Feuilles Jaunes

  Une bonne pratique dans la vie quotidienne consiste à s'entraîner à prendre conscience des vertus dont font preuve les personnes qui nous entourent et à apprendre à apprécier sincèrement ces qualités. Un moyen habile que nous pouvons utiliser est de répéter intérieurement une courte phrase lorsque nous voyons quelque chose d'inspirant : " C'est bien ! C'est vraiment bien ! C'est tellement bon".  Les vertus que nous pouvons observer et célébrer comprennent les actes de générosité, l'honnêteté, le travail acharné, la patience, l'humilité, le calme, l'intelligence employée pour le bien commun. Plus nous accordons d'importance à cette pratique, plus nous serons sensibles à la vertu humaine, et plus nous serons joyeux. Avec la sagesse, nous pouvons voir les gens comme des porteurs des vertus plutôt que comme leurs propriétaires, et ce faisant, la jalousie s'estompe.  Ouvrir les yeux sur la bonté ordinaire et quotidienne qui nous entoure pe...

  J'ai eu la chance d'avoir des maîtres remarquables dans ma vie. En les observant, je suis parvenu à certaines conclusions quant aux qualités d'un bon enseignant. En voici quelques-unes : Les bons maîtres enseignent d'une manière qui est appropriée au moment, au lieu, à la personne et au groupe. Les bons maîtres mettent en pratique ce qu'ils prêchent. Les bons maîtres ne font pas étalage de leur savoir pour le plaisir de le faire. Ils dispensent les enseignements qui sont les plus utiles à leurs étudiants, de la même manière que les médecins dispensent des médicaments à leurs patients. Les bons maîtres n'exigent pas une obéissance ou une loyauté aveugle. Ils sont sincèrement ouverts aux suggestions et créent les conditions dans lesquelles les étudiants se sentent capables d'offrir ces commentaires. Les bons enseignants ne recherchent pas la dévotion personnelle, même s'ils en sont souvent l'objet. Ils ne facilitent pas un tel dévouement, ne l'en...

En expliquant comment devenir adroit avec les mécanismes de l'esprit, le Bouddha a comparé la méditation à des jeunes gens qui regardent leur reflet dans un miroir. S'ils voient une saleté sur leurs visages, ils font un effort pour l'enlever. Si leurs visages sont propres ils se sentent heureux. De même, les méditants doivent régulièrement examiner leur esprit, car "les dhammas sains se développent grâce à l'introspection".  "Suis-je souvent enclin au désir ou en suis-je habituellement exempt ? Suis-je souvent enclin à la malveillance ou non ? Suis-je souvent envahi par la torpeur et la somnolence ou en suis-je exempt ? Suis-je souvent agité ou habituellement calme ? Suis-je souvent assailli par le doute ou en suis-je exempt ? Suis-je souvent en colère ou habituellement sans colère ? Mon esprit est-il souvent souillé ou sans souillure ? Mon corps est-il souvent agité ou habituellement détendu ? Suis-je souvent paresseux ou habituellement énergique ? Mon e...

Entraîner l'esprit peut être comparé à l’éducation d’un jeune enfant. Tout comme le bien-être de leur enfant est toujours de première importance pour les mères, le bien-être de l'esprit doit toujours être une priorité pour les pratiquants du Dhamma.  Tout comme les mères sont sensibles à la moindre menace pour leur enfant, les pratiquants doivent être sensibles à la première apparition subtile de souillure dans leur esprit. De même que les mères se précipitent pour faire face sans délai à toute menace pour leur enfant, les pratiquants doivent se précipiter pour traiter efficacement les souillures, avant qu'elles ne prennent de l'ampleur dans leur esprit.  Tout comme les mères s'efforcent sans relâche de favoriser le bien-être de leur enfant, les pratiquants doivent s'efforcer sans relâche de favoriser des dhammas sains dans leur esprit.  Tout comme les mères doivent savoir quel est le bon moment pour être strictes et quel est le bon moment pour être douces, quel...

Les personnes astucieuses peuvent faire passer n'importe quelle opinion pour raisonnable en la présentant comme un "juste milieu". Il leur suffit de choisir une opinion plus extrême que la leur et une autre moins extrême. Puis ils proclament simplement que leur point de vue - un point de vue "modéré, équilibré" - se situe à la bonne distance entre ces deux options manifestement déraisonnables. Pour les personnes qui n'ont ni le temps ni l'énergie d'étudier toutes les options possibles sur le sujet, une position qui semble être la voie du milieu est très attrayante. Et c'est ainsi que de nombreux points de vue erronés sont facilement adoptés. Dans son premier discours, le Bouddha présenta son enseignement comme une voie du milieu. Mais pour lui, il ne s'agissait pas d'un simple artifice rhétorique. L'opinion dominante parmi les gens de sa génération était que la vie offrait un choix binaire simple. Le premier choix était la recherche d...

  La pensée en elle-même n'est pas une ennemie de la méditation. Elle est un phénomène naturel. Elle devient un problème lorsque nous ne sommes pas conscients de la pensée en tant que simple pensée, que nous nous y accrochons et que nous lui donnons une importance non méritée. Le corps ressent un courant d'air frais et frissonne involontairement. L'oreille entend un son et la pensée " chant d'oiseau " surgit spontanément dans l'esprit. Le frisson et la perception sont tous deux de simples réactions à des stimuli. L'un physique et l'autre mental. Dans les deux cas, l'esprit non protégé par la pleine conscience et la sagesse aura tendance à ajouter quelque chose à la réaction initiale. Dans le cas du frisson, l'ajout peut être une vague d'aversion à l'inconfort. Dans le cas d'une perception mentale, l'ajout peut être alimenté par l'inconfort ou le plaisir mais il se manifestera généralement sous la forme d'un courant d...

  Quelqu'un m'a récemment dit qu'elle essayait d'encourager son fils à méditer. Il se plaint que c'est ennuyeux. Elle lui dit que c'est seulement ennuyeux parce qu'il perd sa pleine conscience ; s'il persévère, l'ennui disparaîtra. Le fils n'est pas convaincu. Il n'aime pas qu'on le pousse à faire quelque chose qu'il ne veut pas faire. En conseillant son parent, j'ai dit que, quel que soit le type de carrière que son fils poursuivra, il y aura toujours des moments où il devra faire des choses qu'il trouve inintéressantes. Si sa réaction habituelle est de s'ennuyer et de perdre toute motivation, il n'obtiendra jamais la constance dans l'effort nécessaire pour réussir. L'ennui est un état mental désagréable qui le minera toute sa vie. Je lui ai suggéré de demander à son fils s'il était prêt à accepter que l'ennui fasse partie de sa vie jusqu'au jour de sa mort. Je lui ai demandé de lui expliquer comme...

Où trouver une bonne personne dans ce monde ? En fin de compte, cela n'existe pas. Mais ce qui existe, sans aucun doute, ce sont des moments de bonté - des actions, des paroles et des courants de pensée motivés par des états mentaux sains. Nous pourrions alors considérer qu'une bonne personne est une personne qui manifeste la bonté de manière constante et fiable par le corps, par la parole et par l’esprit. Nous n'avons pas besoin d'essayer d'être une bonne personne, ni de nous sentir mal parce que nous ne sommes pas aussi bons que nous aimerions l'être ou que nous pensons devoir l'être. Nous devons simplement faire l'effort de manifester la bonté aussi souvent que possible chaque jour. Puis y trouver de la joie. De cette façon, nous honorons les Trois Joyaux, où que nous soyons et quelle que soit la tâche que nous accomplissons. Ajahn Jayasāro  2/07/2022

Souillure est le nom donné aux états mentaux qui obscurcissent et souillent l'esprit, et qui empêchent les bonnes qualités de s'établir en lui. La liste des souillures trouvées dans les Discours fournit des listes de contrôle aux méditants pour évaluer leur progression dans le Dhamma.  Si, dans l'ensemble, ces souillures semblent s'estomper dans nos vies, alors nous pouvons en conclure que nous sommes sur la bonne voie. Si, en revanche, elles augmentent, il est temps d'envisager des remèdes spécifiques.  Tant que les souillures subsistent, il est aussi difficile pour l'esprit d'absorber le Dhamma que pour un tissu sale et taché d'absorber une teinture fraîche.  L'une des listes les plus étendues est celle des 16 Upakkilesa (M.N.7). Abbhijjhavisamalobha : convoitise, avidité immorale Byāpāda : mauvaise volonté, malveillance Kodha : colère Upanāha : rancune, malveillance Makhra : dénigrer les autres, les décrier, les rabaisser Palāsa : s'élever, se...

  Quand nous pensons sans sagesse à nos erreurs passées, nous nous voyons comme des malfaiteurs. Nous pensons “ J’ai été tellement mauvais. Je suis tellement mauvais “. Le résultat est la culpabilité. La culpabilité est une cause de souffrance. Elle nous fait tourner en rond. Elle n’a pas d’issue.  Quand nous pensons à nos erreurs passées avec sagesse, nous pensons, “ Ça, ce n’était vraiment pas bien, c’était idiot, j’ai mal agi “. Le résultat est un sentiment de honte. La honte est un facteur mental qui mène à la libération de la souffrance. Elle nous motive à abandonner les causes de nos erreurs. Elle offre une issue.  Quand nous pensons sans sagesse à nos succès passés, nous pensons, “ J’ai été si bon, je suis si bon “. Le résultat est l’orgueil, la suffisance et l’ingratitude. Plus nous avons du succès, plus notre sens du soi est renforcé, plus nous sommes sensibles aux louanges et aux reproches.  Quand nous pensons à nos succès passés avec sagesse, nous pensons ...

La nuit dernière, j'ai fait un rêve. Dans ce rêve je pensais : « demain nous partirons tôt et marcherons dans les montagnes presque toute la journée. D’ici à ce que je sois libre d’écrire l'enseignement de mardi, il sera tard dans la nuit en Chine. Rédigeons donc quelque chose maintenant ». À ce moment-là, une réflexion sur le Dhamma est apparue dans mon esprit qui m'a beaucoup plu. J’ai souri de contentement. Puis je me suis réveillé. J'ai regardé par la fenêtre le ciel clair et étoilé au-dessus des montagnes. Le souvenir du rêve a surgi dans mon esprit avec une grande clarté. Je me suis souvenu de mon inquiétude concernant la parution de l'enseignement, et alors j'ai réalisé que je ne me souvenais pas de l'enseignement lui-même. J'ai rigolé. Puis je me suis dit : « Eh bien, commencer une journée par un rire n'est pas si mal. La première fois, je pense, en 64 ans. Pourquoi ne pas écrire ce qui vient de se passer ?”.  Et c'est ce que j'ai fai...

Dans la plupart des tests académiques, les étudiants peuvent être sûrs que toutes les questions qui leur sont posées dans un examen ont une réponse et qu'ils détiennent (à condition d'avoir bien révisé) toutes les connaissances nécessaires pour y répondre. En dehors de la salle de cours, nous ne pouvons pas être sûrs que les questions qui nous sont posées soient légitimes. Elles peuvent être mal formulées. Il peut s'agir de questions triviales cachant des problèmes plus importants. Elles peuvent ne pas avoir de réponse du tout. Peut-être ne disposons-nous pas des connaissances nécessaires pour répondre à ces questions. Nos connaissances peuvent être défaillantes ou incomplètes. Nous n’avons pas besoin de nous sentir opprimés par le doute et l'incertitude. Ce ne sont pas des ennemis à écraser. Ce sont des états mentaux à reconnaître et à intégrer dans nos réflexions. La soif de certitude constitue une entrave plus importante que l'incertitude. Une relation mature ave...

Ajahn Chah enseignait souvent à ses élèves : « si vous prenez soin de vos préceptes, vos préceptes prendront soin de vous ». Le Bouddha a enseigné que si vous cultivez mettā pour tous les êtres sensibles, alors les êtres sensibles éprouveront mettā pour vous. Dans les suttas, il est dit que celui qui a bien développé mettā "est aimé à la fois par les humains et les non-humains". À une autre occasion, le Bouddha dit :      Dhamma hare rakkhati dhammācarim.      Le Dhamma protège ceux qui pratiquent le Dhamma. Ce sont des énoncés fondamentaux tellement simples. Je les ai appris au début de ma vie monastique et je n'en ai jamais douté. Plus je vieillis, plus ils me semblent profonds. Puissent-ils être également un refuge pour tous mes lecteurs. Ajahn Jayasaro 14/06/2022

Se sentir impuissant et sans choix est déprimant. Mais avoir trop de choix peut nous paralyser. Quand il existe un grand nombre d'options disponibles, la peur de faire le mauvais choix, ou de ne pas faire le meilleur choix absolu, peut nous mener à ne pas choisir du tout. Il y a tant d'enseignements et de traditions bouddhistes parmi lesquels choisir de nos jours. C'est merveilleux que dans le monde moderne, nous puissions accéder aussi facilement au Dhamma. Mais cet accès facile comporte ses propres dangers. Si nous pouvons allumer ou éteindre le Dhamma en touchant un écran, nous pouvons perdre le sens de sa nature précieuse.  Il peut devenir juste une chose de plus que nous avons regardée aujourd'hui, absorbante sur le moment mais bientôt étouffée par toutes les autres choses. Au lieu de profiter de la technologie pour être encouragés, mis au défi et renforcés dans notre pratique, nous risquons de devenir de simples consommateurs de Dhamma, des accumulateurs de clips ...

Un jour, le Bouddha a raconté comment Araka, un maître du passé lointain, inspirait à ses disciples le sens de l’urgence. Araka le faisait, dit-il, en utilisant un certain nombre d’images inspirantes : Tout comme une goutte de rosée sur la pointe d’un brin d’herbe disparaît au lever du soleil, de même la vie humaine est comparable à une goutte de rosée.  Tout comme lorsque la pluie tombe à grosses gouttes, les bulles qu’elle crée sur une surface d’eau disparaissent aussitôt, de même la vie humaine est comparable à une bulle d’eau. Tout comme une ligne dessinée dans l’eau par un bâton disparaît aussitôt, de même la vie humaine est comme une ligne dessinée dans l’eau. Tout comme un torrent de montagne rapide, qui charrie des déchets flottants, n’est pas tranquille un seul instant mais se précipite toujours plus loin en tourbillonnant, de même la vie humaine est comme un torrent de montagne. Tout comme un homme fort pourrait former une boule de salive sur le bout de sa langue et la cr...

Pour nous défaire des souillures, nous devons les voir et les regarder sans aucun sentiment d’appropriation ou d'identification. La meilleure façon de les révéler dans notre esprit est d'essayer de maintenir l'attention sur les états mentaux habiles qui s'y opposent directement. Rien ne révèle aussi clairement notre dépendance à l'égard des activités mentales futiles que l'effort de maintenir l'attention sur la respiration. Rien ne révèle aussi clairement notre dépendance au corps et à ses plaisirs que la contemplation des caractéristiques peu attrayantes du corps (asubha). Rien ne révèle aussi clairement notre addiction à la rancune, au ressentiment et à la négativité générale que la méditation mettā. Rien ne révèle aussi clairement notre complaisance et notre négligence que la méditation sur la mort. L’esprit dupé a tendance à se détourner des souillures ou cherche à les justifier, voire à prétendre qu'il s'agit de bonnes choses. Les méditants veul...

Le Bouddha faisait référence aux vertus de kataññū et katavedī comme indicateurs d’un esprit bon et noble.  Kataññū veut dire ne jamais oublier ni minimiser les actes de bienveillance et de gentillesse dont nous avons bénéficié, aussi petits soient-ils. Cela veut dire apprécier pleinement la valeur de ces actes. Cela inclut une réflexion sur les innombrables actions bonnes et bienveillantes qui se déroulent tous les jours dans le monde et qui montrent une voie au-delà de ses horreurs. Katavedī signifie chercher à honorer tout acte de bienveillance et de gentillesse, surtout ceux dont nous avons bénéficié directement. Nous le faisons en ne prenant pas pour acquis ce que nous avons reçu mais en nous y rapportant d’une manière juste. Cela peut inclure exprimer notre gratitude envers nos bienfaiteurs par la parole quand c’est approprié, mais, bien plus encore, de le faire à travers nos actions. Cela signifie faire le meilleur usage de tout ce que nous avons reçu pour accomplir de bon...

Les discours des grands maîtres de la tradition de la forêt thaïlandaise contenaient souvent une imagerie martiale. Les souillures sont décrites comme nos ennemis acharnés, cruels, rusés et sans scrupules. Le méditant doit les tuer ou du moins - pour utiliser une métaphore empruntée à la boxe - les faire sortir du ring. Cette façon de parler de la pratique est compréhensible étant donné que les auditoires étaient pour la plupart des moines dans la force de l'âge.  L'image du guerrier spirituel est puissante pour de jeunes hommes. Pendant quelques années, j'ai été l'un de ces jeunes hommes et j'étais convenablement inspiré. Cependant, avec le temps, j'en suis venu à considérer les souillures d'une manière légèrement différente. Je vois maintenant l'intérêt d'étudier les façons dont les souillures les plus tenaces semblent répondre à certains besoins profonds en nous. Si nous sommes engagés dans une guerre, c'est une guerre civile, et nous avons de...

En grandissant, j'ai adopté le principe de penser par moi-même et de remettre en question l'autorité. Je supposais que les autorités qu'il fallait constamment interroger étaient politiques, économiques, religieuses ou culturelles. C'est lorsque j'ai découvert le bouddhisme que j'ai réalisé qu'il existe une autre autorité puissante, à bien des égards la plus puissante de toutes. J'ai appris comment nos vies sont plus opprimées et appauvries par les souillures de notre propre esprit. Il existe de nombreux dictateurs intérieurs qu’on suit servilement, dans tous les pays du monde, sans se poser de questions. Il s'agit de l’Avidité, de l’Aversion et de la Conviction. La dévotion à ces dictateurs dépasse les frontières politiques et les classes sociales. Adolescent bouddhiste, j'ai acquis une certitude qui m'accompagne encore aujourd'hui. Ce n'est qu'en intégrant la voie du Bouddha vers la sagesse, la compassion et la liberté intérieu...

  Parfois, la pratique du Dhamma donne l'impression qu’elle rend la vie plus sombre et plus pesante, et non plus lumineuse et plus légère. Si c'est le cas, cela peut être le signe que vous vous êtes égaré. Votre pratique a été détournée par le besoin d'obtenir, d'être, de devenir. Il est temps de changer d'attitude. Il est temps que l'aspiration à se débarrasser de tout ce qui vous emprisonne balaye les efforts égocentriques. Mais il y a une autre obscurité. C'est l'obscurité croissante qui entoure ceux qui creusent une montagne de souillures. Alors qu'ils creusent de plus en plus profondément dans leur montagne, la lumière qui les animait autrefois diminue et s'estompe. Des doutes peuvent surgir. Ils ne savent pas quelle est la dimension de la montagne et combien il reste à parcourir. Les grands enseignants disent : “soyez patient, continuez à creuser. Si vous persévérez, vous déboucherez. Le trou deviendra un tunnel. Tout deviendra lumineux. So...

La signification de dukkha comme l'une des trois caractéristiques de l'existence est différente de la signification de dukkha comme Noble Vérité. Dans les trois caractéristiques, dukkha fait référence à l'instabilité inhérente à tous les phénomènes conditionnés impermanents. Dans les Quatre Nobles Vérités, dukkha fait référence à l'expérience de l'esprit non éveillé. Cet esprit réagit habituellement à un monde intérieur et extérieur caractérisé par l'impermanence et l'instabilité, par le désir et l'attachement. Ici, dukkha est un sentiment de manque, d'incomplétude, de vide, d'insatisfaction, inséparable d'une vie fondée sur de telles réactions.   L'apparition d'un Bouddha n'affecte pas de dukkha dans le "tilakkhana", qui s'ancre dans la nature même de l'existence. En revanche on peut éliminer complètement dukkha en tant que Noble Vérité par la pratique des enseignements du Bouddha. Ajahn Jayasāro 17/05/2022 

Il y a 2500 ans, dans l’Inde du Nord-est, assis sous un arbre de Bodhi, le Bouddha réalisa la véritable nature de toute existence et découvrit les moyens nécessaires à cette réalisation. Pour résumer son éveil, il dit avoir identifié Quatre Nobles Vérités (ou Vérités anoblissantes) et les devoirs à accomplir par rapport à chacune d’entre elles. Il dit que c’était parce qu’il était conscient d’avoir parfaitement accompli ces devoirs qu’il savait qu’il était Bouddha.  Il y a dukkha. Il doit être complètement compris.  Dukkha a une cause. Elle doit être abandonnée.  Il y a la cessation de dukkha. Elle doit être réalisée.  Il y a une voie menant à la cessation de dukkha. Elle doit être suivie. Le Bouddha ne nous a pas laissé une liste de dogmes auxquels il nous faut croire. Nous devenons véritablement Bouddhistes par notre effort de pratiquer l’ensemble du Chemin Octuple, afin de complètement comprendre dukkha, abandonner sa cause et réaliser sa cessation. Ajahn Jayasār...

Lorsque je suis entré au monastère, j'ai été inspiré par un certain jeune moine. Il me semblait incarner les vertus monastiques de patience, de diligence, de retenue, de bienveillance, de bonté et de calme que j'admirais tant. Un jour, j'ai été choqué de découvrir que le moine avait défroqué. J'ai appris par la suite que ce que j'avais pris pour de la modestie et du calme était en fait de la timidité et de l'insécurité. Le doute et la confusion avaient envahi son esprit. Pour lui, chaque jour au monastère avait été une lutte. Je me suis rendu compte à quel point je m'étais projeté en lui. Mon désir de trouver un bon modèle m'avait rendu aveugle à sa douleur. Les expériences de ce genre nous montrent à quel point nous pouvons nous tromper sur quelqu'un et constituent des opportunités importantes d'apprentissage. En y réfléchissant, nous comprenons mieux comment nos désirs et nos craintes, nos espoirs et nos attentes influencent notre perception de...

En général, on voit mieux un objet lorsqu’on l’éclaire. Mais parfois, la lumière nous montre que nos perceptions étaient erronées. En fait, nous étions en train de regarder quelque chose de tout à fait différent de ce que nous supposions regarder. De temps à autre, nous découvrons que le serpent qui se trouve en travers de la route est une corde ou la corde un serpent. Grâce à la méditation, nous apprenons à faire la lumière sur notre expérience. En conséquence, certaines choses, comme la laideur de la colère et la beauté de la bonté, deviennent beaucoup plus claires pour nous. Par conséquent, nos valeurs et nos priorités changent. D'autres choses, clairement mises en lumière, nous semblent maintenant insignifiantes. La plus importante de ces choses est la perception de soi. Ce que nous percevions auparavant comme solide et fiable, le lieu et le propriétaire de l'expérience, est considéré comme n'étant rien de tout cela. Nous trouvons plutôt un flux conditionné de phénomène...

Chaque acte de kamma (action volontaire), aussi insignifiant soit-il, a des conséquences sur notre bien-être physique, moral et spirituel. Le kamma malsain, motivé par la souillure, entraîne une augmentation de la souffrance. Le kamma sain, motivé par la vertu, conduit à une réduction de la souffrance, et finalement à la libération. Avec le kamma que nous produisons, nous créons ce que nous sommes dans le moment présent et dans le futur. Les résultats du kamma que nous avons créé dans le passé, tant dans cette vie que dans les vies antérieures, sont appelés 'vipāka'. On y fait souvent référence de manière informelle en tant que " vieux kamma ". Le Bouddha a fortement réfuté l'idée que nos vies sont déterminées par l'ancien kamma. Vipāka n'est pas le destin ou la destinée. Si c'était le cas, il n'y aurait pas de chemin octuple, pas de libération, pas de bouddhisme. Le vieux kamma ne détermine pas notre vie mais, jusqu'à ce que nous réalisions le...