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Affichage des articles du août, 2025

Être conscient du temps et du lieu

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  Dans la vie quotidienne, la capacité à faire preuve de souplesse sans renoncer à ses principes directeurs et à prendre conscience du temps et du lieu est le signe d'une sagesse croissante. À de nombreuses reprises, le Bouddha a insisté sur cette deuxième vertu. Il l'a notamment incluse parmi les sept qualités d'une personne bonne ou authentique (sappurisa). Être conscient du temps et du lieu signifie en tenir compte au moment d'entreprendre une action. Dans le cas d'une conversation difficile ou importante, le temps et le lieu sont les premières choses à prendre en compte. Quel est le meilleur moment ? Le moment le plus propice ou le plus fructueux ? Si vous ou votre interlocuteur êtes en colère, contrarié, fatigué ou stressé, une conversation importante a peu de chances de bien se dérouler. Il est préférable d'attendre que vous soyez tous deux d'humeur plus agréable. Certaines conversations se déroulent mieux en privé, d'autres en présence d'une o...

Présence et absence

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  La pleine conscience nous renseigne sur ce qui apparaît dans l'esprit. Elle est accompagnée d'autres facteurs mentaux qui indiquent si ce qui est apparu est sain ou malsain, à cultiver ou abandonner. Mais la pleine conscience doit également être appliquée aux absences. Par exemple, dans le passage sur Cittānupassanā du Satipatthāna Sutta (MN 10), le Bouddha enseigne : « Il reconnaît un esprit plein d’avidité comme étant un esprit plein d’avidité. Un esprit sans avidité comme étant un esprit sans avidité.  Il reconnaît un esprit plein de haine comme étant un esprit plein de haine. Un esprit sans haine comme étant un esprit sans haine. Il reconnaît un esprit plein d’illusions comme étant un esprit plein d'illusions. Un esprit sans illusion comme étant un esprit sans illusion. » Le passage sur Dhammānupassanā nous dit que le méditant doit être conscient de la présence et de l'absence de chacun des cinq obstacles et des sept facteurs d'éveil : « Lorsque le désir sensu...

Comprendre les conventions

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En 1976, je fus accueilli dans une famille à Téhéran. Je vécus chez eux pendant trois mois, entouré d’une grande bienveillance. Ce ne fut pas toujours facile. Il me fallut m’adapter à de nombreuses coutumes qui m’étaient étrangères. (Je me souviens notamment de ma gêne lorsque l’on s’attendait à ce qu’on se tienne par le petit doigt quand nous marchions dans la rue entre hommes.) Mais j’étais observateur, intéressé par la culture, et j’ai, la plupart du temps, évité de froisser qui que ce soit. Ce qui m’a frappé, comme lors d’autres voyages, c’est cette tendance qu’ont les gens à considérer leurs propres coutumes comme la norme universelle, et celles des autres comme des écarts : charmantes, étranges, fascinantes… ou répugnantes. Après avoir quitté l’Iran, et à mesure que mes études bouddhistes progressaient, j’ai réalisé que cette façon d'accorder une valeur absolue aux conventions sociales constitue une expression de l’ignorance (avijjā), qui fait naître tant de préjugés et de vi...

La mesure du progrès

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Le Bouddha a enseigné de cultiver certaines perceptions sages (saññā). Celles-ci servent à remplacer les perceptions automatiques qui résultent des souillures et causent de la souffrance. Les cultiver, a-t-il déclaré, « porte beaucoup de fruits, est d'un grand bénéfice et culmine dans le sans-mort. » En enseignant la perception de l'impermanence, le Bouddha a dit : « Lorsqu'un bhikkhu demeure souvent avec l’esprit accoutumé à la perception de l'impermanence, son esprit se détourne du gain, de l'honneur et de la louange, s'en écarte, se tortille pour y échapper et n'est pas captivé par eux. Soit l'équanimité ou la répulsion s'installent en lui. C'est comme une plume de coq ou un morceau de tendon qui, jeté dans le feu, s'en écarte, se tortille pour y échapper et n'est pas captivé par lui. » Inversement, si le moine constate que son esprit est toujours enclin au gain, à l'honneur et à la louange, il doit considérer cela comme un signe q...

Quelques citations pleines de sagesse

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  J'ai toujours aimé noter des citations pleines de sagesse. Mes premiers carnets sont maintenant moisis, mais voici quelques citations choisies au hasard, bouddhistes ou non, issues d’une véritable mine d’or numérique. « Avant de pratiquer le Dhamma, beaucoup de choses vous font souffrir et peu de choses vous rendent heureux. Si vous pratiquez correctement le Dhamma, vous constaterez que de moins en moins de choses vous font souffrir et que de plus en plus de choses vous rendent heureux. » - Somdet Phra Buddhaghosajan « Laissez les pensées aller et venir mais ne leur servez pas le thé. » - Shunryu Suzuki « Il faut constamment se battre pour voir ce qui se trouve au bout de son nez. » - George Orwell «  L'expression de soi est le conformisme de notre temps. » - Adam Curtis « Une société mourante, invariablement, devient rude et grossière. La perte de la politesse et des bonnes manières est plus significative qu'une émeute. » - Robert Heinlein « Dans une discussion animée, v...

La place de l’étude théorique dans la pratique du Dhamma

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Lorsque j'étais jeune moine, l'étude théorique du Dhamma était écartée dans certains cercles. Ils considéraient l’étude superflue et même préjudiciable à la pratique. L'idée était qu’elle encombre l'esprit de concepts qui entravent plutôt qu'ils n'aident la capacité à regarder directement l'esprit. C'était une perte de temps, une indulgence. Quelle est la légitimité de ce point de vue ? L'étude est-elle bien nécessaire ? Si oui, dans quelle mesure ? Il est vrai que l'étude peut devenir une fin en soi et distraire de la pratique. Elle peut même finir par la remplacer complètement. Lorsque la lutte contre les obstacles semble sans fin, la gratification que procure la compréhension intellectuelle est séduisante.  Cela dit, les enseignements du Bouddha proposent une nouvelle façon d'appréhender l'expérience. Celle-ci doit être comprise et digérée sur le plan conceptuel avant de pouvoir être intégrée au niveau non-conceptuel. Certains enseigne...

Méditez, ne soyez pas négligents

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Pendant longtemps, dans le monde occidental, parfois par ignorance, parfois intentionnellement, le Nibbāna, but ultime de la pratique bouddhiste, a été présenté à tort comme une extinction totale, une annihilation, un néant. Et ce, malgré les nombreux passages dans lesquels le Bouddha réfute une telle interprétation. En réalité, le Nibbāna signifie une extinction et une annihilation totales, mais uniquement sur le chemin qui y mène. Pour réaliser le Nibbāna, l'avidité, l'aversion et l'illusion doivent être complètement détruites. En tant qu'état inéxprimable par des mots, il n'est pas surprenant que le Nibbāna soit généralement décrit par ce qu'il n'est pas. Cela peut être comparé à définir la santé physique par l’absence de maladies spécifiques (pas de cancer, pas de problèmes cardiaques, etc.). Dans le texte Asaṅkhatasamyutta (S.N. 43), on trouve des termes plus positifs pour décrire le Nibbāna : « l'éternel », « le paisible », « le sublime », « l'...

Notre relation avec les faits

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  Auparavant, les faits étaient des choses solides et fiables. Les gens les brandissaient comme des atouts, disant : « Et voilà les faits... », et ils balayaient tout sur leur passage. Aujourd'hui, les faits sont devenus des choses éthérées, insaisissables. Vous avez peut-être vos faits, mais j'ai les miens. De nos jours, le torrent d'informations est pratiquement empoisonné à mort par la désinformation et la mésinformation. Plus notre accès au monde des « faits » augmente, plus notre esprit se referme. Que faire ? En tant que méditants, nous surveillons constamment nos intentions et nos états mentaux. Nous nous interrogeons : que voulons-nous croire ? Pourquoi ? Nos croyances sont-elles importantes pour maintenir les idées que nous nous faisons de nous-mêmes et auxquelles nous nous attachons ? Prenons-nous des mesures pour protéger nos croyances contre toute remise en question ? Comment nous sentons-nous lorsqu'elles sont remises en question ? Nous observons notre tend...

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