Les limites inhérentes au bonheur

 


"Dukkha", la première des Quatre Nobles Vérités, est généralement traduite par "souffrance". Mais sur le chemin de la pratique, une meilleure façon de comprendre ce terme clé pourrait être "l'absence de bonheur véritable". Cette interprétation est étayée par la référence du Bouddha au Nibbāna, la cessation de dukkha, en tant que "paramaṃ sukhaṃ” ou "bonheur ultime".

Le fait de considérer dukkha comme une souffrance et de considérer notre pratique comme un chemin menant à l'élimination de la souffrance peut souvent conduire à des problèmes de motivation. Il peut être difficile de susciter un sentiment d'urgence lorsque nous connaissons des états mentaux sains. Ces états sont agréables et édifiants : il semble aller à contre-courant de les considérer comme de la souffrance.

Il est beaucoup plus facile de comprendre pourquoi les premiers fruits de la pratique du Dhamma peuvent nous empêcher de réaliser le fruit le plus élevé. Nous pouvons toujours apprécier la beauté des états mentaux sains. Mais, en même temps, nous pouvons reconnaître que la joie des états mentaux sains n'est qu'un pâle reflet du bonheur suprême du Nibbāna. Nous pouvons reconnaître les limites inhérentes au bonheur conditionné, même le plus pur, et nous en servir comme d'un stimulant pour poursuivre nos efforts. Le Bouddha a dit un jour que cela avait été un facteur clé de son propre éveil.

Ajahn Jayasāro
30/05/23