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Affichage des articles du novembre, 2025

La voix intérieure

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Nos pensées prennent souvent la forme d'une voix intérieure. On peut d'ailleurs observer que ces pensées-là s'accompagnent généralement de mouvements subtils de la langue, du larynx et des cordes vocales. Un moyen d'arrêter les pensées fugitives consiste donc à appuyer la langue contre le palais et à la maintenir immobile. Quant aux voix elles-mêmes, celles qui nous semblent les plus vraies sont celles qui reviennent le plus souvent. La propagande utilise ce principe : répéter une affirmation encore et encore conduit souvent les gens à y croire, simplement parce qu'ils l'entendent souvent. Dans notre monde intérieur, nous nous identifions aux mots et aux phrases qui reviennent sans cesse, simplement parce qu'ils sont fréquemment répétés. C'est un cercle vicieux : plus certains mots apparaissent, plus nous nous y identifions ; plus nous nous y identifions, plus ils apparaissent. À titre d'exemple, des paroles internes d'autocritique finissent par ...

Reconnaître l’humanité des autres

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Il est vrai que, dans le monde en général, l'existence des autres êtres humains ne dépend pas de nos sentiments à leur égard. Cependant, dans notre monde personnel, les gens ne deviennent des êtres humains à nos yeux que lorsque nous le leur permettons. Refuser de reconnaitre leur humanité est l'un des moyens les plus courants qui nous permettent de les traiter mal. Un facteur important dans le génocide rwandais de 1994 a été le fait que les dirigeants hutus aient à plusieurs reprises qualifié les Tutsis de « cafards ». Le don le plus précieux que nous puissions offrir à ceux qui nous entourent est de reconnaître notre humanité partagée. Nous ne devons pas considérer les autres êtres humains comme des insectes ou des nuisibles. En fait, en tant que bouddhistes, même si nous le faisions, cela n'excuserait en aucun cas la violence à leur égard. Néanmoins, nous pouvons cultiver l'indifférence envers les autres en ignorant leur humanité. Nous pouvons le faire pour obtenir q...

La meilleure indication sur la nature de mettā et de la compassion

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  Les qualités abstraites deviennent tangibles pour nous lorsqu'elles s'inscrivent dans la matière et la réalité concrète. Au fil des siècles les disciples éveillés du Bouddha ont enseigné la sagesse, la compassion et la pureté intérieure avec grande vigueur, plus par leur façon d’être que par leurs paroles. Même les mots qu'ils ont prononcés et qui sont restés gravés dans notre mémoire ne sont pas nécessairement les plus évidents. L'un de mes souvenirs les plus chers d'Ajahn Chah est l’utilisation qu’il faisait d'une particule grammaticale dépourvue de sens, « noh ? » (essayez de prononcer « knock » sur un ton aigu en coupant le « ck » à la fin). Cette particule exprime le sens de « n'est-ce pas ? » et possède un ton familier. Elle suggère une complicité entre l’orateur et l’auditeur qui puisent dans un réservoir commun de valeurs et d’expériences. C'est un son naturellement inclusif, un mot chaleureux qui évoque le « nous ». Jusqu’à ce jour, j’entends ...

Bon comme du bon pain

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  La semaine dernière, je faisais partie d’un petit convoi de voitures lors d’une longue traversée d’une chaîne de montagnes. Alors qu'avançait cette fin d’après-midi fraîche, nous avons décidé de faire une halte. Nous avons garé les voitures et sommes entrés dans un bâtiment abritant un restaurant et des sanitaires à l’étage. À l’ouverture des portes automatiques du rez-de-chaussée, nous nous sommes retrouvés face à une petite boutique, nos yeux tout de suite attirés par les rangées de pains et de pâtisseries tout juste sortis du four, leur parfum délicieux faisant frémir nos narines. Le dispositif était habilement pensé. Installé à l’étage, en sirotant mon café devant le paysage splendide, je me suis rendu compte du grand nombre de souvenirs d’enfance que j’avais accumulés autour de cette odeur du pain chaud, et du fait que chaque souvenir était empreint de bonheur. Cette odeur, pour moi, n'éveillait pas tant l’envie de manger du pain qu’elle ne devenait une sorte d’icône, un...

Les réponses les plus sages aux circonstances difficiles

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  Si quelqu'un vous donnait une gifle (que cela n'arrive jamais !), il serait correct de dire : « Il m'a fait mal. » Peu importe qui vous a giflé, quand cela s’est produit ou quelle était votre humeur à ce moment-là, l'effet serait le même. La gifle a causé votre douleur. Mais l'apparition d'une souffrance mentale et l’émotion elle-même ne peuvent être directement attribuées aux actions d'autrui. Par exemple, il est courant de dire « Ils m'ont mis en colère », mais le fait que vous vous mettiez en colère ou pas et l'intensité de cette colère dépendent de nombreux facteurs principalement liés à vous-même. Votre personnalité et votre tendance à la colère jouent un rôle. Votre humeur au moment de la provocation est un autre facteur. Vos sentiments envers la personne qui a dit ou fait quelque chose que vous trouvez désagréable sont également importants. La mesure dans laquelle vous avez cultivé la pleine conscience, la tolérance et mettā est peut-être le...

Se rendre vulnérable

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  Parmi mes récits favoris, il y a celui d'un malfaiteur tibétain qui, en attaquant une caravane avec ses acolytes, plante accidentellement son épée dans le ventre d'une jument en fin de gestation, provoquant brutalement la naissance du poulain. Avec ses dernières forces, la jument lèche son petit. Le bandit est profondément ému en voyant ce dévouement désintéressé, alors que la jument est à l'agonie et en proie à une terrible souffrance. La cruauté de son propre mépris pour la vie lui saute soudain aux yeux. Le bandit renonce à sa vie de violence et plus tard devient un grand moine. Il semblerait que cette histoire soit vraie. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi quelqu'un serait réceptif à des vérités intemporelles lorsqu'elles sont présentées de manière si vivante et mémorable. Mais le défi consiste à étendre cette sensibilité à des vérités révélées dans des événements plus humbles et quotidiens. La pratique du Dhamma consiste à apprendre à s’ouvrir ...

Déconstruire nos expériences

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  Un vieux dicton dit que, lorsqu'un voleur à la tire voit un saint, il ne voit que ses poches. Parmi toutes les choses auxquelles nous pouvons porter attention, nous faisons des choix: nous accordons la priorité à certaines choses et en ignorons ou en négligeons d'autres. Souvent, cela ne semble pas être le cas, car les choses auxquelles nous prêtons attention semblent se présenter à nous naturellement. La manière dont nous portons attention aux choses est également importante. Nous ajoutons sans cesse des interprétations. Quelqu'un sourit ou fronce les sourcils, se tourne vers nous ou nous tourne le dos, et nous interprétons ces actions et en tirons des conclusions. Ces conclusions semblent faire partie de l'observation elle-même. Dans la pratique du Dhamma, nous apprenons à déconstruire nos expériences. Nous reconnaissons la conscience sensorielle comme conscience sensorielle ; les réactions physiques comme réactions physiques ; les réactions mentales agréables, désa...

Watergate

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  En 1972, le cambriolage du siège du Parti démocrate américain à Washington, D.C. a conduit à la chute du président Nixon. Le cambriolage lui-même a été bâclé, mais ce n'était pas là le seul défaut dans cette idée fondamentalement mal conçue, qui présentait d'énormes risques pour des gains potentiellement insignifiants. La stupidité du tout était époustouflante.  Par la suite, il a été révélé que les conspirateurs avaient opté pour un compromis. Au départ, leur plan était beaucoup plus extrême et dangereux mais ok au lieu de l'abandonner complètement, ils ont opté pour une version édulcorée. Le sentiment de modération et de raison que cela a suscité chez eux les a rendus aveugles à la folie de l'idée dans son ensemble. Les voies du milieu doivent être traitées avec beaucoup de circonspection. Leur potentiel repose sur la sagesse avec laquelle vous choisissez les deux extrêmes entre lesquels vous allez naviguer. Par exemple, se situer à mi-chemin entre le mal et le pire...

Être pleinement présents à nos sensations avec équanimité

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  Notre esprit change si facilement, il est comme un kayak. Notre corps, lui, change beaucoup plus lentement, comme un pétrolier. L'esprit peut soudainement être envahi par la peur, puis s'en libérer tout aussi soudainement. Le corps, lui, a besoin de temps avant de retrouver son état normal. L'adrénaline et le cortisol, produits par le corps en réponse à la perception du danger, ne disparaissent pas à volonté. Le corps reste dans un état d’excitation pendant un certain temps, ce qui peut facilement entraîner de nouvelles vagues de pensées angoissantes. C'est pourquoi, lorsque la peur surgit, nous devons gérer simultanément ses aspects physique et mental. En portant notre attention sur l'expérience physique de la peur avec une attitude curieuse, ouverte et attentive à ce que nous ressentons vraiment, nous nous entrainons à être pleinement présents à ces sensations avec équanimité. Cela calme le corps et en même temps, en dirigeant notre attention vers celui-ci, nous...

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