La colère vertueuse
Habituellement, les fausses accusations font mal et suscitent l’indignation. Mais le Bouddha a eu l’occasion de montrer à ses disciples que se mettre en colère ou être contrarié par ceux qui critiquent injustement le Bouddha, le Dhamma et la Sangha, ne leur créerait que des problèmes inutiles. Il leur a demandé si tout en étant en colère, ils seraient capables d’êtres clairs et objectifs dans leurs arguments pour préciser en quoi les attaques ne seraient pas justifiées. Les moines ont dû admettre qu’ils ne le seraient pas. Le Bouddha leur a dit qu’avec un esprit calme ils devraient ‘démêler’ ce qui est faux et le démontrer comme étant faux en disant : "c’est pour cette raison que ceci est faux, ce n’est pas le cas, cette chose n’est pas en nous, elle ne se trouve pas parmi nous”.
Une idée répandue dans la culture occidentale soutient que dans certaines circonstances, par exemple dans la lutte contre l’injustice, la colère peut être une vertu. C’est devenu courant de croire que la seule alternative à la colère dans ces circonstances est l’indifférence ou le désespoir.
Mais dans la perspective bouddhiste, laisser l’esprit se remplir de colère est comme se permettre d'allumer un feu sur un sol de forêt sec. Il engloutit l'esprit et fausse son jugement. La colère rend l’esprit grossier, il manque de vision, et est incapable de percevoir les subtilités et les complexités des situations. Il fait de nos adversaires des démons tout en justifiant nos propres fautes. La colère peut bien sûr donner de la motivation, mais c’est une motivation de fou, qui, finalement, ne résout rien.
Ajahn Jayasaro 21.08.21