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Affichage des articles du avril, 2024

Les Vertus

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Les souillures mentales sont une conséquence naturelle de l’ignorance de la façon dont les choses sont. De même, les différentes qualités vertueuses sont une conséquence naturelle de voir les choses clairement. En conclusion : l’effort pour “abandonner ce qui est malsain et cultiver ce qui est sain” a comme thème principal le développement d’une stabilité et clarté d’esprit qui permettent alors la perception sans distorsions de la façon dont les choses sont. Celui qui sait rester longtemps assis immobile comme une statue mais agit avec suffisance, se moque des autres et est indifférent aux souffrances des êtres sensibles, celui-là a perdu le nord bouddhiste. Des qualités telles que la patience et la retenue des sens, l’humilité et la gratitude, la bonté et le contentement s’épanouissent naturellement avec le progrès de notre pratique de sīla, samādhi, paññā. Les vertus apportent de la joie dans nos vies, mais en plus elles sont la preuve que nous sommes sur la bonne voie. Ajahn Jayasār

"Sati" au quotidien

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  L'un des principaux sens du mot "sati" est "garder à l'esprit" ou "ne pas oublier". Par exemple, nous pourrions être attentifs à éviter certains sujets lorsque nous discutons avec une personne adepte des théories du complot. Sinon, nous risquons de devoir supporter qu'un ami disparaisse pendant un certain temps et soit remplacé par un interlocuteur d'un sérieux effrayant. Il faut toujours garder à l'esprit que nous ne pouvons pas lire les pensées des autres. (Il est en fait possible de le faire, mais je suppose ici que mes lecteurs ne font pas partie de l'infime minorité qui en est capable). Trop souvent, les gens supposent que non seulement ils connaissent l'esprit des autres, mais qu'ils le connaissent mieux que la personne elle-même.  C'est souvent dû à une théorie mal assimilée de l'inconscient. Quelqu'un semble protester trop fort de ne pas aimer quelque chose, et le psychologue amateur conclut qu'en f

Un aspect agréable de la vie monastique

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  Pendant de nombreuses années, j'étais le moine supérieur de Wat Pah Nanachat. Chaque matin de Wan Phra, vers 11 heures, je me rendais à la cuisine du monastère. C'est là que beaucoup de villageois âgés passaient la journée. En fin de matinée, certains lisaient, d'autres balayaient les feuilles. Certains mâchaient des noix de bétel, d'autres faisaient la sieste. Quelques-uns méditaient. Lorsqu'elles me voyaient approcher, les dames les plus âgées envoyaient l'un des hommes me chercher une chaise, et elles m'offraient le verre de jus de fruit fraîchement pressé qu'elles avaient préparé. Tout le monde abandonnait ce qu'il faisait et se rassemblait. Il y avait un peu d'enseignement du Dhamma, mais c'était surtout un moment de conversation et de retrouvailles. Je leur racontais ce qui s'était passé au monastère au cours de la semaine écoulée ; ils me tenaient au courant de ce qui se passait dans leur monde. Je connaissais la plupart de ces p

Piment et gratitude

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  J’ai longtemps été le moine principal de Wat Pah Nanachat. Une fois par semaine, le huitième et le quinzième jour de la lune croissante et décroissante, les fidèles laïcs du monastère demandaient les huit préceptes et passaient la nuit au monastère. La séance, qui durait toute la nuit, commençait à 19h par une heure de méditation assise suivie d’un temps de psalmodie. Vers 21h 30 je commençais un enseignement sur le Dhamma pour les méditants laïcs qui durait en général une heure et demie, quelques fois plus. De temps en temps, mon discours était une 'réprimande des souillures' où j’utilisais une façon de parler très forte et très directe, un style pour lequel Ajahn Chah et ses disciples étaient bien connus dans cette partie du pays. À la fin d’un tel exposé, un membre du comité des laïcs du monastère s'est approché de moi. Il s’est prosterné très ému et m’a dit : “ Quel superbe discours. Tellement piquant! C’est allé jusqu’au chilli et au gingembre. Très, très pénible à é

Un état de vigilance détendue

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L'une des compétences de vie que nous apprenons grâce à la pratique formelle de la méditation est la manière de maintenir un état de vigilance détendue, ou de relaxation alerte. En se concentrant sur un objet de méditation tel que la respiration, l'esprit ne peut se libérer des obstacles que lorsqu'il est dans cet état. L'apparition d'entraves telles que la tension ou la somnolence est un signe que notre attention est trop tendue ou trop lâche. La pleine conscience ininterrompue indique que notre saisie de l'objet est juste. Pour illustrer la qualité de l'effort nécessaire, on peut prendre l'exemple d'un petit oiseau que l'on tient dans sa main : trop serré, il souffre ; trop détendu, il s'envole. L'esprit est détendu, mais pas au détriment de l’attention. L'esprit est confortablement, naturellement alerte.  Une fois que nous nous sommes familiarisés avec cet état de vigilance détendue, nous pouvons l'intégrer dans notre vie quoti

L'attachement aux opinions

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L'un des objectifs de la pratique bouddhiste est d'abandonner l'attachement aux points de vue et aux opinions. Pour ce faire, nous commençons par nous interroger sur nous-mêmes : quelles sont les croyances et les hypothèses de base qui constituent le fondement de mes points de vue et de mes opinions ? Quelle est leur solidité ? Sont-elles falsifiables ? Quelle confiance dois-je leur accorder ?  De nombreuses personnes intelligentes tombent dans le piège de ne s'intéresser qu'à la qualité de la logique qui les a menées à leurs conclusions. Lorsqu'elles sont convaincues que chaque étape de leur logique est irréprochable, elles sont persuadées que leur position doit être correcte. Elles négligent le fait que si leur prémisse initiale est fausse, cette logique, aussi impeccable soit-elle, est compromise. Tout au long de l'histoire de l'humanité on trouve d’étonnants édifices logiques construits sur la base de croyances superstitieuses. Continuez donc à cherc

Faire part et recevoir des commentaires

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  Pavāranā est un pilier central du monachisme bouddhiste. Il constitue l'un des principaux mécanismes de contrôle et d'équilibre intégrés par le Bouddha dans le Vinaya afin d'éviter que l'organisation hiérarchique du Sangha ne devienne trop rigide. Pavāranā est la pratique qui consiste à faire part et à recevoir des commentaires. Elle est formalisée par une cérémonie annuelle. Au cours de cette cérémonie, chaque moine demande formellement à tous ses confrères de lui faire des admonitions s'ils l'ont vu, entendu ou soupçonné de se comporter de manière inappropriée. L'aptitude à donner et à recevoir ce genre de commentaires est l'une des compétences sociales les plus importantes que les moines doivent apprendre à maîtriser. Vénérable Sariputta, l'un des deux principaux disciples, est vénéré comme le meilleur exemple d'un moine véritablement ouvert à l'écoute et à l'appréciation de ce genre de commentaires. On raconte qu'à une occasion,

L'intégrité

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  Certaines personnes suivent leurs principes jusqu’au bout, même au détriment d’avantages matériels pour eux-mêmes ou plus dur encore à supporter, pour leurs familles. En leur montrant que c’est possible, ces personnes sont une source d’inspiration pour d’autres dans leur lieu de travail et gagnent beaucoup de mérite. Elles prouvent la faiblesse d’un argument intéressé qui nous fait croire que le seul moyen de survivre dans un environnement corrompu est de suivre le mouvement. Récemment, une de mes étudiantes m’a parlé avec affection de son père. Elle m’a raconté qu’enfant, elle se sentait parfois frustrée par son honnêteté scrupuleuse. Il avait droit à une voiture officielle liée à son rang, mais il ne la conduisait jamais lorsqu’il n’était pas en service. Les pères de ses amies, tous d’un rang inférieur à celui de son propre père, transportaient toujours leurs filles dans de belles voitures, alors qu’elle devait se contenter de rouler assise à l’arrière de la moto de son père. Un jo

Le miracle de l'instruction

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  Le Bouddha identifia trois types de pouvoirs miraculeux (pāṭihāriya) : (i) le miracle des pouvoirs psychiques tels que marcher sur l'eau ou voler dans les airs ; (ii) le pouvoir de lire les pensées ; (iii) le miracle de l'instruction. Il indiqua qu'un grand nombre de ses disciples étaient dotés de ces trois pouvoirs. Il déclara que, de ces trois pouvoirs, il considérait celui de l'instruction comme étant le plus grand. Le commentaire explique le raisonnement du Bouddha : alors que les deux premiers pouvoirs peuvent ou non mener à une augmentation du bien-être et du bonheur des êtres sensibles, par sa nature même, le troisième les conduit vers ce but. L'enseignement qui conduit à une transformation intérieure de l'étudiant est un véritable prodige parce qu’il est si difficile à réaliser. Comme l'observa le Bouddha, les gens sont enchantés par l'attachement, la vanité, l'excitation et l'ignorance ; ils s'en réjouissent. Pourtant, lorsqu'u