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Affichage des articles du 2025

La bonté doit être intégrée

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L’une des façons dont les gens justifient leur dureté et leur égoïsme est d'affirmer que ce sont des traits qui permettent de « réussir dans le monde réel ». La bonté, disent-ils, est admirable, mais elle vous rend faible et crédule. Au fil des années, j’ai parlé avec tant de parents — des pères en particulier — qui veulent que leurs enfants soient bons, mais pas trop bons. Ils redoutent que s'ils sont trop bons, ils ne puissent pas survivre dans le monde d'aujourd'hui, qu’ils soient piétinés par des gens sans scrupules. Il est toujours frappant de constater avec quelle assurance certaines personnes affirment des idées auxquelles elles n’ont jamais véritablement réfléchi. Cela est particulièrement évident lorsque la conversation porte sur la religion. Concernant la bonté, je fais remarquer à ces personnes que, dans le bouddhisme, une personne faible et crédule ne serait pas considérée comme véritablement bonne,  tout comme une personne impitoyable et égoïste ne serait p...

La perspective bouddhiste de la personnalité

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Classifier les personnalités humaines est une pratique très répandue depuis très longtemps. L'astrologie, avec ses douze signes du zodiaque, est probablement la classification la plus ancienne. D'autres systèmes sont devenus très connus au cours du siècle dernier, notamment l'ennéagramme, qui distingue neuf types de personnalité, et le modèle Myers-Briggs, qui en compte seize.  Ces systèmes ont tous en commun leur caractère persuasif. Plus les gens se regardent eux-mêmes et les autres à travers ces catégories, plus celles-ci semblent exactes. Dans le bouddhisme, l'essentiel n'est pas de savoir dans quelle catégorie de personnalité on entre, mais quelle relation l’on entretient avec cette personnalité. L'attachement à la personnalité, quelle que soit sa nature, est au cœur de la souffrance. La pratique du Dhamma consiste à apprendre à voir la réalité impermanente, insatisfaisante et non personnelle, de tout ce à quoi nous nous accrochons comme étant le soi ou app...

Aristote et Galien

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  Aristote et Galien ont exercé une influence déterminante sur la médecine occidentale. Il est étonnant de constater que leurs idées erronées ont été acceptées très longtemps. Aristote, par exemple, croyait que le cœur physique était le siège de la cognition, car ses battements le faisaient paraître « vivant ». Le cerveau, en revanche, lui semblait « froid et inerte » et constituait donc un simple organe de refroidissement. Il a également appliqué à la reproduction humaine son idée philosophique selon laquelle la forme vitale modèle la matière inerte, ce qui a renforcé des idées misogynes pendant des siècles. Les idées de Galien sont devenues des dogmes qui ont paralysé le progrès de la médecine pendant plus de mille ans. Il croyait notamment que le sang circulait dans une seule direction, qu'il était créé dans le foie et consommé dans l'organisme. Il était partisan de la dissection, mais uniquement sur les animaux. Sa profonde conviction que le corps humain, tel qu'il le c...

Comment vérifier l’authenticité d’un enseignement

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Il y a environ cinquante ans, l'un des grands disciples de Luang Pu Mun enseignait à l'étranger. Un homme de la région vint le voir, impatient de lui parler des visions bénies qu'il avait eues en méditation du fondateur de sa religion. Lorsqu'il demanda à Luang Pu comment un bouddhiste interpréterait son expérience, il reçut cette réponse bienveillante : « Nous appelons cela des nimittas, qui apparaissent dans un esprit paisible. » Récemment, j'ai entendu parler d'un bouddhiste laïc qui prétend avoir une relation personnelle avec le Bouddha. Naturellement, il considère donc qu'étudier les textes est inutile. Sur la Voie du Milieu, il semble croire qu'il a éliminé l'intermédiaire. Durant les dernières semaines de sa vie, le Bouddha a donné des enseignements au Sangha pour les iader à se préparer pour l'avenir. Il a dit : « Vous entendrez peut-être un moine dire des paroles qu'il prétend avoir entendues directement de moi ; ou il dira les avoir...

La distinction entre mettā et bienveillance

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La distinction entre mettā et la bienveillance générale envers les autres réside dans sa nature inconditionnelle. La bienveillance peut être limitée par l’avidité, la colère, la vanité, les préjugés raciaux, culturels ou religieux. Elle peut diminuer et disparaître complètement lorsque les autres nous font du mal, nous font peur, causent de la souffrance ou constituent une menace pour ceux que nous aimons. Mettā est quelque chose de tout à fait différent. Pour souligner ce point, le Bouddha a donné un exemple mémorable : « Bhikhus, même si des bandits vous découpaient sauvagement membre par membre avec une scie à deux poignées, celui qui éprouverait de la haine à leur égard ne suivrait pas mon enseignement. Bhikhus, vous devez vous entraîner ainsi : « Notre esprit restera imperturbable et nous ne prononcerons aucune parole malveillante. Nous demeurerons remplis de compassion pour leur bien-être, avec un esprit de mettā, sans haine intérieure. Nous diffuserons un esprit rempli de mettā,...

Couper la souffrance à la racine

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  En tant qu'êtres humains, nous avons tendance à nous attacher aux choses comme étant « moi » ou « à moi ». Cela cause de la souffrance. Notre problème est que nous pouvons nous attacher à tout ce que nous expérimentons en le qualifiant de « moi » et de « à moi ». Bref, la vie n'est pas facile. Certains états mentaux rendent les choses plus difficiles qu'elles ne devraient l'être, tandis que d'autres peuvent réduire, voire éliminer complètement la difficulté. Bouddha : « En s'attardant sur la satisfaction que procurent des choses auxquelles on peut s'accrocher, la soif augmente. Avec la soif comme condition, l'attachement naît… Telle est l'origine de toute cette masse de souffrance. » « Si toutes les racines d'un grand arbre, celles qui descendent vers le bas et qui partent en travers, canalisent la sève vers le haut, nourri de cette sève, l'arbre peut vivre longtemps. » ...  « En s'attardant sur la souffrance inhérente aux choses auxque...

Le grand trésor sous nos pieds

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De nos jours, le terme « religion » est souvent employé comme s'il désignait une seule et même chose. La plupart des commentaires sur le sujet, qu'ils soient positifs ou négatifs, prennent pour exemple les religions monothéistes nées au Moyen-Orient. C'est comme si on prenait le football comme exemple pour tous les sports, y compris ceux qui n’utilisent pas de ballon. Le bouddhisme ne se définit pas par des dogmes. C'est une religion qui se concentre uniquement sur les deux questions majeures de la vie humaine : la souffrance et le bonheur. Elle affirme enseigner comment réduire et finalement éliminer la souffrance dans le cœur humain, et comment créer et cultiver le vrai bonheur. Ces affirmations ne sont pas destinées à être des objets de foi ; elles sont conçues pour être testées empiriquement. Mettre les enseignements à l'épreuve de l'expérience, c’est rendre hommage au Bouddha. Récemment, il est devenu très populaire chez les jeunes Thaïlandais urbains de tr...

Upāli Sutta

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  Une des caractéristiques du bouddhisme est qu'il ne reconnaît aucun mérite à essayer de convertir des personnes d'autres croyances. La noblesse de cette attitude peut se constater dans l'Upāli Sutta (MN 56). Upāli est un disciple laïc des Jaïns très connu, qui, suite à un débat avec le Bouddha, s'exclame : « C'est comme si le Bienheureux redressait ce qui est renversé, ou révélait ce qui est caché, ou indiquait le chemin à celui qui s'est perdu, ou tenait une lampe dans l'obscurité pour que ceux qui ont des yeux puissent voir... Je prends refuge auprès du Bouddha, du Dhamma et du Sangha. Dorénavant, que le Bouddha se souvienne de moi comme étant un disciple laïc qui a pris refuge pour la vie. » À sa grande surprise, le Bouddha lui dit de ne pas se précipiter. Upāli est une figure connue de la société. Avant de prendre une décision aussi radicale, il devrait y réfléchir à deux fois. Upāli dit : « Toute autre secte, apprenant que je me convertissais à leurs ...

Comment la destruction des souillures se produit-elle ?

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« Pour celui qui sait quoi, qui voit quoi, comment la destruction des souillures se produit-elle ? Telle est la forme, telle est son origine, telle est sa disparition ; telle est la sensation... telle est la perception, telles sont les formations volitives... telle est la conscience, telle est son origine, telle est sa disparition : c'est pour celui qui sait ainsi, qui voit ainsi, que la destruction des souillures a lieu. » (SN12.23) Dans ce sutta, le Bouddha décrit les causes immédiates ou les conditions vitales qui conduisent à la destruction des souillures. Je vais discuter ici d'une partie de la liste : « Je dis, bhikkhus, que la connaissance et la vision des choses telles qu'elles sont ont une cause immédiate ; elles ne manquent pas de cause immédiate. Et quelle est leur cause immédiate ? Vous devriez dire la concentration (samādhi). » Le Bouddha révèle que la cause immédiate du samādhi est la félicité (sukha) ; la cause immédiate de la félicité est la tranquillité (pa...

La tête n'est pas plus le 'moi' que la plante des pieds

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Une nuit, la semaine dernière, je me suis réveillé aux petites heures. J'ai regardé l'horloge, j'avais dormi un peu plus d'une heure. Soudain, j'ai compris pourquoi je m'étais réveillé. Un insecte s'était introduit dans mon oreille et battait des ailes, probablement pris de panique. J'ai allumé ma lampe de poche et l'ai dirigée vers mon oreille. Finalement, l'insecte fit la chose la plus spirituelle qui soit, il s'échappa vers la lumière. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait, et je savais quoi faire. J'espère qu'aucun d'entre vous qui lisez ces lignes n'a jamais eu à vivre l'expérience d'une petite créature en proie à une crise de panique dans votre tête. Cependant, en tant que méditant, cela peut avoir un côté bénéfique. La tête est le siège physique de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, du goût et, apparemment, de l'activité mentale. Notre sens du 'moi' est fortement lié à la ...

Les manifestations de respect

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Dans ma tradition, les moines manifestent leur respect pour leurs aînés en s’inclinant lorsqu'ils entrent ou quittent leur présence, en joignant les mains en anjali lorsqu'ils leur adressent la parole, en ne se tenant pas debout devant eux lorsque ces derniers sont assis, en marchant un demi-pas derrière eux lorsqu'ils marchent ensemble, etc. Il existe de nombreuses règles. Elles deviennent vite une seconde nature. En suivant ces conventions, un moine montre avant tout son respect envers le Vinaya. Les sentiments que le moine junior peut éprouver pour le moine aîné n'ont aucune importance. Il est généralement, mais pas toujours, préférable (sans que cela soit indispensable) que les moines aînés inspirent le respect sur le plan personnel. Si c’est le cas, leur rendre hommage peut être une expérience joyeuse. Mais considérer comme hypocrite le fait de rendre hommage à quelqu'un que l'on ne respecte pas vraiment sur le plan personnel reviendrait à se méprendre com...

Le respect

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Parmi tous les états mentaux qui contribuent à un esprit heureux et sain, il en est un qui est souvent négligé : le respect. Pourtant, avoir dans sa vie quelqu’un ou quelque chose qui inspire en soi un sentiment de respect est une grande bénédiction. Pour apprécier pleinement le respect, il est nécessaire de prendre le temps d’observer ce qu'il fait naître dans le cœur. Je m'y suis appliqué, et pour moi, c’est un sentiment d'une grande beauté. Je le chéris, et j’éprouve une profonde gratitude envers les personnes dont la manière de vivre l'éveille en moi. Une vie dépourvue de respect est une vie appauvrie et égocentrique. Une vie habitée par le respect est riche et ouverte. Lorsque nait un respect croissant pour le Bouddha, le Dhamma et le Sangha, ainsi qu’une joie à exprimer ce respect par le corps, la parole et l’esprit, alors on est véritablement engagé sur le chemin de l'éveil. Ajahn Jayasaro 13/05/25

Kilesas

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Il est surprenant de constater que le mot « kilesa », généralement traduit par « souillure » et qui désigne les états mentaux qui souillent, corrompent ou polluent l'esprit, est rarement utilisé par le Bouddha. Kilesa est un terme général privilégié par les commentaires. Le Bouddha, quant à lui, préférait regrouper les états mentaux polluants selon leur fonction spécifique. Par exemple, il expliquait la réalisation des quatre niveaux d'éveil en termes d'abandon progressif des dix samyojanas (entraves). Le commentaire propose également sa propre méthode pour classifier les kilesas. L'une est basée sur le niveau de manifestation. Le premier niveau de souillures comprend celles qui sont si grossières qu'elles se manifestent dans les actions et la parole. Au deuxième niveau se trouvent les souillures qui assaillent l'esprit, mais ne se révèlent pas dans les actions et la parole. Le niveau le plus subtil de souillures comprend celles qui sont latentes dans l'espr...

L’insouciance

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C'était l'été 1976. J'avais dix-huit ans et je travaillais comme brancardier pour une société d'ambulances privée à Téhéran. À l'arrière de notre véhicule se trouvaient deux cadavres dans des cercueils qui n'étaient pas sécurisés. Mon ami Mahmood, le patron de la société et le conducteur, finit notre joint et enclencha la sirène. Nous nous lançâmes alors dans une course effrénée hors de la ville, faisant du slalom entre les longues files de voitures, montant et descendant les trottoirs, tandis que les cercueils glissaient d'avant en arrière sur le plancher du véhicule. Nous riions tous les deux aux larmes. Nous étions tous deux, chacun à notre manière, de jeunes hommes malheureux. Maintenant, en repensant à cette escapade et à d'autres, je me souviens clairement du désir envahissant de faire des choses non pas en dépit de leur caractère répréhensible, mais précisément parce qu'elles l'étaient. Non pas en dépit de leur stupidité, mais parce qu...

La méditation en marchant

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Quand, dans sa jeunesse, Ajahn Chah pratiquait la méditation en marchant, il aimait marcher rapidement. Lorsqu’on lui en demandait la raison, il répondait : « Quand je marche vite, les souillures ne peuvent pas me rattraper. » Dans de nombreuses traditions de méditation, on enseigne à marcher lentement. Ici, l'esprit repousse les souillures en portant une attention minutieuse à la posture de la marche. Personnellement, j'ai toujours préféré un rythme similaire à celui de la marche normale, car je trouve que ça facilite l’intégration de la conscience de la méditation en marchant dans la vie quotidienne. La décision de marcher vite ou lentement peut dépendre de l'espace disponible. La marche rapide nécessite un long chemin, environ trente pas ; les changements de direction trop fréquents distraient l'esprit. Pour les méditants qui marchent dans une pièce ou un petit jardin, la marche lente est plus pratique. Lorsque les méditants se sentent somnolents, marcher à reculons ...

Vibhāva Tanhā

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  Quand la vie devient difficile, notre première réaction est de ne pas aimer ce qui se passe. Même dans des pays chauds comme la Thaïlande, des pensées s'enchaînent et font boule de neige. Des pensées telles que  : « Ce n'est vraiment pas le bon moment », « Pourquoi moi ? », « Pourquoi toujours moi ? », « Ce n'est pas juste », « Je n'en peux plus », « Je veux juste que tout cela disparaisse et que les choses redeviennent comme avant ». Et ainsi de suite. Si la boule de neige va dans le sens de « Je suis un nul, bon à rien », la situation devient rapidement très toxique. Vibhava tanhā, l'envie de ne pas être, de ne pas avoir, de ne pas devoir ressentir certaines choses, ne nous aide jamais à faire face aux expériences désagréables. Au contraire, cela rend les choses plus douloureuses, les fait durer plus longtemps et laisse des traces plus profondes. Sous son influence, nous pouvons agir et parler de manière imprudente, avec des conséquences à long terme. La patienc...

Qu’est-ce qui est vraiment important dans la vie ?

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  Le mérite (puñña) consiste en des actes du corps, de la parole et de l’esprit motivés par des états d'esprit sains. Dans le Maha Maṅgala Sutta, le Bouddha enseigne que c'est une bénédiction d'avoir acquis du mérite dans le passé. En d'autres termes, notre bien-être actuel est influencé par les bonnes actions que nous avons accomplies dans cette vie et dans nos vies antérieures. Afin de créer des bénédictions pour nous-mêmes dans le reste de notre vie présente et dans nos vies futures, les commentaires donnent une liste de dix actions méritoires :  1.⁠ ⁠Donner.  2.⁠ ⁠Avoir une conduite morale  3.⁠ ⁠Méditer  4.⁠ ⁠Respecter les personnes saintes et les aînés  5.⁠ ⁠Servir les autres  6.⁠ ⁠Partager le mérite  7.⁠ ⁠Se réjouir du mérite des autres.  8.⁠ ⁠Écouter le Dhamma  9.⁠ ⁠Enseigner le Dhamma 10.⁠ ⁠Rectifier ses vues Le dernier point est essentiel. Voici quelques réflexions pour vous aider à rectifier vos vues : Qu’est-ce qui est vraiment important dans la vie ? Qu’est-...

La Modération

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La pratique est progressive. Seul celui qui a maîtrisé ce qui est ordinaire peut vivre ce qui est profond dans toute sa profondeur. Il n’est pas seulement question de ce que l’on connait, mais également de la manière dont on mène sa vie pour développer la maturité nécessaire pour digérer la vérité profonde du Dhamma. Le Bouddha et le roi Pasenadi de Kosala avaient le même âge. Pendant des décennies, le Buddha avait partagé avec lui un large éventail d'enseignements. Un jour, le roi Pasenadi devenu obèse, s'approcha du Bouddha en haletant et en soufflant lourdement après avoir beaucoup trop mangé.  Voyant son état, le Bouddha récita ce verset : « Lorsqu'un homme est toujours attentif, Et fait preuve de modération quand il mange, Alors ses maux diminuent, Il vieillit lentement en prenant soin de sa vie. » SN 3.13 Le roi Pasenadi ordonna immédiatement à Sudassana, un jeune membre de son entourage, d'apprendre le verset par cœur et, à partir de ce jour, de le lui réciter pe...

Le bouclier de la pleine conscience

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  Un homme avide et un homme envieux se présentent devant l’Empereur pour recevoir une récompense pour services rendus. L’Empereur leur propose d’exaucer à chacun un souhait, mais en précisant que l’autre recevra le double de ce que le premier aura demandé. Par exemple, si M. Avidité demande mille lingots d’or, il les obtiendra, mais M. Envie, lui, en recevra deux mille. Aucun des deux ne veut se prononcer en premier. M. Envie ne peut supporter l’idée que M. Avidité reçoive deux fois plus que lui, et M. Avidité, de son côté, ne peut tolérer de ne pas obtenir la totalité de ce qu'il y a. Finalement, M. Envie se laisse convaincre. Il demande à l’Empereur de lui arracher un œil. M. Avidité et M. Envie sont des hommes intelligents. Mais l’Empereur sait que les hommes intelligents sont aisément manipulables… pour peu que l’on sache activer les bons ressorts. Il tenta un jour le même stratagème avec deux hommes d’affaires bouddhistes. Ce fut peine perdue. Ceux-ci se réjouirent simplement...

La peur de la mort

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On estime qu'environ 110 milliards de personnes sont mortes sur cette planète. Près de 8 milliards d'autres sont dans la salle d'attente. La mort est inévitable. Elle viendra pour moi et pour vous. Elle viendra pour tous ceux que nous connaissons sans exception. Elle viendra pour ceux que nous aimons et que nous apprécions. Elle viendra aussi pour ceux que nous haïssons ou que nous n'aimons pas et pour tous ceux qui nous sont indifférents. La mort est certaine, mais le moment où nous mourrons reste incertain. Nous reste-t-il des années, des mois, des jours, des heures, des minutes ou des secondes ? Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude. Comment mourrons-nous ? Rapidement ou lentement, douloureusement ou non, seul ou avec d’autres ? Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude. Où mourrons-nous ? À l'hôpital, à la maison, sur la route, en montagne, dans une ville ou une forêt ? Nous ne le savons pas. Réfléchir à ces vérités sans sagesse peut conduire à la dépr...

Utilisez votre temps judicieusement

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  Le Bouddha a parlé de deux causes immédiates à l'émergence du Chemin Octuple : des conditions extérieures propices et une attention judicieuse. Les conditions extérieures favorables, en particulier les kalyāṇamittas ou bons amis, sont des causes nécessaires mais insuffisantes. Un jour, Ajahn Chah fit remarquer que, si vivre dans une forêt paisible au milieu du Sangha était suffisant, tous les écureuils seraient éveillés. Une autre fois, après le repas quotidien, il rappela aux moines que les huttes isolées dans lesquelles ils vivaient constituaient un excellent environnement pour méditer, mais aussi un lieu idéal pour une sieste paisible. “Utilisez votre temps judicieusement" était son refrain constant. Ce à quoi vous choisissez de porter attention et la manière dont vous y portez attention sont les meilleurs indicateurs de vos véritables valeurs et attentes. Ce à quoi vous choisissez de porter attention et la manière dont vous y portez attention sont ce qui crée votre réali...

Nociception

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  Hier, j'ai appris un nouveau mot : nociception. Il s'agit du processus neuronal d'encodage et de traitement de stimuli thermiques, mécaniques ou chimiques qui endommagent ou menacent d'endommager des tissus normaux. La nociception est ce qui nous permet de détecter et d'éviter les phénomènes susceptibles d'endommager les tissus. La nociception n'est pas la douleur. Cette distinction est aujourd'hui généralement acceptée (voir la définition de la douleur de l'IASP). L'expérience de la douleur n'est pas uniquement le résultat d'une pathologie. Elle est également conditionnée par des éléments émotionnels, cognitifs, sociaux et culturels. Les émotions négatives telles que l'anxiété, la dépression, la peur et la frustration amplifient la sensation subjective de douleur. Elles peuvent également provoquer des changements physiologiques, par exemple en libérant de l'adrénaline et du cortisol qui aggravent l'inconfort physique. Une b...

Louanges et critiques

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Je me souviens qu’Ajahn Chah louait souvent un moine en particulier. Cela me mettait mal à l'aise : "Comment Luang Por ne remarque-t-il pas ses défauts, alors que je les vois si clairement ?" En même temps, un moine que j'admirais était parfois traité assez brusquement par Ajahn Chah. Un moine aîné m'expliqua qu'Ajahn Chah considérait les éloges et les critiques comme des remèdes. Il louait ceux qui progressaient grâce aux éloges et critiquait ceux que les critiques faisaient avancer. Si on peut assimiler les éloges à un traitement, ils sont plutôt comme des rayons. La radiothérapie, si elle n'est pas ciblée avec précision, détruit les cellules saines en même temps que les cellules malignes. (Exemples : "Tu es si intelligente", "Tu es si beau"). Les meilleures louanges sont souvent des observations qui affirment des valeurs partagées : “Tu as gardé ton calme alors que tout le monde paniquait”. “Tes arguments étaient clairs, bien structu...

L' expérience des sens sur Mars

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  En tant que pratiquants bouddhistes, nous observons la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, la pensée, le ressenti et la perception en temps réel. Lorsque nous le faisons systématiquement, des changements se produisent. Certaines idées que nous avons sur nous-mêmes et le monde commencent à s'estomper, tandis que d'autres se renforcent. La Vue Juste remplace la Vue Erronée. La plupart d’entre nous n’iront jamais sur Mars. Nous n’irons peut-être nulle part de beaucoup plus excitant que l’endroit où nous vivons actuellement. Qu'à cela ne tienne. Réfléchissez : quelle serait exactement l'expérience d'un voyage sur Mars ? Nous verrions des choses, nous entendrions des choses, nous sentirions des choses, nous goûterions des choses, nous toucherions des choses, nous penserions, nous ressentirions des émotions, nous percevrions des objets de perception. Quoi que vous fassiez, où que vous alliez — Mars ou Alpha du Centaure — il n'y a pas plus que ça. Vou...

Le trou noir de l'ignorance

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  La plupart du temps, la Terre semble solide et stable. En réalité, elle tourne sur elle-même à plus de 1500 kilomètres par heure, en même temps qu’elle orbite autour du soleil à 100 000 kilomètres par heure. Pendant ce temps, notre système solaire orbite autour du centre de la Voie Lactée à environ 800 000 kilomètres par heure. La Voie lactée elle-même se déplace dans l'espace par rapport aux autres galaxies à une vitesse approximative de deux millions de kilomètres par heure. Ici, sur Terre, il y a un tremblement de terre approximativement toutes les vingt-cinq minutes. Cependant, la plupart d’entre eux étant inférieurs à 3,0 sur l'échelle de Richter, nous en sommes rarement conscients. Nous disposons d'énormes quantités d'informations au bout des doigts. L'information peut être comparée à toutes les feuilles de la forêt. Nous n'en avons besoin que d'une poignée. Choisissez les informations qui vous aideront à progresser sur le chemin de la libération et ...

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