Apprendre à goûter au Dhamma

 


Adolescent, j'avais retenu de mes études sur les religions asiatiques que simplement séjourner en présence d'un être accompli contribue, par une sorte d'osmose spirituelle, à purifier l'esprit. J'en ai déduit que trouver un tel être et rester aussi proche de lui que possible était sûrement un élément crucial du développement spirituel. Ce genre d'idée est l'une des premières que j'ai rejetées pendant mon séjour en Inde. C'est en observant le comportement des disciples de longue date de grands maîtres que j'ai changé d'avis.

Je fus aussi attiré par l'idée, que l’on trouve dans le bouddhisme theravada, du maître en tant que meilleur ami plutôt que dispensateur de bénédictions. Mais en Thaïlande j'ai également constaté au fil des ans que les élèves proches des maîtres les plus sages pouvaient tomber dans les pièges, vieux comme le monde, de l'orgueil et de la complaisance, de la jalousie et de la rivalité. Quelquefois, il semblait même qu'une longue proximité avec le maître avait exacerbé les souillures mentales de ses élèves plutôt que de les atténuer. La raison ? Je pense que la réponse se trouve dans le Dhammapada. Le Bouddha y compare le Dhamma à de la soupe, l'élève avisé à une langue qui la goûte et l'élève imprudent à une louche.

Pour vraiment connaître le Dhamma, nous devons apprendre à le recevoir. Trouver la vérité est une chose. Savoir quelles sont les conditions qui permettent à la vérité de transformer l'esprit et d’ensuite cultiver ces conditions en est une autre. 

Ajahn Jayasāro
02/12/25