Articles

Un esprit receptif

Image
  Mon premier jour à Wat Pah Pong, en décembre 1978, fut mémorable. Il me remplit d’une confiance inébranlable dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha d'Ariya, qui ne m'a jamais quitté.  Néanmoins, après avoir vécu là-bas pendant un moment, certains doutes apparurent dans mon esprit. J'ai commencé à remarquer que quelques moines et novices agissaient d'une manière qui, je le savais, était en conflit avec leurs préceptes ou qui bafouait les règles monastiques. Je me suis dit : "Comment est-il possible qu'ils vivent sous la direction d'un arahant et qu'ils se comportent de cette façon ? Comment ces moines et ces novices peuvent-ils être aussi insouciants ? Comment peuvent-ils être aussi impudents ?" Plus tard, en relisant le Dhammapāda, je suis tombé sur le verset suivant : "Même si un imbécile passe toute sa vie en présence d'un sage, il ne comprend pas le Dhamma, tout comme une louche ne connaît pas le goût de la soupe" (v.64).  Il es...

Le doute : les souillures brouillent les cartes

Image
  Pendant longtemps, l'augmentation spectaculaire du nombre de cas de cancer du poumon au cours du XXe siècle fut imputée aux gaz d'échappement des véhicules. Puis, en 1954, les recherches de Doll et Hill, deux scientifiques britanniques, révélèrent que les fumeurs avaient seize fois plus de risques de contracter un cancer du poumon que les non-fumeurs. La réaction des sociétés de tabac fut astucieuse. Ils essayèrent de semer la confusion dans l'esprit des gens. Ils mirent en doute la recherche ; ils mirent en doute les chercheurs ; ils demandèrent plus de recherches. Leur objectif n'était pas de convaincre les fumeurs que fumer était sans danger, mais de créer des doutes sur les preuves que fumer était dangereux. Ils voulaient que les fumeurs deviennent apathiques et s'en tiennent au statu quo : "Certains experts disent ceci, d'autres disent cela, je ne suis pas sûr". Une note interne secrète rappelait aux cadres supérieurs que "le doute est notr...

Le sens caché des mots

Image
 Les mots sont, dans un sens, simplement des bouffées d’air issues d’une bouche, mais certaines phrases – ‘je t’aime’, ‘Je te hais et te méprise ! ’ par exemple – ont le pouvoir de faire exploser nos cœurs d’émotion. Énormément de mots en revanche, semblent tellement anodins que nous les remarquons à peine. C’est une erreur. Ces mots contiennent souvent des idées reçues par rapport à nous-mêmes et au monde et ils peuvent provoquer une détresse inutile. Prenez les mots ‘devrait’ et ‘ne devrait pas’. Que signifient-ils exactement ? Pourquoi sommes-nous tellement contrariés quand les gens ou les choses ne sont pas comme nous pensons qu’elles devraient être ? Caché derrière le mot, ‘devrait’, vous trouverez le mot ‘si’. Examiner ces phrases qui utilisent "devrait" et celles implicites qui en découlent contenant "si", peut nous aider à clarifier les enjeux et à calmer nos esprits. 'Tu devrais…’ peut se fonder sur l'idée que réussir un projet particulier dépend de...

Une boussole pour naviguer dans ce monde déroutant

Image
Comment nous situons-nous par rapport aux croyances, aux idées et aux comportements que nous jugeons répugnants ? Ou ceux que nous considérons comme nuisibles à l'individu, à la société, au monde dans lequel nous vivons ? Quelles émotions suscitent-ils ? Les réactions les plus courantes sont probablement la colère et la tristesse. De nombreuses personnes deviennent fatalistes ou essaient simplement de ne pas penser aux choses qui les dérangent. Dans le Sallekha Sulta (MN8), le Bouddha donne un conseil très simple mais puissant. Il nous dit d'utiliser les choses malavisées et malsaines comme des stimulants pour notre pratique. Chaque fois, notre attitude doit être la suivante : "Les autres peuvent ... Je ne le ferai pas" Parmi les 44 termes énumérés par le Bouddha, voici quelques exemples : "Les autres peuvent agir ou parler avec cruauté. Je n'agirai pas et ne parlerai pas avec cruauté". “Les autres peuvent voler et tricher, mentir, semer la discorde, par...

Sortir des sentiers battus

Image
  Notre pensée peut être capable de sortir de certains sentiers battus, mais seulement en restant sur d’autres. En fait, cette analogie des sentiers battus n’est pas la meilleure façon de réfléchir à la pensée. Il serait plus utile de la considérer en termes de cadres de référence. Toute réflexion systématique prend place dans un cadre de valeurs, de croyances, de prémisses et de conventions. Le seul type de pensée qui ne repose pas sur un cadre est l’agitation mentale aléatoire. Par la sagesse, nous ne cherchons pas à nous échapper des sentiers battus, mais à revoir nos cadres de référence. Dans la pratique du Dhamma, la Vue Juste est le meilleur cadre de référence pour la pensée. La Vue Juste conditionne les choses auxquelles nous faisons attention dans nos vies, comment nous y faisons attention et la signification que nous leur accordons. Luang Por Munn nous a dit que tout ce que nous percevons enseigne constamment le Dhamma. Notre défi est de savoir comment apprendre constammen...

On ne vit qu'une fois

Image
  Récemment, je suis tombé sur une expression populaire qui encourage les gens à surmonter leurs doutes et leurs peurs, et à s'engager dans une ligne de conduite particulière, YOLO (You only live once), qui signifie "On ne vit qu'une fois". En tant que bouddhistes, nous ne pouvons pas être d'accord avec cette notion, mais nous pourrions peut-être la modifier : "On ne vit ce moment qu'une seule fois !” Aujourd'hui est une occasion historique unique. Nous traversons le samsāra depuis un temps incroyablement long : le Bouddha a dit que si nous recueillions toutes les larmes que nous avons versées au cours de nos vies antérieures, elles formeraient un océan gigantesque. Mais pendant tout ce temps, englobant un nombre incalculable de Big Bangs, aujourd'hui nous sommes le premier et unique 9 septembre 2023. Quelle que soit l'heure à laquelle vous lisez ces lignes, sachez qu'il s'agit d'une heure absolument unique. Ce souffle présent peut...

Mettā et upekkhā

Image
Mettā (bienveillance) sans upekkhā (équanimité) est souvent myope et parfois aveugle. Mettā peut devenir trop préoccupée du bonheur immédiat des autres. Mettā confond souvent plaisir et bonheur et devient superficielle. Mettā produit une exubérance du cœur qui peut conduire à de grands gestes et à des engagements qui ne peuvent être maintenus. Mettā peut facilement être détournée vers l'affection personnelle, l'amour ou le désir. Upekkhā nous rappelle la vue d'ensemble, les conséquences ou les ramifications possibles de nos actions. Upekkhā apporte la stabilité, l'équilibre et la compréhension claire dans lesquels mettā doit être sagement ancrée. Upekkhā nous permet de voir que le fait que les gens changent ou non, qu'ils se libèrent ou non de leur douleur, qu'ils trouvent ou non le bonheur, est dû à un réseau de causes et de conditions. Notre mettā n'est qu'un élément de ce réseau.  Ajahn Jayasāro 05/08/23

La pleine conscience n’est pas une simple prise de conscience passive

Image
La pleine conscience n'est jamais pratiquée comme une vertu unique et isolée et ne se limite jamais à une simple prise de conscience passive. La sagesse et l'effort sont deux des qualités clés qui doivent l'accompagner. Ces deux qualités portent plusieurs noms différents en Pāli, dépendant du contexte et de la fonction. Dans la pratique du satipatthāna, elles sont appelées sampajañña (généralement traduit en français par ‘compréhension claire’) et ātāpi (‘ardeur’). Dans le Satipatthāna Sutta (MN1O), le Bouddha enseigne qu'en reconnaissant (avec sampajañña) ‘la soif et l'avidité pour le monde' comme des facteurs mentaux malsains, et en faisant l'effort (ātāpi) de les abandonner, les méditants sont capables de contempler efficacement le corps, les sensations, l'esprit et les objets mentaux. Ailleurs, ces deux facteurs liés sont désignés par les termes Vue Juste et Effort Juste. Dans le Mahācattarisaka Sutta (MN117), la Pleine Conscience est définie dans le...

Comment nous sentons-nous vraiment ?

Image
  Lorsque notre esprit est obsédé par un objet de désir, nous avons tendance à nous faire toutes sortes d'idées irréalistes à son sujet.  Nous nous attardons sur les moments forts du passé ou sur les occasions où l'objet était meilleur qu'il n'a jamais été. Nos espoirs sont immenses. "Cette fois-ci !" Nous oublions toutes les déceptions qu'il nous a causées dans le passé. Nous ne pensons pas à ce que nous ressentirons une fois le plaisir passé. Les pensées sages sont évincées. Elles ressemblent à de vieilles personnes grincheuses lors d'une fête. Pris par l'envie, nous perdons le sens du contexte et du but. Pour naviguer dans le monde des désirs sensuels, il est essentiel d'avoir un esprit curieux. À l'heure actuelle, comment nous sentons-nous ? Comment nous sentons-nous vraiment ? Que ressentons-nous lorsque nous sommes pleinement satisfaits ? Quelle est l'importance de cette sensation pour nous ? Combien de temps devrions-nous passer ...

L'avis des bons amis

Image
En tant qu'étudiants du Dhamma, nous avons besoin de bons amis. Nous avons besoin d’être accompagnés sur le chemin et nous avons besoin dans notre vie de personnes pleines de sagesse et d'intégrité, qui sont prêtes à nous révéler nos angles morts et nos préjugés. Car si nous ne pouvons pas voir nos souillures, comment pourrons-nous jamais les abandonner ?  Le Bouddha nous a appris à considérer les personnes sages qui nous donnent des avis utiles, même douloureux, comme de grandes bienfaitrices. Un dresseur de chevaux dit un jour au Bouddha que lorsqu'il trouvait un cheval impossible à dresser, il le tuait. Il demanda au Bouddha ce qu'il ferait d'un être humain impossible à éduquer. Le Bouddha stupéfia le dresseur de chevaux en répondant : "La même chose que vous. Je le tuerais." Le Bouddha expliqua alors que tuer quelqu'un signifiait cesser de l’éduquer. C'est une leçon importante. Nos bons amis n'ont pas la patience d'un Bouddha. Si nous n...

Être ou ne pas être

Image
  Si Hamlet avait été un prince indien plutôt que danois, il aurait pu soliloquer "Être ou ne pas être, telle est la question. Ou bien être et ne pas être à la fois. Ou encore ni être ni ne pas être". Il aurait certainement rencontré à l’université ce quadrilemme classique, supposé tout englober. Et s'il avait rencontré un moine bouddhiste, il serait peut-être devenu encore plus troublé. Ou peut-être moins. Les moines lui auraient dit que pour un être éveillé, aucune de ces quatre possibilités ne s'applique. Un jour, un brahmane émerveillé demanda au Bouddha s'il était une forme de dieu, d'ange ou de démon. Le Bouddha répondit par la négative. Il lui demanda alors s'il n'était qu'un être humain. Le Bouddha répondit à nouveau que non, il ne l'était pas non plus. Il était Bouddha. En répondant ainsi, il ne proposait pas une nouvelle catégorie d'être. Il donnait un nom à la transcendance au-delà de toute catégorie. La création de catégories ...

Aucune altération de l'esprit

Image
Un matin, alors qu'un groupe de moines conduit par le Vénérable Sāriputta et le Vénérable Mahāmoggallāna entrait dans la ville de Valuntaka pour faire leur tournée d'aumônes, ils furent informés que la laïque Nandamātā avait préparé un repas pour eux et les invitait chez elle.   Après l'offrande du repas, le Vénérable Sāriputta demanda à Nandamātā comment elle avait su que le Sangha arriverait ce jour-là. Elle répondit que tôt le matin précédent, alors qu’elle venait de terminer de chanter les versets de Pārāyana, elle vit le grand roi deva Vessavana qui se tenait devant elle. Il s'exclamait : "Sadhu ! sœur, Sadhu ! sœur." Puis il lui demanda d'offrir un repas au Sangha ce jour même et de lui en dédier le mérite. Entendant cela, le Vénérable Sāriputta dit : "C'est merveilleux, c'est incroyable que vous puissiez converser directement avec un deva aussi puissant et influent." Ses paroles offrirent une opportunité à Nandamātā. El...

Le défi d’un esprit agité

Image
Si votre esprit est agité pendant la méditation, tenter de le forcer à arrêter les pensées est rarement utile. Il existe des moyens plus efficaces de relever ce défi. Par exemple, plutôt que de lutter pour ramener l'esprit vers l'objet de la méditation, vous pouvez simplement essayer de réduire la vitesse du flux de pensées. Laissez la pensée se dérouler comme elle l'entend, à une seule condition : elle doit le faire au ralenti, pensée par pensée. L'intention de ralentir le flux de pensées agit ici comme l'Effort Juste. En peu de temps, l'esprit se lasse du train de pensées et l'abandonne de bon gré. Répétez l'exercice autant que nécessaire. Si l'agitation mentale est un problème à long terme dans la méditation, la cause se trouve le plus souvent dans la façon dont vous traitez votre esprit lorsque vous ne méditez pas, en particulier, c'est dû à une surcharge d'informations dans votre esprit. Si c'est le cas, ayez un peu de co...

Les préférences et les aversions sont des tigres de papier

Image
Les préférences et les aversions sont les tyrans de notre monde intérieur. Elles crient fort, secouent nos corps, nous intimident. Elles hurlent : "fais ceci !" et "ne fais pas cela !". Les préférences et les aversions étouffent toutes les autres voix plus subtiles de notre esprit. Combien de fois avons-nous été poussés à faire et à dire des choses que nous avons regrettées par la suite à cause de cette voix impérieuse : "je veux ceci. Je le veux tout de suite. Ne réfléchis pas, ne doute pas. Tout de suite !" ? Combien de fois avons-nous été poussés par une vague d'aversion à nous abstenir de faire et de dire des choses qui, nous le réalisons rétrospectivement, auraient contribué à notre bien-être et à notre bonheur à long terme ? Le courage, la patience et la longanimité sont essentiels pour prendre des décisions judicieuses dans la vie. Si nous n'affrontons jamais les tyrans internes que sont les préférences et les aversions nous ne s...

Le non-soi et la science moderne

Image
Dans les discours du Bouddha, les exposés sur les quatre éléments et les 32 parties du corps ne sont pas censés être des représentations scientifiques complètes du monde matériel. Ils sont conçus comme des aides à la méditation pour tous ceux qui se consacrent à la pratique de l'abandon de l'identification à la matière en tant que soi ou appartenant à un soi. La science a acquis une connaissance approfondie du monde matériel. Il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas intégrer ses découvertes dans nos réflexions sur le Dhamma. Voici quelques exemples que j'ai trouvés utiles.  Très peu de matière est en effet solide. 99 % de la matière est composée de plasma, un gaz chargé électriquement. Et la matière elle-même ne représente qu'un tiers de l'univers. Nous les humains sommes composés de sept milliards de milliards de milliards d'atomes. 99,999 % de tous les atomes sont de l’espace vide. Si le noyau avait la taille d'un petit pois, l'atome a...

Le temps est précieux

Image
Enfant, je souffrais d'asthme. Lors d'une crise d'asthme, chaque inspiration était ressentie comme l'escalade d'une paroi rocheuse abrupte jusqu'au sommet d'une montagne. Chaque expiration était comme une glissade rapide, bien trop rapide, vers la vallée en contrebas. Les montées semblaient interminables, himalayennes.  Les descentes n'étaient qu'un répit temporaire. Je me réfugiais dans les livres. Ma première passion était les mythes et les légendes du monde antique, à commencer par ceux de la Grèce et de l'Inde. Les livres étaient mes amis les plus chers. Ils étaient toujours à mes côtés lorsque j'en avais besoin. Enfant, je n'aspirais pas à la richesse matérielle. Mais je nourrissais un rêve : celui de posséder un jour, devenu adulte, une bibliothèque. Aujourd'hui, dans mon ermitage, se trouve une belle bibliothèque en bois avec des portes vitrées, un cadeau généreux. L'année dernière, elle a fêté son vingtième anniversaire. J...

La mise en mouvement de la roue du Dhamma

Image
  À la pleine lune de Visākha, par le biais d'une sagesse sublime, le Bouddha réalisa l'éveil suprême. Animé d'une compassion illimitée, il commença bientôt à réfléchir aux moyens de partager les vérités qu'il avait découvertes. Deux mois plus tard, à la pleine lune d'Asalha, il prononça son premier discours, le Dhamma-cakkapavattana Sutta. Ce jour-là, dans le parc aux cerfs de Sarnath, l'auditoire du Bouddha se composait de cinq ascètes. Ces hommes avaient été ses disciples pendant ses années d'austérité. Ils avaient été choisis parce qu'ils étaient les plus aptes à comprendre véritablement le Dhamma. Il leur expliqua la voie du milieu entre l'indulgence sensorielle et l'ascétisme inutile. Il exposa les Quatre Nobles Vérités, l'enseignement à la base de tous les autres enseignements pendant les quarante-cinq années qui suivirent. Après avoir écouté ce discours, l’aîné du groupe, Kondañña, réalisa le premier niveau de l'éveil, l'Entré...

Bien-être et bonheur durables

Image
  Le terme bouddhiste équivalent à l'idée de développement durable est ‘dīgharattaṃ hitāya sukhāya’, traduit par "bien-être et bonheur durables". C'est une motivation importante dans les activités pour accumuler des mérites. Elle fournit également un critère pour décider de la pertinence d'une action. Certaines actions telles que donner et aider les autres en sont de bons exemples. Elles nous procurent un plaisir à court terme tout en contribuant à notre bien-être et à notre bonheur à long terme. Sachant qu'il en est ainsi, nous pouvons nous engager dans de telles actions sans hésitation. Mais il existe également de nombreuses actions qui conduisent à notre bien-être et à notre bonheur durables et qui exigent de supporter un certain degré d'inconfort à court terme. La peur inconsciente de toute forme d'inconfort peut nous inciter à éviter ces actions. Dans d'autres cas, un manque d'attention et de compréhension claire nous rend incapables de pr...

Dukkha à cause de pensées erronées

Image
  Lorsque j'étais jeune moine, je fus très impressionné par un enseignement de quatre syllabes que je reçus d'Ajahn Chah. Il disait "tuk prow kit pit" ou "dukkha à cause de pensées erronées". En d'autres termes, aucune personne, aucune chose, aucune situation ne peut nous faire souffrir si nous évitons les pensées erronées. Ce n'est évidemment pas le cas pour la douleur physique. Quiconque met sa main dans une flamme sera brûlé par celle-ci. Et ce, qu'il s'agisse d'un imbécile ou d'un arahant. La pensée n'a pas d'importance. Mais prenons le cas d'une calomnie vicieuse. Les souffrances mentales subies par les victimes varient considérablement. C'est la façon dont les gens considèrent la question dans leur esprit qui fait la différence. "Penser d'une manière erronée" ne se réfère pas seulement à "la manière erronée de penser". Ceci inclut aussi les cadres dans lesquels nous pensons, par exemple, n...

Attention quand on se sent blessé !

Image
  Un week-end il y a quelques années, j’avais un engagement prévu à la fois le samedi et le dimanche. Peu avant ce week-end, je reçus un appel d’un moine qui voulait m’inviter à une cérémonie. Je lui répondis que j’allais devoir décliner l’invitation, car j’avais un engagement préalable. Quelques jours plus tard, le disciple laïc qui m’avait invité pour le dimanche me contacta pour dire qu’il y avait un imprévu et me demanda si nous pouvions changer la date. Nous trouvâmes une solution : intervertir les événements de samedi et dimanche. Par la suite, le moine découvrit que l’événement que j’avais cité comme raison pour décliner son invitation en fait avait eu lieu le samedi. Il se sentit offensé et dit à plusieurs autres moines que je lui avais menti, que je lui avais dit que j’avais un engagement préalable le dimanche, alors qu’en fait, il devait avoir lieu le samedi. Je pense que nombre de mes lecteurs ont eu des expériences similaires si ce n'est en tant qu'accusé, en tant q...

Sans exception

Image
  Une des forces de l’ordre monastique (Sangha) est que le code de discipline (Vinaya) ne permet aucune exception. Peu importe la séniorité du moine ou son degré de libération, il doit suivre exactement les mêmes règles qu’à ses débuts en tant que moine. Une grande importance est accordée à ce que les aînés donnent un bon exemple. Cette tradition remonte au Bouddha lui-même. Un jour, durant une tournée d’inspection des logements du monastère, le Bouddha et son intendant, le Vénérable Ananda, tombèrent sur un moine souffrant de dysenterie. Le moine était couché sur le sol, couvert d’urine et d’excréments. Quand le Bouddha lui demanda pourquoi aucun de ses compagnons moines ne le soignait, il répondit “parce que je ne fais rien pour la Sangha”. Le Bouddha demanda à Ananda de chercher de l’eau. Ensuite, lui et Ananda lavèrent le corps du moine et le placèrent sur son lit. Plus tard, le Bouddha s’adressa à la Sangha résidante au monastère. “ Moines, vous n’avez ni mère, ni père, qui pu...

L’imprévisibilité de toutes les choses

Image
Dans la Tradition Forêt Thaïlandaise, les enseignants essaient d'éviter les termes techniques et cherchent à enseigner le Dhamma dans un langage simple et terre-à-terre. Ils adoptent parfois un mot ou une expression de tous les jours pour résumer un enseignement clé d'une nouvelle manière. Ils l'utilisent continuellement pendant un certain temps, et lorsque ce mot perd de son attrait, ils en trouvent un autre. Dans les dernières années de sa carrière d'enseignant, Ajahn Cha aimait beaucoup le mot " my nae " (ไม่แน่). Le sens littéral de ce mot est "pas sûr". Appliqué à des événements futurs, il pourrait être rendu par "peut-être/peut-être pas".  Appliqué à l'expérience présente, il souligne l'instabilité inhérente aux phénomènes conditionnés. En mettant l'accent sur l'imprévisibilité de toutes les choses, intérieures et extérieures, Ajahn Cha introduisait une nouvelle perspective sur la contemplation de l'impermanence, u...

Le véritable refuge est intérieur

Image
Un refuge est un lieu de sécurité et de calme. Quelles que soient les circonstances extérieures, un refuge nous fournit tout ce dont nous avons besoin pour survivre et nous épanouir. Le Bouddha a enseigné que le véritable refuge est intérieur et que c'est quelque chose que nous devons créer pour nous-mêmes. À une occasion, il a énuméré dix vertus qui contribuent au sentiment de refuge intérieur : 1) Adopter des limites appropriées pour nos actions et nos paroles. 2) Lire, étudier amplement et en profondeur. 3) Cultiver des relations qui soient bonnes et saines.  4) Être d’un abord facile et ouvert au dialogue. 5) Trouver des moyens et développer des compétences pour contribuer au bien-être de notre communauté. 6) Cultiver l'amour du Dhamma, trouver de la joie dans les enseignements. 7) Faire un effort constant pour abandonner ce qui est malsain et développer ce qui est sain. Faire preuve de diligence, de courage, de persévérance et de résilience dans nos efforts. 8) Être en pai...

Mettā pour soi-même devient naturel et normal

Image
Les techniques de méditation sur Mettā commencent par le plus facile et vont progressivement vers le plus difficile et le plus exigeant. Le méditant commence, par exemple, par diffuser mettā envers lui-même, puis envers les personnes qu'il respecte et qu'il aime, et enfin envers les personnes pour lesquelles il n'éprouve pas de sentiments particuliers. Ce n'est que lorsque l'esprit a été renforcé de cette manière qu'il se tourne vers les personnes envers lesquelles il éprouve de la colère et du ressentiment. Les maîtres de méditation occidentaux font souvent remarquer que si, dans les cultures bouddhistes, le fait de se considérer soi-même comme un point de départ évident pour mettā, ce n'est pas le cas chez leurs étudiants. De nombreux méditants parlent d'une aversion paralysante vis-à-vis d'eux-mêmes et d'un sentiment d'indignité. Dans de telles circonstances, une bonne alternative peut consister à commencer par diffuser mettā envers un cha...

La recherche du Bonheur

Image
  Se pourrait-il que la Déclaration d'Indépendance Américaine ait été influencée par les Quatre Nobles Vérités du Bouddha ? En faisant de la "recherche du bonheur" un "droit inaliénable" essentiel, la déclaration reflète tacitement que le bonheur n'a pas encore été atteint - c'est-à-dire qu'il y a dukkha - mais qu'il peut et doit être recherché. Le bonheur n’est pas un droit, mais nous avons tous le droit de le rechercher sans nuire à autrui. Les bouddhistes pourraient ajouter que la recherche du bonheur ne doit pas non plus nuire à ceux qui la poursuivent. Ils pourraient affirmer que cette capacité à éviter de se faire du mal n'est finalement possible que par l'exploration et l'éducation de notre monde intérieur.  Après avoir appris à désencombrer et à stabiliser notre esprit, nous devons nous interroger sur des questions fondamentales telles que : "Qu'est-ce que le bonheur réellement ? Quelle est la relation entre le bonheu...