La meilleure indication sur la nature de mettā et de la compassion
Les qualités abstraites deviennent tangibles pour nous lorsqu'elles s'inscrivent dans la matière et la réalité concrète. Au fil des siècles les disciples éveillés du Bouddha ont enseigné la sagesse, la compassion et la pureté intérieure avec grande vigueur, plus par leur façon d’être que par leurs paroles. Même les mots qu'ils ont prononcés et qui sont restés gravés dans notre mémoire ne sont pas nécessairement les plus évidents.
L'un de mes souvenirs les plus chers d'Ajahn Chah est l’utilisation qu’il faisait d'une particule grammaticale dépourvue de sens, « noh ? » (essayez de prononcer « knock » sur un ton aigu en coupant le « ck » à la fin). Cette particule exprime le sens de « n'est-ce pas ? » et possède un ton familier. Elle suggère une complicité entre l’orateur et l’auditeur qui puisent dans un réservoir commun de valeurs et d’expériences. C'est un son naturellement inclusif, un mot chaleureux qui évoque le « nous ».
Jusqu’à ce jour, j’entends encore la voix d’Ajahn Chah prononcer cette particule lorsqu’il s’adressait à moi. J'ai oublié les phrases dans lesquelles elle apparaissait et leur contexte. Ce dont je me souviens, c’est de la chaleur que ce petit son exprimait. Après toutes ces années, je pense toujours que l’utilisation qu’il faisait du « noh ? » constitue la meilleure indication que j'aie jamais reçue sur la nature de mettā et de la compassion.
18/11/25

