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Affichage des articles du mai, 2025

Upāli Sutta

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  Une des caractéristiques du bouddhisme est qu'il ne reconnaît aucun mérite à essayer de convertir des personnes d'autres croyances. La noblesse de cette attitude peut se constater dans l'Upāli Sutta (MN 56). Upāli est un disciple laïc des Jaïns très connu, qui, suite à un débat avec le Bouddha, s'exclame : « C'est comme si le Bienheureux redressait ce qui est renversé, ou révélait ce qui est caché, ou indiquait le chemin à celui qui s'est perdu, ou tenait une lampe dans l'obscurité pour que ceux qui ont des yeux puissent voir... Je prends refuge auprès du Bouddha, du Dhamma et du Sangha. Dorénavant, que le Bouddha se souvienne de moi comme étant un disciple laïc qui a pris refuge pour la vie. » À sa grande surprise, le Bouddha lui dit de ne pas se précipiter. Upāli est une figure connue de la société. Avant de prendre une décision aussi radicale, il devrait y réfléchir à deux fois. Upāli dit : « Toute autre secte, apprenant que je me convertissais à leurs ...

Comment la destruction des souillures se produit-elle ?

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« Pour celui qui sait quoi, qui voit quoi, comment la destruction des souillures se produit-elle ? Telle est la forme, telle est son origine, telle est sa disparition ; telle est la sensation... telle est la perception, telles sont les formations volitives... telle est la conscience, telle est son origine, telle est sa disparition : c'est pour celui qui sait ainsi, qui voit ainsi, que la destruction des souillures a lieu. » (SN12.23) Dans ce sutta, le Bouddha décrit les causes immédiates ou les conditions vitales qui conduisent à la destruction des souillures. Je vais discuter ici d'une partie de la liste : « Je dis, bhikkhus, que la connaissance et la vision des choses telles qu'elles sont ont une cause immédiate ; elles ne manquent pas de cause immédiate. Et quelle est leur cause immédiate ? Vous devriez dire la concentration (samādhi). » Le Bouddha révèle que la cause immédiate du samādhi est la félicité (sukha) ; la cause immédiate de la félicité est la tranquillité (pa...

La tête n'est pas plus le 'moi' que la plante des pieds

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Une nuit, la semaine dernière, je me suis réveillé aux petites heures. J'ai regardé l'horloge, j'avais dormi un peu plus d'une heure. Soudain, j'ai compris pourquoi je m'étais réveillé. Un insecte s'était introduit dans mon oreille et battait des ailes, probablement pris de panique. J'ai allumé ma lampe de poche et l'ai dirigée vers mon oreille. Finalement, l'insecte fit la chose la plus spirituelle qui soit, il s'échappa vers la lumière. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait, et je savais quoi faire. J'espère qu'aucun d'entre vous qui lisez ces lignes n'a jamais eu à vivre l'expérience d'une petite créature en proie à une crise de panique dans votre tête. Cependant, en tant que méditant, cela peut avoir un côté bénéfique. La tête est le siège physique de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, du goût et, apparemment, de l'activité mentale. Notre sens du 'moi' est fortement lié à la ...

Les manifestations de respect

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Dans ma tradition, les moines manifestent leur respect pour leurs aînés en s’inclinant lorsqu'ils entrent ou quittent leur présence, en joignant les mains en anjali lorsqu'ils leur adressent la parole, en ne se tenant pas debout devant eux lorsque ces derniers sont assis, en marchant un demi-pas derrière eux lorsqu'ils marchent ensemble, etc. Il existe de nombreuses règles. Elles deviennent vite une seconde nature. En suivant ces conventions, un moine montre avant tout son respect envers le Vinaya. Les sentiments que le moine junior peut éprouver pour le moine aîné n'ont aucune importance. Il est généralement, mais pas toujours, préférable (sans que cela soit indispensable) que les moines aînés inspirent le respect sur le plan personnel. Si c’est le cas, leur rendre hommage peut être une expérience joyeuse. Mais considérer comme hypocrite le fait de rendre hommage à quelqu'un que l'on ne respecte pas vraiment sur le plan personnel reviendrait à se méprendre com...

Le respect

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Parmi tous les états mentaux qui contribuent à un esprit heureux et sain, il en est un qui est souvent négligé : le respect. Pourtant, avoir dans sa vie quelqu’un ou quelque chose qui inspire en soi un sentiment de respect est une grande bénédiction. Pour apprécier pleinement le respect, il est nécessaire de prendre le temps d’observer ce qu'il fait naître dans le cœur. Je m'y suis appliqué, et pour moi, c’est un sentiment d'une grande beauté. Je le chéris, et j’éprouve une profonde gratitude envers les personnes dont la manière de vivre l'éveille en moi. Une vie dépourvue de respect est une vie appauvrie et égocentrique. Une vie habitée par le respect est riche et ouverte. Lorsque nait un respect croissant pour le Bouddha, le Dhamma et le Sangha, ainsi qu’une joie à exprimer ce respect par le corps, la parole et l’esprit, alors on est véritablement engagé sur le chemin de l'éveil. Ajahn Jayasaro 13/05/25

Kilesas

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Il est surprenant de constater que le mot « kilesa », généralement traduit par « souillure » et qui désigne les états mentaux qui souillent, corrompent ou polluent l'esprit, est rarement utilisé par le Bouddha. Kilesa est un terme général privilégié par les commentaires. Le Bouddha, quant à lui, préférait regrouper les états mentaux polluants selon leur fonction spécifique. Par exemple, il expliquait la réalisation des quatre niveaux d'éveil en termes d'abandon progressif des dix samyojanas (entraves). Le commentaire propose également sa propre méthode pour classifier les kilesas. L'une est basée sur le niveau de manifestation. Le premier niveau de souillures comprend celles qui sont si grossières qu'elles se manifestent dans les actions et la parole. Au deuxième niveau se trouvent les souillures qui assaillent l'esprit, mais ne se révèlent pas dans les actions et la parole. Le niveau le plus subtil de souillures comprend celles qui sont latentes dans l'espr...

L’insouciance

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C'était l'été 1976. J'avais dix-huit ans et je travaillais comme brancardier pour une société d'ambulances privée à Téhéran. À l'arrière de notre véhicule se trouvaient deux cadavres dans des cercueils qui n'étaient pas sécurisés. Mon ami Mahmood, le patron de la société et le conducteur, finit notre joint et enclencha la sirène. Nous nous lançâmes alors dans une course effrénée hors de la ville, faisant du slalom entre les longues files de voitures, montant et descendant les trottoirs, tandis que les cercueils glissaient d'avant en arrière sur le plancher du véhicule. Nous riions tous les deux aux larmes. Nous étions tous deux, chacun à notre manière, de jeunes hommes malheureux. Maintenant, en repensant à cette escapade et à d'autres, je me souviens clairement du désir envahissant de faire des choses non pas en dépit de leur caractère répréhensible, mais précisément parce qu'elles l'étaient. Non pas en dépit de leur stupidité, mais parce qu...

La méditation en marchant

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Quand, dans sa jeunesse, Ajahn Chah pratiquait la méditation en marchant, il aimait marcher rapidement. Lorsqu’on lui en demandait la raison, il répondait : « Quand je marche vite, les souillures ne peuvent pas me rattraper. » Dans de nombreuses traditions de méditation, on enseigne à marcher lentement. Ici, l'esprit repousse les souillures en portant une attention minutieuse à la posture de la marche. Personnellement, j'ai toujours préféré un rythme similaire à celui de la marche normale, car je trouve que ça facilite l’intégration de la conscience de la méditation en marchant dans la vie quotidienne. La décision de marcher vite ou lentement peut dépendre de l'espace disponible. La marche rapide nécessite un long chemin, environ trente pas ; les changements de direction trop fréquents distraient l'esprit. Pour les méditants qui marchent dans une pièce ou un petit jardin, la marche lente est plus pratique. Lorsque les méditants se sentent somnolents, marcher à reculons ...

Vibhāva Tanhā

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  Quand la vie devient difficile, notre première réaction est de ne pas aimer ce qui se passe. Même dans des pays chauds comme la Thaïlande, des pensées s'enchaînent et font boule de neige. Des pensées telles que  : « Ce n'est vraiment pas le bon moment », « Pourquoi moi ? », « Pourquoi toujours moi ? », « Ce n'est pas juste », « Je n'en peux plus », « Je veux juste que tout cela disparaisse et que les choses redeviennent comme avant ». Et ainsi de suite. Si la boule de neige va dans le sens de « Je suis un nul, bon à rien », la situation devient rapidement très toxique. Vibhava tanhā, l'envie de ne pas être, de ne pas avoir, de ne pas devoir ressentir certaines choses, ne nous aide jamais à faire face aux expériences désagréables. Au contraire, cela rend les choses plus douloureuses, les fait durer plus longtemps et laisse des traces plus profondes. Sous son influence, nous pouvons agir et parler de manière imprudente, avec des conséquences à long terme. La patienc...