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Affichage des articles du décembre, 2024

La tête et le cœur

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  Lorsque nous agissons, sachant que nos intentions sont pures, il est facile de devenir négligent. Nous pouvons ainsi ignorer les réactions des gens qui indiquent un doute, un malaise ou un désaccord. Nous allons de l’avant, persuadés que nous faisons une bonne chose. Mais si nous ne recevons pas le soutien attendu et que nos efforts sont vains, nous pouvons nous décourager et voir diminuer notre volonté de faire le bien dans le monde. Bien sûr, les bonnes intentions sont essentielles. Toutefois, elles doivent être accompagnées d'attention et de sagesse. Nous devons prendre en considération le côté pratique et la méthode. Nous devons être conscients du temps et du lieu. Nous devons anticiper les objections et être prêts à y répondre. Nous devons envisager les conséquences à court et à long terme, et explorer d'autres plans possibles. Pour que nos bonnes actions soient efficaces et durables, la tête et le cœur doivent être de bons amis et de bons alliés. Ajahn Jayasāro

Donner et recevoir

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Un jour, peu après mon arrivée au Wat Pa Pong, j'étais assis avec un groupe de moines et de novices, lorsqu'un autre laïc occidental, que j'appellerai Barry, vint offrir au moine le plus aîné un cadeau joliment emballé. Le moine reçut le présent, le mit de côté et reprit la conversation. Je voyais bien que Barry était déçu. C'était un homme généreux et il aimait se rendre dans la ville voisine pour acheter des cadeaux pour les membres du Sangha. Plus tard, il partagea avec moi sa peine face au manque de gratitude du moine.  Le lendemain, le moine me dit que, selon lui, il avait donné à Barry l'occasion de gagner du mérite. Il n'est pas approprié pour un moine d'ouvrir un cadeau devant le donateur et d'exprimer sa gratitude, car cela rendrait son geste trop personnel et mondain. Le moine exprime son appréciation, anumodanā, pour le mérite acquis. Il ne remercie pas pour un beau présent. Les paroles de Barry, ses manières et ses attentes évidentes lorsqu...

L'entraînement de l'esprit

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  Le Tisikkhā, la triple formation/éducation bouddhiste, correspond au Noble Octuple Sentier de la manière suivante : Sīla, l'entraînement de la conduite et de la parole, inclut la Parole Juste, l'Action Juste et les Moyens d'Existence Justes. Samādhi, l'entraînement de l'esprit, inclut l'Effort Juste, la Pleine Conscience Juste et le Samādhi Juste. Pañña, l'entraînement à la sagesse, inclut la Vue Juste et l'Intention Juste. Il est important de noter que le mot samādhi dans le triple entraînement revêt un sens plus large que dans l’Octuple Sentier. La nature holistique du triple entraînement peut être observée dans le respect des préceptes. Sīla n'est réalisé que lorsque nous entraînons notre conduite et nos paroles de manière qu'elles soient propices à l'entraînement de l'esprit et à l'entraînement à la sagesse. Suivre aveuglément les règles par désir de récompense ou par crainte de punition dans cette vie ou la prochaine ne constit...

Demeurer dans le bonheur de la solitude

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On affirme parfois que le Bouddha et ses grands disciples, au fil des siècles, ont considéré le rôle des bouddhistes laïcs comme de simples pourvoyeurs de soutien matériel pour le Sangha. Les suttas ne soutiennent pas ce point de vue. Voici un extrait d'un discours dans l'Anguttara Nikaya :  À un moment donné, le Seigneur s'adressa à Anathapindika et à sa grande suite : « Maîtres de maison, vous avez offert au Sangha des Bhikkhus des robes, de la nourriture, des logements, ainsi que des médicaments et des provisions pour les malades. Vous ne devriez pas vous contenter de cela. Vous devriez également vous entraîner ainsi : « Comment pouvons-nous de temps en temps entrer et demeurer dans le bonheur de la solitude ? » AN 5.176.  La « solitude » dans ce contexte est « cittaviveka », la séparation qui se fait entre l'esprit et les obstacles pendant la méditation. Les avantages de cultiver la méditation à ce niveau sont également exposés dans le sutta. Les méditants sont temp...

Entretenir la pleine conscience

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Imaginez que vous possédiez une voiture coûteuse garée devant votre maison (c'est peut-être le cas !). Elle suscite l'admiration et une certaine jalousie de la part des passants. Chaque fois que vous la regardez, vous ressentez un sentiment de plaisir. Et puis, un jour, il y a une urgence. Vous devez vous rendre rapidement quelque part, peut-être même à l'hôpital. Mais vous ne trouvez pas la clé de la voiture. C'est la catastrophe. Par la suite, vous remarquez une tendance : plus vous avez besoin de la clé, plus elle est difficile à trouver. Notre connaissance du bien et du mal, du vrai et du faux, de l'approprié et de l'inapproprié, toutes les paroles sages que nous avons assimilées, peuvent être solides, mais c'est comme une voiture coûteuse. Lorsque nous traversons une période de crise, il arrive souvent que cette connaissance ne soit pas à notre disposition. Elle ne nous soutient pas. Pourquoi ? Parce que nous ne parvenons pas à trouver la clé à temps. E...

Il n’y a personne qui soit toujours blamé ou toujours loué

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Un homme et son fils partirent en voyage. L'homme dit à son fils de monter sur l'âne pendant qu'il marcherait à ses côtés. Plus la journée progressait, plus ils entendaient de critiques de la part des gens qu'ils croisaient sur la route. « Regardez ce garçon. Il a l'air en bonne santé et pourtant il reste assis sur l'âne et laisse son père marcher. C'est typique des jeunes d'aujourd'hui. Ils ne respectent pas leurs aînés ». Le garçon commença à avoir honte. Il insista pour que son père échange sa place avec lui. Après un certain temps, les critiques reprirent. « Regardez-moi ça ! Le pauvre garçon doit marcher pendant que son père reste assis sur l'âne ». L'homme commença à se sentir mal à l'aise. Il dit : « Il vaut mieux que nous marchions tous les deux. De cette façon, personne ne pourra nous critiquer ». Au bout d'un moment, ils entendirent les gens qu'ils croisaient sur la route dire : « Regardez ces imbéciles. Ils marchent tou...

Nous ne sommes pas propriétaires de nos souillures

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  La croyance selon laquelle nous serions propriétaires de nos états mentaux, ou qu’ils feraient partie de nous, peut facilement être réfutée en reconnaissant le peu de pouvoir que nous avons sur eux. Quand les gens se plaignaient à Ajahn Chah de leur colère, il disait "Vraiment ? Alors montre-la-moi."  Dans le cas de la colère, de l’avidité, de la jalousie, etc., il est clair que nous ne pouvons pas produire en nous de tels états mentaux par un acte de volonté. Il doit y avoir des conditions favorables. Il n’est même pas vrai que les souillures sont tapies en nous comme des animaux en cage, attendant l’occasion de se libérer. Ce serait comme croire que des tempêtes se cachent dans le ciel, attendant qu'une chute de pression atmosphérique, etc., les libère.  Lorsque les gens se lamentent en confessant avoir de nombreuses souillures, ils sont pris dans une humilité illusoire. Nous ne possédons pas ces choses. Simplement, nous leur permettons d’être. Et nous n’y sommes pas ...

Voir nos accroches

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  Voyageant dans l'Inde rurale durant mon adolescence, j'ai constaté que la façon dont les gens pouvaient s'attacher à un vélo d'occasion ou à une vieille radio cabossée n'était pas différente de la façon dont les personnes en Angleterre s'attachent à leurs voitures ou à leurs chaînes hi-fi. J'en conclus que, de même qu'un gaz se répand pour remplir le récipient qui le contient, un attachement non contrôlé s'adapte à tout objet à sa disposition.  La vie monastique est conçue pour optimiser les conditions extérieures favorisant l'effort nécessaire à libérer l'esprit de l'addiction aux plaisirs des sens. Mais cette vie monastique n'est pas austère au point d’empêcher toute possibilité de se livrer aux plaisirs sensuels. Il y a toujours quelque chose qui peut devenir un objet d'attachement. C'est la nature dukkha de notre vie. La valeur du mode de vie simple d'un monastère est que le nombre d'objets possibles auxquels on ...

Entretenir une relation saine à l'ambiguïté et l'incertitude

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J’aimerais suggérer qu'une des clés pour une vie heureuse est d’entretenir une relation saine à l'ambiguïté et l'incertitude. En fait, plutôt que d'être une source d'irritation ou d'anxiété, un doute sans réponse peut parfois être perçu comme un gain : deux options pour le prix d'une. Au cours de ma première année de vie monastique, j'ai passé quelques mois dans l'un des petits monastères affiliés à Ajahn Chah, situé dans la campagne d'Ubon. Il y avait un certain nombre de jeunes novices dans le monastère à cette époque et ils me donnèrent une bonne opportunité de pratiquer la patience (c'est du moins ce que je m'efforçais de faire). Un jour, inévitablement, hélas, ma patience atteignit ses limites et, lors d'une promenade avec l'abbé, je me plaignis à lui. Je lui dis que, selon ma compréhension de notre rôle de moines de la forêt, nous devions être un bon exemple pour les laïcs en ce qui concerne la manière d'être attentif et...