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La longanimité est l’incinérateur suprême de la souillure mentale

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  Lors de la première pleine lune de février (Māgha) suivant son éveil, le Bouddha prononça un discours devant 1250 arahants. Ce discours, connu sous le nom d'Ovāda Pātimokkha, résume les principes fondamentaux du Buddhadhamma et fournit ainsi à son auditoire une sorte d'aide-mémoire. La plupart des arahants entreprirent ensuite de propager le Dhamma dans différentes régions de l'Inde. La récitation régulière de l'Ovāda Patimokkha a maintenu une harmonie de base entre les différentes expressions du Dhamma qui ont évolué. Il est intéressant de noter que, parmi toutes les vertus que le Bouddha aurait pu choisir comme incinérateur suprême de la souillure mentale, il sélectionna la longanimité (Khanti). Il est très difficile de permettre à ce qui est inévitablement désagréable d'être ce qu'il est, sans s'efforcer de le détruire, de s'en débarrasser ou de le contrôler. Il est encore plus difficile d'empêcher l'esprit de se mettre en colère, d'être...

Le sens profond de la vacuité

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  Dans le bouddhisme Theravadā, la vacuité n’est pas une entité métaphysique. Ce n’est pas une expérience qu’il faut vivre, il s’agit simplement d’absence. Par exemple, la Thaïlande est vide d’icebergs. La forme de vacuité la plus profonde est l’absence d’attachement à des idées de ‘moi’ et de ‘mien’. ‘Lâcher prise’ ne consiste pas à délaisser quelque chose, ce qui est un abandon, qui sera judicieux ou ne le sera pas selon le contexte et notre intention. Dans la pratique du Dhamma, ‘lâcher prise’ veut dire lâcher prise des pensées de ‘moi’ et de ‘mien’ qui se manifestent durant une activité ou une relation avec autrui.  Certains textes religieux disent que le monde fut créé par une déité il y a quelques milliers d’années. La plupart des textes scientifiques font remonter l’origine du monde au big bang. Selon le bouddhisme, le monde se crée à chaque instant oủ des pensées de ‘moi’ et de ‘mien’ surgissent dans l’esprit. Renoncer à prendre un quelconque refuge dans des pensées de...

Soyons sur nos gardes

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  Lorsqu'ils commencent à étudier une nouvelle langue, les étudiants y découvrent généralement des sons qui n'existent pas dans leur langue maternelle. S'ils sont consciencieux, ils s'efforcent d'apprendre à prononcer ces sons, mais les sons difficiles ne sont pas toujours la cause la plus fréquente d'erreurs de prononciation (et donc de mauvaise communication) dans la nouvelle langue. Les erreurs de prononciation les plus négligées, celles qui s'améliorent rarement avec le temps, ont tendance à se produire lorsque les étudiants trouvent des sons similaires à ceux qu'ils connaissent. Ils supposent que le son étranger est fondamentalement le même que celui qu'ils connaissent et le prononcent comme tel. D'autres pensent que même s'il y a une légère différence, elle est insignifiante et peut être ignorée. Lorsque les étudiants viennent au bouddhisme depuis d'autres religions et cultures, ils découvrent des concepts nouveaux et difficiles. S...

L'amour sans objet

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  Par un soir de froid glacial dans la campagne anglaise, je me trouvais assis près d’un bon feu avec des amis à regarder la télévision. J’avais 19 ans. Tout d’un coup, j’ai senti une vague d’amour presque irrésistible me traverser. Il y avait une raison évidente à cela : mon bras enlaçait ma petite amie de l’époque, une jeune femme qui m’avait dit à de nombreuses occasions qu’elle était amoureuse de moi. Mais je revenais juste de ma première retraite de méditation de 10 jours et je commençais à apprendre à ne pas tirer de conclusions hâtives. Pour une raison ou une autre, je comprenais que ce sentiment n’était pas lié à la jeune femme à côté de moi.  Impulsivement, j’ai essayé de projeter ce sentiment vers la soeur de ma petite amie qui était en face de nous, et je pouvais le faire. Ensuite, j’ai essayé de le projeter vers son copain, et j’y parvenais aussi. Ensuite, j’ai projeté ce sentiment vers des fleurs qui se trouvaient dans un vase sur la table, et finalement, vers la ...

Sans foi aveugle, sans rejet aveugle.

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  À l'époque du Bouddha, un certain dragon (nāga) fut inspiré par les enseignements et prit forme humaine afin de devenir moine. Mais lorsque son corps reprit sa forme originelle durant son sommeil, la supercherie fut découverte et son ordination fut annulée. Le nāga, déçu, accepta la décision avec grâce. À la suite de cet incident, l'entretien rituel avec le candidat lors de la cérémonie d'ordination fut modifié pour inclure la question suivante : "Êtes-vous un être humain ?" En Thaïlande, en signe de reconnaissance de la foi des dragons, les laïcs en robe blanche qui se préparent à l'ordination sont appelés nāgas. On trouve dans les textes bouddhistes de nombreux types d'amanussās (êtres non humains). Pour la majorité des bouddhistes modernes, ces références peuvent être déconcertantes. Ces êtres semblent appartenir au domaine de la mythologie. Heureusement, l'existence des amanussās n'est pas un article de foi pour les bouddhistes, car le bouddh...

Remédier au manque d’attention

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  Oublier ses lunettes ou les clés de la voiture peut être ennuyeux et vous faire perdre du temps, mais cela n’a pas d’impact majeur sur la qualité de la vie. Oublier ses principes, ses valeurs et aspirations spirituelles est beaucoup plus grave. Dans les enseignements du Bouddha, ce genre d’oubli est appelé ‘pamāda’ ou ‘manque de réflexion’. Dans le sens bouddhiste, la pleine conscience n’est pas seulement une connaissance claire et sans jugement du moment présent, mais veut dire garder en tête ses principes, ses valeurs et aspirations spirituelles sans les oublier, ne serait-ce qu’une seconde.  Voici une technique simple pour éviter la distraction dans la vie de tous les jours : dès que vous ressentez l’envie de saisir votre smartphone, arrêtez-vous. Que cela soit pour prendre un appel, vérifier vos courriels ou les réseaux sociaux, arrêtez-vous.  Inspirez profondément trois fois en pleine conscience.  Puis, prenez votre smartphone.  Avec ce moyen simple, la p...

La douleur et la souffrance sont deux choses différentes

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  Il est impossible pour un état mental malsain de coexister avec un état mental sain. C'est pourquoi le moyen le plus simple d'éliminer de l'esprit un état mental malsain est simplement de le remplacer par un état sain opposé. Les états mentaux malsains tels que l'agitation, la peur, l'anxiété, la colère, la dépression, l'apitoiement sur soi-même, sont déclenchés par la douleur physique. Pour un esprit non-entraîné, ces états mentaux malsains semblent faire partie de la douleur elle-même. Mais lorsque nous générons des pensées d'amour bienveillant, d'acceptation inconditionnelle de notre expérience actuelle, toutes les manières dont se manifeste la non-acceptation peuvent disparaître. Bien qu'une certaine douleur physique subsiste, une merveilleuse découverte a été faite : douleur et souffrance sont deux choses différentes.     Ajahn Jayasāro 03/02/24

Méditer malgré tout

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Un moine qui se promenait dans la campagne thaïlandaise décida de passer la nuit sur une colline, à quelques kilomètres d'un village où il avait l'intention de se rendre le lendemain matin pour demander l'aumône. C'était un endroit isolé et paisible. Il pensait qu'il convenait parfaitement à la pratique de la méditation. Mais la paix fut de courte durée. Vers huit heures, une musique forte résonna sur la colline depuis le village où une fête quelconque s’y déroulait. Des chants bruyants étaient accompagnés d'un rythme de tambour fort et insistant. Le moine se leva calmement de son siège et commença à pratiquer la méditation marchée. En marchant d'avant en arrière, il conçut un mantra qui se superposait au son des tambours : tam dee dee, dy pon dee dee ; tam dee dee, dy pon dee dee (faites-le bien, obtenez de bons résultats ; faites-le bien, obtenez de bons résultats). Le son dérangeant ne le dérangeait plus. Il faisait désormais partie de sa méditation. Ajah...

L’effort juste est fondé sur sīla

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  Le Bouddha a enseigné que nous pouvons transformer notre vie grâce à des efforts bien fondés et bien dirigés. Il distinguait quatre types d'efforts : l'effort pour empêcher l'apparition d'états mentaux malsains qui ne sont pas encore apparus ; l'effort d'abandonner les états mentaux malsains qui sont déjà apparus ; l'effort pour cultiver des états mentaux sains qui ne sont pas encore apparus ; l'effort de maintenir et d'amener à maturité les états mentaux sains qui sont déjà apparus.   Dans les commentaires, la cause immédiate de l'effort juste citée par le Bouddha est samvega (urgence spirituelle). Samvega naît dans l'esprit par la contemplation habile de sujets tels que la vieillesse, la maladie, la mort, la fragilité et l'incertitude de la vie, la renaissance. Dans l’esprit ainsi renforcé par samvega, nous suscitons le sage désir (Dhamma-chanda) de nous appliquer dans la voie de la pratique tant que cela nous est possible. Sīla est l...

Reconnaitre ses besoins cachés

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Certaines impuretés mentales reviennent encore et encore et encore. À certains moments, elles semblent faiblir ou être moins souvent présentes, et nous prenons cela pour un signe encourageant de progression dans notre pratique. Et puis, elles réapparaissent sans crier gare et semblent plus fortes que jamais. Cela peut susciter de nombreux doutes quant au Dhamma et surtout quant à notre capacité d’éveil.  Le Dhamma est sans faute et nous ne manquons pas de capacité intérieure. Mais, il y a une partie de nous qui veut qu’elles soient là, et c’est la raison pour laquelle certaines impuretés mentales sont si résistantes. Elles répondent à des besoins psychologiques non-avoués. Notre défi est d’identifier ces besoins et de lâcher prise, ou de trouver un moyen plus sain de les satisfaire. Pour y arriver, nous pouvons nous poser des questions comme : “ Que m’apporte cette impureté mentale que j’ai si peur de perdre ? “  Ajahn Jayasāro 23/01/24

Mahāmaṅgala Sutta (7) : La connaissance approfondie

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Mahāmangala Sutta 7) La connaissance approfondie est une bénédiction La connaissance approfondie (bahusacca) s'acquiert en écoutant et en lisant les enseignements du Bouddha, en s'en souvenant ainsi qu'en en comprenant le sens. Le chemin du Dhamma n'est pas facile et nombreux sont ceux qui s'égarent. Une compréhension claire et précise des enseignements est essentielle pour identifier correctement ce qui est malsain et doit être abandonné, et ce qui est sain et doit être cultivé. Parmi les étudiants du Dhamma, on trouve deux positions extrêmes concernant la connaissance intellectuelle approfondie des enseignements. Dans un groupe, l'étude devient une obsession, une fin en soi. Dans l'autre, l'étude est rejetée comme une distraction inutile du vrai travail de méditation. Le Bouddha a enseigné une voie du milieu. Il a dit que les connaissances sont importantes, que bahusacca est une véritable bénédiction, mais seulement lorsqu’elles sont intégrées dans la ...

Méditer avec l'attention vigilante du chevrier

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  Dans la campagne reculée du centre de l'Inde, un chevrier est assis sur une petite colline sous un arbre, observant ses chèvres qui broutent en dessous de lui. Il est détendu mais alerte, immédiatement conscient du moindre mouvement dans le paysage qui s'étend devant lui. Il aperçoit une file de moines qui marchent sur un chemin de terre. Il sent qu'ils sont inoffensifs, mais ne les quitte pas des yeux jusqu'à ce qu'ils soient passés en toute sécurité.  Une analogie : le méditant est le chevrier qui observe le paysage du corps et de l'esprit. Les chèvres sont des dhammas kusala. L’alerte détendue du chevrier est l’attention vigilante (appamāda) du méditant.  Ajahn Jayasāro 16/1/23

Mahāmangala Sutta (6) La voie Juste

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  Mahāmangala Sutta (6) "S'engager dans la voie juste est une grande bénédiction" “S'engager dans la voie juste” consiste, selon le commentaire, à fonder notre vie sur la foi dans le Triple Joyau, la générosité et cultiver une conduite vertueuse. En nous détournant des fausses valeurs, de l'avidité et de la possessivité, du mal que nous nous faisons à nous-même et aux autres, nous nous tournons vers le Dhamma. Ce n'est que lorsque nous avons clarifié nos valeurs et nos aspirations, et que nous pouvons les garder constamment à l'esprit, qu'elles peuvent se manifester dans notre vie quotidienne. Nous obtenons ainsi un cadre pour aborder la vie, une boussole et un point d'ancrage. La foi dans le Triple Joyau consiste à avoir foi dans le fait que le Bouddha est le maître suprême, que ses enseignements sont vrais et que ceux qui ont profondément réalisé leur vérité sont des guides et les sources d'inspiration les plus fiables. Cette foi sape les for...

Mahāmaṅgala Sutta (5) : Les Bonnes Actions

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  Mahāmaṅgala Sutta 5) “Avoir accompli de bonnes actions dans le passé est une grande bénédiction. " Notre expérience actuelle, les situations dans lesquelles nous nous trouvons et la manière de nous y rapporter, sont influencées par le passé. C'est la loi du kamma. Les effets du kamma ne se limitent pas à une seule vie et sont bien trop complexes pour être décrits en détail. Dans un premier temps, au moins, notre meilleur choix est de faire confiance à la sagesse du Bouddha. Il nous dit que nous bénéficions chaque jour des fruits de nos bonnes actions passées. Il peut s'agir de bonnes actions que nous avons accomplies dans des vies antérieures, mais aussi de choses que nous avons faites ce matin. Parfois, les événements favorables de la vie peuvent être le fait d'une simple coïncidence. Mais la confiance dans la loi du kamma nous permet de rejeter des concepts nébuleux tels que la "chance" et la croyance en des dons du ciel. L'amour et la compassion pour...

Mahāmaṅgala Sutta (4)

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  Mahamangala Sutta 4) "Vivre dans un endroit convenable est une grande bénédiction"  Un endroit peut être considéré comme convenable s’il nous permet d'être à l'abri de la guerre, de la violence endémique, de la famine, des catastrophes naturelles telles que les inondations, ou de la menace de telles catastrophes. C'est un endroit où nous avons accès aux nécessités de base que sont la nourriture, les vêtements, le logement et les médicaments en cas de maladie. C'est un endroit où nous pouvons pratiquer le Dhamma sans être persécutés. La plupart d'entre nous ont la chance de vivre dans un tel endroit. Il est bon de cultiver une appréciation de ce fait. Nous ne devons pas considérer ces conditions comme quelque chose d'acquis. L'endroit le plus approprié et le plus propice est celui où nous pouvons rencontrer et apprendre de ceux qui ont consacré leur vie au Dhamma et qui nous guident et nous inspirent. Un endroit approprié est une bénédiction, mais...

Mahāmaṅgala Sutta (3)

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  Mahamangala Sutta   (3) “Vénérer ceux qui sont dignes d’être vénérés est une grande bénédiction”  “Ceux qui sont dignes d’êtres vénérés” sont ceux qui ont consacré leurs vies à la pratique du chemin du Bouddha. Ce sont des personnes qui ont cultivé les vertus telles que la bienveillance, la générosité, l’intégrité, la patience, la pleine conscience, la paix et la stabilité intérieure, la sagesse, la compassion. En honorant ceux qui incarnent ces qualités, nous honorons les qualités elles-mêmes. Ce faisant, nous contribuons à créer des familles et des communautés qui accordent du poids, la priorité et la prééminence à ces qualités.  Nous pouvons honorer ceux qui en sont dignes par l’utilisation de gestes rituels de respect, comme se prosterner (devant eux). Nous pouvons leur offrir un soutien matériel au moment opportun. Mais, la vénération dont le Bouddha fait les louanges, consiste à établir les qualités que nous admirons chez ces personnes dans nos propres c...

Mahāmaṅgala Sutta (2)

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  Mahāmaṅgala Sutta (2) "S’associer avec les sages est une grande bénédiction”  Au sens bouddhiste, les sages sont ceux qui agissent, parlent et pensent habituellement d'une manière propice à leur bien-être et à leur bonheur à long terme, ainsi qu'à ceux des autres. Les sages peuvent avoir reçu peu d'éducation formelle, Ajahn Chah n'est allé à l'école que pendant quatre ans, mais leur présence élève constamment ceux qui les entourent. En fréquentant des personnes sages, nous élargissons nos horizons, nous acquérons de nouvelles perspectives enrichissantes, nous voyons grandir en nous l'élan vers la bonté et la sagesse. Si nous nous appliquons correctement, nous pouvons même devenir sages comme eux. Tout au moins, nous pouvons absorber une partie de leur sagesse, tout comme les feuilles utilisées pour envelopper des fleurs parfumées peuvent elles-mêmes devenir, après un certain temps, agréablement parfumées. Ajahn Jayasaro 30/12/23

Mahāmaṅgala Sutta (1)

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1) "Ne pas fréquenter les sots est une grande bénédiction". Au sens bouddhiste, un sot est une personne qui agit, parle et pense habituellement d'une manière qui nuit à son bien-être et à son bonheur à long terme ainsi qu'à ceux de son entourage. Les sots peuvent avoir un diplôme universitaire, ils peuvent être riches et réussir dans certains domaines de la vie, mais ils sont comme un poison pour eux-mêmes et pour les autres. Bien sûr, nous n'avons qu'un pouvoir limité dans le choix des personnes avec lesquelles nous passons notre vie, en particulier notre vie professionnelle. Mais nous devrions éviter tout contact inutile avec les sots ; le commentaire explique cela par " ne pas les suivre ou les servir ". En fréquentant des sots, nous perdons facilement de vue nos valeurs. Nous risquons même de nous perdre et de devenir sots comme eux. À la limite, nous risquons de devenir comme les feuilles utilisées pour envelopper les poissons pourris : nous abs...

Donner et prendre

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  La plupart des gens trouvent qu'il est facile de prendre. Parfois, ils pensent que c'est leur droit ; ils se sentent autorisés à prendre toutes les bonnes choses qui se présentent à eux. Parfois, ils ne pensent guère à ce qu'ils prennent jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus et ils se sentent alors en colère. Certaines personnes ont peur de la privation. Elles s'accrochent à tout ce qu'elles peuvent, tant qu'elles le peuvent. Elles se disent "qui sait ce que l'avenir nous réserve ?". Beaucoup de preneurs ont du mal à donner. ”Pourquoi ferait-on cela? Pourquoi assumer une perte délibérée?” se demandent-ils. Il y a aussi des personnes qui trouvent qu'il est facile de donner. Elles trouvent de la joie dans le partage. Elles aiment le sentiment de faire une différence positive dans la vie des autres, même dans les plus petites choses. Ce sont des personnes bienveillantes que l'on appelle 'le sel de la terre'. Elles ne sont peut-ê...

Le lâcher-prise n'est pas synonyme de passivité

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  L'un des disciples d'Ajahn Chah s'était vu attribuer une hutte dont le toit commençait à fuir. Il déplaça sa natte de couchage dans un coin sec et s'accommoda de cet inconvénient. Il pensait pratiquer le lâcher-prise. Ajahn Chah ne fut pas impressionné. Il dit que le moine était stupide. Il ne pratiquait pas le lâcher-prise d'un moine bouddhiste, mais celui d'un buffle. Il aurait dû réparer le toit. Faire la paix avec une situation insatisfaisante n'est pas nécessairement lâcher prise. Le lâcher-prise n'est pas synonyme de passivité. Il ne doit jamais servir à justifier la paresse. Lâcher prise ne signifie pas abandonner ou se débrouiller. Dans le sens bouddhiste, le lâcher-prise se réfère à l'abandon des pensées de moi et mien. Souvent, dans la pratique, la chose la plus importante est de surveiller son esprit. Mais parfois, il suffit de réparer le toit. Ajahn Jayasāro 19/12/23

La pleine conscience sans pensées

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  Une petite expérience : essayez de maintenir un flot de pensées ininterrompu, sans hésitations ni pauses, pendant une minute. C'est très difficile ! Les gens s'exclament souvent avec frustration qu'ils n'arrêtent jamais de penser. En fait, ils s’arrêtent, nous le faisons tous. Il y a de courtes pauses régulières entre les trains de pensées. Voici une pratique de méditation simple, adaptée à la vie de tous les jours. Remarquez les pauses entre les pensées et appréciez-les, prolongez-les si cela vous semble approprié. Plus vous apprécierez et plus vous jouirez de l'expérience de la pleine conscience sans pensées, plus votre dépendance à la pensée s'affaiblira. Ajahn Jayasaro 16/12/23

Observez l'envie

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  Observez l'impersonnalité de l'envie : comment son apparition est conditionnée par une forme visible, un son, une odeur, un goût, une sensation physique, une pensée ou un souvenir. Observez comment l'envie est ressentie au moment où elle se manifeste : le mécontentement, l'agitation, le sentiment de manque.  Observez, en d'autres termes, la souffrance inhérente à l'envie. Observez comment l'envie conditionne d'autres états mentaux malhabiles tels que l'impatience et la jalousie. Observez comment l'esprit cherche des raisons pour justifier l'envie, puis se persuade que ces raisons sont arrivées en premier. Observez comment l'esprit s'efforce de supprimer toute considération sur les conséquences de l'envie pour son propre bien-être ou celui des autres. Observez à quel point le plaisir que procure la satisfaction d'une envie est en grande partie dû à la cessation du stress lié au désir. Ajahn Jayasāro 12/12/23

La vacuité

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  La tournée d'aumône a un caractère rituel. Normalement, aucun mot n'est échangé entre le donateur laïc et le moine, et aucun contact visuel n'est établi. L'autre jour, une femme âgée, après avoir déposé de la nourriture dans mon bol, me demanda la permission de lui poser une question, ce qui est assez inhabituel. Voyant que j'acquiesçais, elle me dit : "Comment puis-je demeurer dans la vacuité ? Je peux le faire pendant de courtes périodes durant la méditation, mais pas dans la vie de tous les jours.”  Je résume ma réponse : il n'y a pas d'état de vacuité à rechercher. Le Bouddha utilisait le mot "vacuité" pour signifier "sans". Ainsi, un gâteau sans sucre dans le bol d'un moine peut être appelé un gâteau "exempt de sucre". Si nous voulons utiliser ce mot en relation avec l'esprit, nous devons nous poser la question suivante : exempt de quoi ? L'absence de pensée pendant la méditation n'a de valeur que si ...

Les limites judicieuses de la vie

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  Imaginez un orchestre symphonique jouant les grandes œuvres de Mozart ou de Beethoven. Imaginez les solistes, le chef d'orchestre. Imaginez ensuite : chaque moment de virtuosité et de créativité de ces musiciens dépend de leur maîtrise des manuscrits écrits par le compositeur il y a des centaines d'années.  Les musiciens n'ajoutent pas de nouvelles notes de leur propre chef et n'omettent aucune des notes originales. Pensez à un grand acteur qui interprète l'un des célèbres soliloques de Shakespeare. Le talent et la créativité de l'acteur ne sont pas limités par le texte. Au contraire, les mots de Shakespeare lui permettent de s'exprimer pleinement. Pensez aux grands sportifs au sommet de leur performance. Leur excellence n'est pas entravée, mais reçoit son caractère spécifique, par les règles de leur sport. Dans tous les domaines de la vie, des limites judicieuses nous empêchent de tomber dans le piège de l'habitude et de la complaisance. Elles nou...

Cessons de faire de notre personnalité une affaire personnelle

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  Bhava tanhā est le désir d'être ou de devenir. Il prend racine dans l'hypothèse fondamentale que nous possédons un moi stable et autonome. Bhava tanhā est le désir permanent de sécurité et de bien-être pour ce supposé moi. Il peut se manifester par le désir d'être riche, d'être célèbre, d'avoir du succès, d'être puissant, d'être respecté, d'être apprécié, d'être aimé. Il peut même prendre la forme d'un désir d'être une bonne personne. Cela nous amène à nous investir profondément dans des idées sur qui nous sommes. Et ces idées sont étroitement liées à la manière dont nous pensons être perçus par les autres. L'inconvénient devient évident lorsque les gens ne nous perçoivent pas comme nous voulons, ou pensons que nous méritons, d'être perçus. Dans les cas les plus bénins, cela peut entraîner un sentiment de dépit, d'être incompris et de ne pas être apprécié. Plus sérieusement, cela peut provoquer un malaise aigu, de la confusion, ...

Le piège de l'avidité

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  De nombreuses personnes demandent aux moines comment se libérer de la colère. Beaucoup moins leur demandent comment se libérer de l'avidité. Voir le danger de l'avidité et apprendre à s'en libérer est un élément essentiel de la pratique du Dhamma, trop souvent négligé.  L'avidité trouve du plaisir dans les choses qui mènent à l'esclavage. Elle lie les êtres à la boucle de la renaissance.  L'avidité est comparée à une liane. Elle étrangle ses victimes comme une liane étrangle un arbre.  L'avidité est difficile à abandonner ou même à vouloir abandonner. Elle est comme une teinture qu'il est extrêmement difficile d'enlever d'un tissu. L'avidité colle à l'esprit, comme la viande déposée sur une poêle chaude. L'avidité nous entraîne vers les royaumes inférieurs, tout comme une rivière au débit rapide nous entraîne vers l'océan. L'avidité s'accroche à l'esprit comme le piège à glu du singe s'accroche à ...