Mettre les enseignements à l’épreuve de l’expérience

 


Douter de la véracité de quelque chose implique un certain degré de sagesse. Cela signifie que nous ne l’acceptons pas aveuglément. Nous ne sommes pas crédules. Si le doute découle du fait que nous reconnaissons ne pas disposer d'informations suffisantes pour parvenir à une conclusion définitive, c'est un signe d'humilité et de bon sens. Cela nous pousse à chercher les informations qui nous font défaut.

Mais cela comporte des dangers. Il n'est pas toujours facile de savoir quelle quantité d'informations est nécessaire. Au bout d'un certain temps, nous pouvons nous rendre compte que nous avons trop d'informations. Un excès d’information peut être invoqué aussi facilement comme raison de procrastination qu’un manque d’information. Il y a cependant un autre problème : nous supposons que ce sont les informations qui nous manquent. Or, ce n'est peut-être pas le cas, surtout dans la vie spirituelle. Est-il véritablement possible de se libérer de toute souffrance en pratiquant le Noble Octuple Sentier ? Nous pouvons chercher des arguments convaincants dans les suttas ou dans les discours du Dhamma enregistrés, etc., mais nos conclusions ne peuvent jamais être que provisoires, au mieux. Comme le disait Ajahn Chah, les doutes sur le Dhamma ne disparaissent jamais par les mots seuls. Il arrive un moment où nous devons faire un acte de foi. Cela ne nous oblige pas à ignorer nos doutes, mais à reconnaître que nous pouvons seulement confirmer ou réfuter les enseignements qu’en nous efforçant sérieusement et constamment de les mettre à l’épreuve de l’expérience.

Ajahn Jayasāro
18/10/25





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