Feuilles Jaunes

  Dans notre pratique du Dhamma, la constance et la continuité sont vitales. Ce sont les éléments nécessaires pour créer l'élan dont nous avons besoin pour dépasser les souillures mentales. Sinon, nous pouvons facilement devenir comme l'homme insensé qui frotte deux bâtons l'un contre l'autre pour faire du feu. Il s'arrête dès qu'il ressent de la lassitude ou de l'ennui. Chaque fois qu'il ramasse les bâtons pour continuer, le bois a refroidi, et il recommence de zéro. Très vite, il devient frustré. Il commence à douter que cette méthode pour faire du feu fonctionne réellement. Il finit par conclure que la pratique consistant à frotter deux bâtons l'un contre l'autre ne produit pas de feu. Il pense avoir prouvé qu'il s'agit d'une simple superstition. Il se persuade que sa reddition aux souillures mentales constitue une sorte de victoire. Ne soyez pas comme lui. Ne vous arrêtez pas. Si vous ne pouvez pas bien marcher en ce moment, alors

  Pour devenir ami avec une créature sauvage, il faut être très patient. Vous devez gagner sa confiance. Vous devez montrer à l'animal que vous ne présentez aucun danger pour lui. Vous devez permettre à la créature de s'habituer à vous et de se détendre en votre présence. L'esprit se détourne de la vérité, tout comme un animal se détourne instinctivement de celui qui souhaite sincèrement être son ami. Le processus par lequel l'esprit s'habitue à la présence de la vérité et apprend à lui faire confiance est la méditation. La constance, la patience, la bienveillance, l'observation attentive de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas sont autant d'éléments essentiels pour se lier d'amitié avec les animaux sauvages et conduire l'esprit à la paix. Ajahn Jayasāro 13/09/22

Cinq domaines dans lesquels pratiquer la pleine conscience de la parole, la nôtre et celle des autres : La convenance du lieu et du moment de la conversation La véracité des mots prononcés La valeur / le bénéfice de la conversation  Les motivations des personnes impliquées  La qualité / le style du discours Pour notre part, en pratiquant la Parole Juste à la lumière de ces considérations, nous essayons de ne dire que des mots vrais et utiles aux moments et lieux appropriés. Nous parlons poliment, notre cœur étant établi dans la bienveillance. Quelques observations sur l'attention portée à la parole d'autrui : La personne en face de nous dit généralement soit la vérité, soit délibérément une contre-vérité, soit une contre-vérité en croyant qu'elle est vraie. Cette dernière hypothèse étant toujours possible, nous ne devons pas tirer de conclusions hâtives si nous détectons une contre-vérité. La valeur ou l'avantage dont il est question ici ne se limite pas au contenu. Que

La photographie d'une cascade peut être exceptionnellement vivante et bien cadrée. Elle évoque peut-être habilement la beauté rafraîchissante d'une chute d'eau découverte par hasard lors d'une randonnée dans la jungle. Elle peut aussi transmettre avec talent la grandeur impressionnante de l'une des immenses et célèbres chutes d'eau comme celles du Niagara. Mais aussi brillante que soit la photo, elle doit, par nécessité, omettre l'élément le plus essentiel de la chute d'eau. Il ne peut s'agir que d'une image fixe de quelque chose qui n'est jamais fixe, pas même un instant : l'eau qui tombe. Nos vies, comme l'a écrit un grand maître, sont comme des chutes d'eau. Nous tombons, moment après moment, de la naissance à la mort, comme l'eau qui tombe d'une falaise. Mais lorsque nous pensons aux vies, nous avons tendance à les considérer comme des entités fixes. Nous avons l'idée que cette personne est comme ceci et que cette

Nous entendons parfois dire que nous devrions lâcher prise du passé, lâcher prise de l'avenir et nous établir dans le moment présent. En fait, nous n'avons pas le choix en la matière. Le moment présent est tout ce que nous avons jamais eu et aurons jamais.  Au cours de nos longues errances dans le samsāra, le moment présent a été la seule constante. Dans notre expérience directe, le passé n'est qu'un souvenir qui surgit et disparaît dans le moment présent et le futur, une pensée qui surgit à l'instant présent. Notre tâche en tant que méditants n'est donc pas tant de nous défaire de nos attachements au passé et au futur que de nos attachements à la mémoire et à l'imagination.  La pensée et la mémoire font partie de la nature et jouent un rôle indispensable dans la vie et l'apprentissage. Mais il est facile de s'y engluer. La pratique du Dhamma met l'accent sur la connaissance de la mémoire en tant que mémoire, de la pensée en tant que pensée, comm

  En tant que méditants, nous devons toujours nous méfier de l'orgueil. Mais parfois, nous allons trop loin. Nous en venons à croire qu'en minimisant la bonté qui est en nous, nous pratiquons l'humilité.  Le Bouddha n'a pas enseigné ce type d'humilité. Il nous a appris à observer et à trouver de la joie dans nos bonnes intentions et nos bonnes actions. Apprendre à apprécier la bonté qui surgit dans notre esprit, c'est comme l'arroser d’eau : elle grandit de plus en plus.  L'humilité consiste à se rappeler la dette de gratitude que nous avons envers le Bouddha et ses disciples. Sans l'exemple et les instructions de nos enseignants, ces beaux états mentaux n'auraient jamais trouvé leur place dans nos cœurs. Nous devons également nous rappeler que cette bonté ne nous appartient pas. Elle se cultive. Elle ne continuera à s'épanouir que si nous en prenons soin avec sagesse. Ajahn Jayasāro 30/8/22

Aujourd'hui : une vieille histoire. En Amérique, deux frères deviennent gangsters. Une fois riches et prospères, ils commencent à faire des dons généreux à une fondation pour enfants pauvres gérée par leur église locale. Le frère aîné meurt. La veille de ses funérailles, le jeune frère, accablé de chagrin, rend visite au prêtre. Il lui dit qu'il promet de poursuivre le financement à une condition. Lors de l’oraison funèbre, le lendemain, le prêtre devait dire au monde entier que son cher frère était un saint. Le lendemain, une foule immense est réunie à l'église. Le prêtre commence son oraison. Il commence à parler du défunt gangster : "Il faut reconnaître que, tout généreux qu'il était, il a fait beaucoup de choses mauvaises et manquant de sagesse dans sa vie. Cependant, comparé à son jeune frère, il était un saint". Dans une conversation, nous avons souvent l'impression de n'avoir que deux choix : soit dire la vérité et blesser quelqu'un, soit me

L'entraînement monastique de l'action et de la parole n'est pas défini uniquement par les règles énoncées dans le Pātimokkha. Elle comprend également (i) la pratique de la retenue des sens (ii) l'utilisation judicieuse des supports matériels de base que sont la nourriture, les vêtements, le logement et les médicaments (iii) l'acquisition impeccable et irréprochable de ces supports. De même, la pratique de sīla du laïc n'est pas définie uniquement par les cinq ou huit préceptes. Les laïcs doivent également pratiquer la retenue des sens, l'utilisation judicieuse et appropriée de l'argent et des biens, et trouver un moyen de subsistance irréprochable et propice. Parmi ces trois éléments, c'est la retenue des sens qui joue le rôle le plus important dans les enseignements du Bouddha. La maîtrise des sens consiste à appliquer la pleine conscience aux portes des sens. Elle nécessite de surveiller et de filtrer les informations qui sont autorisées à pénétrer