures mentales. Il s'agit, essentiellement, d'une libération des contraintes intérieures. Les êtres humains veulent être heureux et ne veulent pas souffrir. Cependant, par nos pensées, nos paroles et nos actions, nous sommes souvent nos pires ennemis. Encore et encore, nous négligeons de créer les conditions propices au bonheur, encore et encore, nous créons les conditions propices à la souffrance. Sans connaissance de soi, sans entraînement de l'esprit, toutes les libertés extérieure